Bien sûr il faut veiller à la bonne santé de la ruche, « dont il faut écarter soigneusement les souris, les lézards, les crapauds, les araignées, les fourmis et tous les ennemis des abeilles ». La maladie la plus commune est alors la dysenterie que l’on guérit facilement « avec un sirop composé de jus de poire, de miel et de vin blanc, bouilli avec un peu de sel marin. »
Pas de frelon asiatique, pas de varroa, pas de néocotinoïdes. Ah ! La belle époque…
Positionnement de la ruche pour recevoir les rayons du soleil et se prémunir du vent du Nord, puis description des soins de Vendémiaire pour préparer l’hiver, précautions à prendre en Brumaire, Frimaire, Nivôse et Pluviôse, sortie des ruches en Ventôse et Germinal pour « leur donner quelques fumigations de propolis et de bouse de vache, pour prévenir les maladies qui font quelquefois de grands ravages au commencement du printemps . » En Floréal, l’essaimage et la capture de l’essaim si possible sur l’arbre le plus proche.
A la fin de Prairial, les ruches ont produit et il faut placer un nouveau chapiteau sur la ruche et l’abeille qui a été enfumée va reprendre son vol « sur les champs émaillés de fleurs, et à pomper dans leurs calices odorants, et la cire, et le miel. »
En Messidor on peut accoupler deux ruches. En Thermidor, il faut faire la guerre aux ennemis des abeilles « c’est dans ce mois qu’abondent guêpes, bourdons, abeilles pillardes, qui cherchent à vivre sans travailler, aux dépens des ruches ; il faut les détruire : le lâche, le paresseux, l’égoïste insouciant qui veut vivre sans concourir à faire vivre les autres, ne doit pas entrer dans le temple de l’industrie. »
En Fructidor, dernier mois de l’année au calendrier républicain, on pourra déplacer les ruches.
Et Vallée de conseiller la lecture des bons auteurs en commençant par Pline et Virgile pour finir par Paletau et Huber, en passant par Réaumur et Buffon. Et il y a même une dame :
« La Citoyenne Barras vient d’y ajouter encore, dans un mémoire fait avec ce goût qui caractérise le style d’un sexe aimable, dont les grâces, quand il écrit, semble toujours tailler la plume. »
Ce n’est pas l’épouse de Barras, qui vota la mort de Louis XVI et fut un des Directeurs sous le Directoire, … ? Celui-ci aimait les femmes belles et spirituelles, mais son épouse légitime épousée en 1791 n’aurait pas quitté Fox-Amphous en Provence. La Citoyenne Barras est – c’est le dictionnaire Fortunée Briquet de 1804 qui nous l’apprend - Marie-Thérèse Quiqueran Beaujeu, Dame Barras, née à Salon de Provence en 1753, également membre du Lycée des Arts. Vallée se référait à son Mémoire sur l'Éducation des Abeilles, qu'elle avait fait paraitre « chez J.-J. Fuchs, libraire, rue des Mathurins, au ci-devant hôtel de Cluny, et chez tous les Marchands de nouveautés. An VIII de la Rép. Fr. »
Le dictionnaire nous dit que « ce mémoire est absolument élémentaire. Il est écrit avec précision. On regrette seulement que le style n'en soit pas plus soigné. ». Notre aimable Vallée aurait-il été outrageusement flatteur vis-à-vis de la dame ?