Publié le 25 Juin 2014

Plus qu'un mois pour envoyer vos photos d'insectes.

Notre concours photo a été lancé le 1er juin.

Son règlement est disponible sur le blog, ainsi que le bordereau d’envoi.

Nous avons déjà reçu les premières photos, mais il n’est pas inutile de faire une piqûre de rappel et pour ce faire je vais utiliser quelques unes de mes photos "proxi". Personnellement, en tant qu’organisateur, je n’ai pas le droit de concourir, sinon croyez-moi bien, je l’aurais fait. Notez bien que cette interdiction ne concerne aucunement les adhérents à notre association. Mais ils n’auront pas de traitement de faveur : le jury ne connaîtra pas l’identité des candidats.

Mais tout d’abord je voudrais insister sur le fait que nous n’attendons pas que des photos d’amateurs éclairés, mais aussi celles de candidats de moins de 15 ans, en espérant que cela leur donnera l’envie de s’intéresser à ces petites bêtes qui peuplent notre environnement proche : un safari photo près de chez soi.

Et pour montrer que l’on peut faire des choses intéressantes, même sans grande expérience, même sans matériel de compétition, voici une photo faite par mon petit-fils de 10 ans, Alexandre, avec mon bridge Lumix. Lui non plus ne peut concourir étant de la famille d’un des organisateurs. Il enrage… C’était aux dernières vacances de Pâques au bord d’un étang entre Béziers et Narbonne. Je faisais des photos avec un autre appareil. Il m’a demandé de lui prêter le Lumix et il est revenu avec cette belle prise. J’ai été époustouflé, j’avoue.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Ce papillon est un échiquier ibérique (Melanargia lachesis), qu’on pourrait confondre avec un demi-deuil (Melanargia galathea), mais sa couleur ocre et le lieu où la photo a été prise confirment l’espèce. C’est un papillon de France, il aurait été recevable.

En ballade, dans son jardin, en observant bien les herbes ou les fleurs, on a quelquefois de jolies rencontres. En voici quelques unes faites dans mon jardin. J’ai déjà eu l’occasion de les présenter sur ma page Facebook personnelle.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Le ballet de quatre syrphes, probablement de l'espèce Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus), sur une simple rose du jardin. Merci à ces gracieux diptères butineurs.
C'est vrai, il n'y a pas que les abeilles pour s'occuper des fleurs.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Toujours dans mon jardin, une autre jolie bestiole. C'est l’œdemère noble (Oedemera nobilis), un petit coléoptère de la famille des Oedemeridae, Ses fémurs postérieurs renflés nous disent que c'est un mâle, un vrai costaud. Ses larves sont xylophages, encore un qui aime les vieux bois dans nos forêts.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

La cétoine dorée (Cetonia aurata) cachée dans sa fleur préférée : une rose de mon jardin.
On l'ennuyait, elle a eu vite fait de s'envoler.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Dans les pois de senteur du jardin une belle butineuse : l'abeille xylophage ou charpentière (Xylocopa Violacea), un splendide hyménoptère de 30 mm qui revient fidèlement nous visiter.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Dans le pavot rouge, une petite sauterelle verte. Là j’ai du mal à donner le nom de l’espèce

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

En ballade à Gerberoy, la ville des roses, mais pas sur une rose, un joli diptère dont les couleurs s’accordent à merveille avec la fleur qui l’accueille. C’est une volucelle transparente (vollucella pellucens), un diptère (une mouche) de la famille des Syrphidae. Elle contribue à la pollinisation. Elle pond ses œufs dans les nids de guêpes et ses larves parasitent leurs larves.

Rappel : le concours photo « Insectes de France » de L’Agrion de l’Oise

Et la dernière est en lisière de forêt d’Halatte où j’ai déjà fait de bien jolies prises.

Cette photo a été faite avec mon vieux compact Nikon (Coolpix 11) : une belle punaise brune de la forêt (Coreus marginatus).

Bien sûr ce n’est pas de la « macro », mais notre concours n’est pas réservé aux super-spécialistes, tout le monde peut postuler.

Alors à vous de jouer. Grands et petits, n’hésitez pas à nous soumettre vos photos, quel que soit votre appareil, proxi ou macro, quelle que soit votre expérience.

Le jury sera certainement sensible à un peu d’imagination, un peu de sens artistique, voire un brin d’humour. Je connais quelqu’un qui a gagné un concours de photos de sport avec un cliché présentant des pantoufles, un programme télé et une canette…

Nous attendons vos photos. Vous avez jusqu’au 27 juillet minuit pour les envoyer selon les modalités du règlement à notre adresse mail

lagriondeloise@orange.fr

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 18 Juin 2014

Et si on parlait du doryphore ?

Le Doryphore "Porte-lance" est une statue du sculpteur grec Polyclète représentant un jeune guerrier porteur d’une lance. " Un bien bel homme" disent ces dames. Elle daterait de 440 av. J.C.

Mon fameux Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture de 1837 nous en dit plus dans l’article écrit par un certain Général Bardin, dont personne ne se souvient :

"Ce mot, qui était en usage dans la milice grecque, dérive des expressions doru, lance, et phérô, je porte. C’était la dénomination des soldats porte lance ou armés d’une demi-pique, comme le dit Procope. – il y avait des doryphores parmi les troupes formant la garde des souverains, comme il s’y voit des hallebardiers dans les temps modernes. – Quinte-Curce appelle doryphores des soldats perses qui composaient une division de quinze mille hommes ; c’était un corps célèbre par sa valeur, distingué par la richesse de son armement, et qui jouissait de nombreux privilèges. – Suivant Jabro, des doryphores portaient le manteau du roi de Perse en manière d’enseigne, et marchaient devant son char."

Rien sur un quelconque insecte. Le vieux Dictionnaire Larousse Universel en 2 volumes daté de 1922, que mon père avait dû acheter dans une vente aux enchères, en dit lui enfin quelque chose :

"Doryphora ou doryphore, n. m. Insecte coléoptère, originaire d’Amérique, qui ravage les plantations de pommes de terre. Le doryphore a causé de grands dégâts aux Etats-Unis."

Les fameuses planches des Editions Deyrolle, récemment rééditées, ne le présentent même pas aux écoliers de l’époque parmi les insectes nuisibles comme le thrips des céréales, le bostriche, la calandre des blés, le pyrale de la vigne, l’altise des potagers ou le saperde chagriné, j’en passe et des meilleurs.

Et oui, ce n’est qu’à la fin de la Première Guerre Mondiale que le Doryphore (Leptinotarsa decemlineata), ou Doryphore de la pomme de terre, originaire du Mexique où il vivait sur les solanacées sauvages, est apparu en France après être passé par les Etats-Unis. Cet insecte, de l'ordre des coléoptères et de la famille des chrysomélidés, a des élytres jaunes rayés de noir, un peu comme la livrée de Nestor, le serviteur du Capitaine Hadock à Moulinsart. Vous voyez ce que je veux dire ?

Alors pourquoi doryphore ? Cet insecte ravageur porterait-il une lance ? Wikipedia n’en sait rien. Son nom n’aurait donc absolument rien à voir avec Polyclète ou le roi des Perses. Un blog prétend cependant que sa poitrine serait armée d’une longue lance, d’où son nom, mais un contradicteur qui dit que les insectes n’ont pas de poitrine - pense que cela vient plutôt de ses rayures noires sur les élytres (le qualificatif decemlineata signifiant "10 lignes"). Je pense qu’il est dans le vrai.

Et si on parlait du doryphore ?

Le doryphore envahit les champs de patates et c’est pourquoi pendant la Guerre de 39-45, les Allemands ont été surnommés les "doryphores". Il paraitrait que dans certaines provinces (sans doute reculées), c’est ainsi qu’on traite encore aujourd’hui les touristes de toutes nationalités et même les parisiens.

Bon que dire de plus, à part qu’il boulotte les pommes de terre, sinon que nos parents ou nos grands-parents devaient pendant la dernière guerre aller dans les champs – sur ordre du Maréchal Pétain – pour les enlever à la main puis les brûler, ce qui était mieux que d’employer des insecticides, qu’ils n’avaient de toute façon pas suffisamment. Dans le village de Ronno (Rhône) les enfants des écoles ramassèrent en un mois 8000 larves et 97 insectes parfaits, encouragés par le maire qui paya chacun d’eux une prime de 2 centimes par larve ou insecte ramassé. C’est peut-être aussi la raison du surnom des Allemands. En enlevant les doryphores et leurs larves, nos papis faisaient de la résistance.

Et si on parlait du doryphore ?

Sa larve est de couleur orange avec des points noirs sur les flancs. On ne peut pas confondre la larve de doryphore avec celle de la coccinelle de couleur gris-noir avec de grandes taches jaune-orange, elle considérée comme utile comme chacun sait, faut-il le rappeler. D'accord là il manque la couleur, mais je n'ai pas vu de larve sur les pommes de terre du jardin, alors pas de photo...

Attention le doryphore se déplace pedibus jambus ou en volant et ce sur de grandes distances pour trouver les feuilles des tubercules qu’il affectionne. Ceci dit ce n’est pas à la nage ou en volant qu’il est venu des Etats-Unis, mais plutôt par bateau avec des pommes de terre importées. Les Européens, conscients du problème s’en étaient préoccupés dès la fin du XIXème siècle en interdisant l’importation de pommes de terre d’Outre-Atlantique, mais la bestiole a eu raison du blocus. Elle était signalée en Angleterre en 1901, en Allemagne avant 1914. En France, c’est en 1922 qu’elle apparaît en Gironde, vraisemblablement apportée avec des patates importées. Elle se répand lentement jusqu’en 1930, infectant 18 départements à partir du Bordelais. A partir de là, après l’offensive de 1931, l’expansion s’accélère à la faveur d’un climat chaud, le saillant de l’Ardèche est réduit et le Rhône franchit en plusieurs points. En 1936 l’est du pays est atteint. En 1942, 18 ans après Bordeaux, le Doryphore avait envahi la France. Il était même passé en Belgique et au Luxembourg et envahissait l’Allemagne. Juste retour des choses.

Et si on parlait du doryphore ?

Doryphore capturé dans mon jardin, sur les pommes de terre. Il n'y en avait pas d'autres. Quand on le prend en main, il fait le mort. Il ne s'est animé que dans le récipient où je l'ai emprisonné quelques temps. C'est un beau coléoptère, un peu plus grand qu'une coccinelle. Dommage qu'il soit le ravageur de nos chères tubercules.

Une étude de 1943 (Etude géographique sur le doryphore en France et principalement dans la région lyonnaise par Georges Castellan) relate cette invasion des doryphores à la manière d’un récit de guerre (c’est cette étude qui donne l’exemple de Ronno). Les agriculteurs ne sont pas toujours disciplinés et malgré la prime, l’arséniate est cher. Les services agricoles du département du Rhône décrivent en 1938 quelles sont les causes de ces négligences :

"1° Etat d’esprit de certains cultivateurs, jardiniers, etc. qui, pour une faible surface de pommes de terre, ne veulent pas se donner la peine d’opérer et contribuent à entretenir et propager l’épidémie. 2° Manque de soins pris pour les pulvérisations – 3° Parfois, refus de traiter à l’arséniate par crainte d’empoisonnement du gibier, des bestiaux, voire des hommes. Ces craintes sont vaines, mais entretenues dans les campagnes par les chasseurs qui colportent souvent des faits non contrôlés et par certains démarcheurs de produits non arsenicaux qui trouvent là un argument de première valeur commerciale, sinon scientifique".

Et si on parlait du doryphore ?

En 1941, une loi avait organisé la protection des végétaux (quarantaine, désinfection, interdiction de planter, destruction par le feu) et en cas de refus du propriétaire le traitement sera organisé par le Syndicat de défense aux frais de l’intéressé. Une deuxième loi la complète en organisant les Services extérieurs de la protection des végétaux assurant les opérations de police phytosanitaire et de contrôle prévues par la loi précédente. A cette époque la superficie en pommes de terre représentait 1,5 millions d’hectares et 75 millions de francs de chiffre d’affaire. Les dégâts se chiffraient en millions de francs avec 5% de la production affectée.

L’étude de 1941 concluait :

"Le paysan peut encore être renseigné d’une façon plus simple [que par les bulletins d’avertissements régionaux] en observant les plantes sauvages ; ainsi les insectes [les doryphores] sont sortis en grande majorité quand la fougère aigle déroule sa crosse, la ponte commence lorsque les grandes marguerites digitales sont en fleurs, l’évolution larvaire coïncide avec la floraison du châtaignier, etc. Le danger prévu est toujours moins redoutable.

Il subsiste tout de même et l’importance du problème n’est que trop évidente dans les circonstances actuelles où les questions de ravitaillement prennent une importance exceptionnelle. Or, aux dernières nouvelles la situation est grave. En 1940, la lutte a été pratiquement nulle, l’insecte a pu se multiplier à son gré : maintenant il pullule partout. Sans doute son évolution a été retardée par les pluies du mois de mai, mais le retour du beau temps va voir les grands vols printaniers, les pontes, l’invasion larvaire. La campagne s’annonce dure. On dispose cependant pour la mener à bien de textes législatifs fermes et nets, de services dont le rôle est bien défini, de stocks d’arséniate suffisants. Il faut le concours de toutes les bonnes volontés pour sauver le précieux tubercule, qui assurera notre subsistance, de son ennemi numéro 1 : le Doryphore."

Et si on parlait du doryphore ?

Après avoir lu cette étude qu’on pourrait croire métaphorique, voire codée, tant elle décrit comme en miroir l’invasion doryphorique, comment peut-on s’étonner que les Allemands aient été qualifiés à cette triste époque de Doryphores ?… Depuis nos amis d'Outre-Rhin ont mis pacifiquement en vedette la vaillante et tant aimée coccinelle... Das Auto.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 9 Juin 2014

Que disait-on des insectes nuisibles au temps des Années Folles ?

Aujourd'hui intéressons nous une peu à l'hygiène domestique.

Je suis tombé sur un ouvrage en deux volumes « Nouveau Dictionnaire de la Vie pratique » édité par la Librairie Hachette en 1923. Si on y recherche l’entrée « Insecte », on ne tombe que sur « Insectes nuisibles », ceci dit on y trouve aussi une belle planche en couleurs « Végétaux (amis et ennemis des) » et une autre en noir et blanc, mais c'est hors sujet aujourd'hui.

Voyons ce que l’on disait sur le sujet en 1923, il y a un peu plus de 90 ans, après la Grande Guerre, pendant les Années Folles à l’époque de l’Art Déco.

L'entrée "Insectes nuisibles" est classée dans « Economie Domestique ». Elle va donc intéresser essentiellement la maison et la famille. On y traite en 9 chapitres des Blattes ou Cafards, des Guêpes et Frelons, des Fourmis, des Mouches, des Mites, des Moustiques, des Puces, des Punaises et enfin des Poux. Ces bestioles nous turlupinent toujours et font généralement dans nos foyers aujourd’hui l’objet d’une lutte chimique sans merci. Mais avouons que ce n’est plus une préoccupation de tout instant.

Que disait-on des insectes nuisibles au temps des Années Folles ?

Je me contenterai ici de reprendre l’introduction générale aux chapitres thématiques consacrés à chacun de ces 9 fléaux.

« La propreté parfaite du corps, des vêtements et du logement est le meilleur moyen d’éloigner les insectes nuisibles. On combat chaque espèce avec les moyens que nous indiquons spécialement.

Lorsqu’on visite les pauvres dans les maisons mal tenues, avoir soin de changer des vêtements et de linge aussitôt qu’on rentre ; mettre les vêtements à l’air et les faire battre, plonger le linge dans l’eau chaude, prendre un bain. Ne pas introduire de meubles anciens dans un appartement sans qu’ils aient été soigneusement désinfectés, avec une solution de sublimé au 1000e ou par des vapeurs d’aldéhyde formique ou de soufre (ne jamais employer les vapeurs sulfureuses si le meuble est orné de cuivre ou d’ornements en métal). Le sublimé détériore aussi le cuivre : mais il est facile de ne pas toucher les cuivres avec le tampon, imprégné de sublimé.

Ne jamais autoriser les domestiques à placer dans leurs chambres des meubles – lits ou armoires – leur appartenant sans s’assurer que ces meubles sont indemnes de tout parasite. Pour se préserver des mites, brosser et battre les tentures et les vêtements, ôter les taches ; ranger avec le plus grand soin les vêtements d’hiver et les vêtements d’été suivant la saison et les procédés indiqués (voir MITES).

La poudre de pyrèthre est l ‘insecticide qui réussit le mieux ; on l’achète en flacon ou bien on le fabrique soi-même en pulvérisant dans un mortier les capitules de fleurs de pyrèthre ; conserver la poudre dans des flacons de verre à large goulot, bien bouchés (bouchon de liège, coiffé d’une capsule métallique), avoir un petit soufflet spécial qui permette de l’insuffler dans les trous des murs et des placards. »

Que disait-on des insectes nuisibles au temps des Années Folles ?

Arrêtons-nous là. Cela fleure bon sa bourgeoisie bien pensante qui se méfie des pauvres gens et des domestiques, tout autant que les insectes nuisibles. Apparemment l’un ne va pas sans l’autre. On se croirait sous l’Ancien Régime, ou avant la Guerre (de 14-18 bien sûr).

D’ailleurs la bourgeoisie a des préjugés tenaces, puisque même ce dictionnaire qui l’a comprend si bien nous dit à l’entrée « domestique » :

« Comment traiter les domestiques – Ne faites pas comme certains maîtres qui semblent oublier, en parlant à leurs domestiques, que ceux-ci méritent le respect comme tout être humain et sont capables des mêmes sentiments que les autres hommes ; ni comme ceux qui affectent de traiter leurs domestiques avec une familiarité ridicule. »

Une autre époque…

Que disait-on des insectes nuisibles au temps des Années Folles ?

Quelques informations techniques indispensables sur ces produits d’hygiène que l’on ne connaît plus aujourd’hui.

Le sublimé n’est pas défini dans ce dictionnaire. Cherchons dans Le Larousse Universel en deux volumes de 1922. « Le sublimé corrosif, ou simplement sublimé, est le bichlorure de mercure HgCl2,. Son antidote est le blanc d’œuf. C’est une substance âcre, caustique et très vénéneuse ; c’est aussi à doses faibles, un antiseptique puissant, très employé en solution de 1 p. 10000 à 1 p. 1000.

On employait le sublimé comme désinfectant, mais aussi dans le traitement des traverses de chemin de fer ou comme antisyphilitique avant l’avènement des antibiotiques… Les composés du mercure sont particulièrement toxiques avec des effets neurotoxiques. Aujourd’hui le Code du travail l’interdit aux titulaires d’un CDD ou aux mineurs.

Le sublimé doux est le calomel Hg2Cl2. On l’utilisait comme purgatif et il serait responsable de la mort d’Agnès Sorel.

Le pyrèthre semble être bien connu du lecteur de l'époque, puisqu’on ne le trouve pas au Dictionnaire de la Vie pratique entre le pyramidon et la pyrogravure… En fait le pyrèthre est une plante voisine du chrysanthème, dont certaines espèces fournissent à partir de leurs capitules une poudre insecticide.

Et n’oublier pas le petit soufflet…

N.B. les images d'hygiène sont tirées du Nouveau Dictionnaire de la Vie Pratique Hachette 1923, ouvrage "de famille", tandis que celles d'insectes nuisibles sont tirées du Larousse Agricole 1921, accessible sur le site de OPIE-Insectes,

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 3 Juin 2014

Une découverte archéologique sensationnelle à Pont-Sainte-Maxence à l’occasion des fouilles de sauvetage avant la construction de l’hypermarché Leclerc.

Avec Calopteryx le Gaulois, sauvegardons le mur gallo-romain de Pont-Sainte-Maxence

C’est un mur immense, construit parallèlement à ce qui fut une voie romaine, non loin de l’Oise où des quais antiques avaient déjà été mis à jour. Le mur de l’enceinte d’un vaste sanctuaire, datant du 2ème siècle, à la fin du règne d’Antonin, apogée de l’empire romain.

Un mur sans contreforts avec une série de 13 à 17 arcades de 70 m de long et de 10 m de haut, orné de sculptures remarquables aux canons de la sculpture grecque, tout un panthéon, la mythologie avec les dieux Vulcain, Jupiter, Hadès, des attributs de Junon et de Diane, bref une merveille unique, écroulée quelques décennies après son édification.

Sans compter une représentation exceptionnelle de Vénus accroupie évoquant un épisode de l’Odyssée d’Homère, où la déesse, honteuse d’avoir été surprise trompant son mari Vulcain avec Mars, métamorphose en rocher la jeune femme qui l’a vue.

Quel va être le devenir de ces vestiges prestigieux, incomparables ? D’abord les protéger des pillages, mais ensuite ? Les stocker dans une réserve en attendant de pouvoir les présenter, les mettre en valeur ? Oui sans doute.

Ces richesses ne doivent pas quitter notre département, ne doivent pas quitter Pont-Sainte-Maxence. C’est là qu’il faut au plus tôt les mettre en valeur pour que le public puisse en voir toute la splendeur.

Mais où ?

Assurément pas devant l’hypermarché, le temple moderne de la consommation.

Pas très loin, à moins de 1500 mètres, Pont-Sainte-Maxence possède une autre richesse, c’est le lieu où le projet d’insectarium que nous défendons doit être implanté pour être le point focal d’un site consacré à la nature et la biodiversité : le Domaine de Villette. Ce domaine a lui aussi une riche histoire.

Il a été propriété du Marquis Charles de Villette, le "marquis révolutionnaire", qui fit entrer le corps de Voltaire au Panthéon en 1791, temple choisi pour y honorer nos grands hommes. En novembre 1777 il avait épousé Reine Philiberte Rouph de Varicourt, "Belle et Bonne" la fille adoptive de Voltaire. Malheureusement Voltaire, mort en mai 1778 au domicile parisien du Marquis, n’y a pas mis les pieds et c’est bien dommage, car Pont-Sainte-Maxence aurait alors pu être le pendant d’Ermenonville avec Rousseau. En revanche, le cœur de Voltaire y a été un temps conservé. A chacun son parc et son philosophe. Qui plus est le château de Villette, que le père de Charles avait fait construire en 1761, avec des matériaux récupérés du château de Verneuil-en-Halatte, qui lui avait appartenu à Anne d’Este, puis à Henri IV qui y logeait sa maîtresse Henriette d’Entragues.

Avec Calopteryx le Gaulois, sauvegardons le mur gallo-romain de Pont-Sainte-Maxence

Aussi proposons-nous de reconstruire ce grandiose mur gallo-romain, d’une immense valeur patrimoniale, à l’entrée du Domaine de Villette, puisqu’on a déjà su y remettre en valeur des pierres "historiques", mais respectons l’intégrité du monument. Réédifié le long de l’allée donnant accès au cœur du Domaine et à l’Insectarium, il fera un magnifique effet, renforçant ainsi l’attrait de ce site à vocation touristique et culturelle.

Ainsi la diversité du Panthéon des dieux latins viendra se joindre à la biodiversité et à la splendeur du monde des insectes.

Après tout le scarabée n’a-t-il pas été vénéré par les Egyptiens en tant que Khepri, symbole du soleil et de la terre ? L’abeille vénérée par les Celtes et les Mayas, serait aussi assimilée à Déméter/Cérès. Virgile la chanta dans ses Géorgiques. Ovide dans ses Métamorphoses nous dit que ce sont des fourmis qui furent transformées en guerriers - les Myrmidons de mýrmex en grec « fourmi » - pour constituer l’armée d’Achille au siège de Troie. Mars est le dieu de la guerre, mais aussi celui qui protège les récoltes des ravages des insectes. Rappelons-nous le taon (Tabanus bovinus) envoyé par Héra/Junon, une fois de plus exaspérée par les frasques de son mari Zeus/Jupiter, pour piquer les flancs de Io, que le dieu des dieux avait transformée en génisse pour lui-même l’honorer sous la forme d’un taureau.

Et comme dans un insectarium les insectes font toujours une petite place aux arachnides, n’oublions pas Arachné la lydienne, fille d’Idmon, qu’Athéna/Minerve métamorphosa en araignée pendue à son fil pour tisser les aventures de Jupiter.

Quantité d’insectes portent des noms évoquant les dieux latins ou grecs. Si je ne devais en citer qu’un ce serait bien sûr l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), emblématique du Parc naturel Régional Oise Pays de France et que notre association honore en ayant choisi pour nom "L’Agrion de l’Oise". Mercure, le dieu du commerce, des voyages (donc du tourisme) et messager des autres dieux dans la mythologie romaine, l’Hermès des Grecs.

Mais il y a le Vulcain, l’Apollon, la Diane, l’Argus, le Silène, tous des papillons porteur d'un nom de dieux ou de demi-dieux, et encore l’Aurore, un autre lépidoptère, du nom de la divinité latine qui ouvrait les portes du ciel au char du soleil. Et dans un autre ordre la Lucilie impériale, une mouche.

Et les noms des insectes font tous penser à des noms de dieux, même s’ils n’ont rien à voir avec une quelconque mythologie : Ménorpe, Panorpe, Chrysope, Calopteryx (le Gaulois ?), …ou à des empereurs romains, comme le Pompile…

Avec Calopteryx le Gaulois, sauvegardons le mur gallo-romain de Pont-Sainte-Maxence

Chez les Grecs, c’est Aristote dans son Histoire des Animaux qui donne le nom d’Entoma aux articulés à l’exception des crustacés. Chez les Latins, ce sont Columelle dans De re rustica, Varron et Palladius, qui s’intéressent à l’apiculture et à l’entomologie agricole. Pline l’Ancien consacre tout un livre de sa compilation Naturalis historiae aux insectes. Et j’en passe…

Mais j’insiste : tous les insectes ne portent-ils pas des noms latins ? En vrac quelques uns juste pour se faire plaisir : Myrmeleon formicarius, Anax imperator, Melanargia galathea, Xylocopa violacea, Carabus hortensis, Locusta viridissima, Oryctes nasicornus… j’arrête car on compte près de 1 million d’espèces d’insectes, chacune portant un nom latin permettant à tous de l’identifier, quel que soit son nom vernaculaire dans une langue ou une autre.

Bref et il est temps pour moi de conclure en espérant avoir convaincu : la place de cet ensemble monumental gallo-romain ne peut être qu’à Pont-Sainte-Maxence, sur le site du Domaine de Villette, aux portes de l’Insectarium (tiens voilà encore du latin). Ainsi le règne d’Antonin rejoindra le Siècle des Lumières pour donner un prestigieux écrin à la biodiversité, dont notre 21ème siècle doit se préoccuper. Les dieux, qu’ils soient latins ou grecs, semblent l’avoir voulu ainsi en permettant aux archéologues la mise à jour d’une telle merveille.

En ces périodes de vaches maigres, on ne manquera sans doute pas de me faire remarquer qu’un peu de l’indispensable Pactole du royaume de Lydie serait bien nécessaire, mais quelque Mécène y pourvoira peut-être (Mécène, homme politique romain proche de l'empereur Auguste, ayant consacré sa fortune et son influence à promouvoir les arts et les lettres). Pourquoi pas un Imperator de la grande distribution, du tourisme ou du luxe ? Calopteryx le Gaulois, cousin d’Astérix, ne pourrait-il pas nous y aider ?

Voir les commentaires

Repost0