Publié le 28 Août 2021
Fin juillet, je visitais un jardin remarquable dans le Luberon, celui du Château Val Joanis à Pertuis.
Une superbe végétation très mellifère y attirait de nombreux hyménoptères, surtout dans les grands gattiliers (Vitex agnus-castus) . Voici les plus remarquables que j’ai pu photographier.
L’abeille qui partout où je la retrouve est bien ma préférée, c’est le Xylocope violet, Xylocopa violacea, ou Abeille charpentière, de la famille des Apidae . Je l’ai photographié très souvent dans l’Oise. C’est la plus grande abeille sauvage d’Europe pouvant atteindre cinq centimètres d’envergure. Un bon gros pépère au vol sonore et totalement inoffensif : la femelle possède un dard mais n’est absolument pas agressive. Ils butinent principalement sur les Fabaceae (chez moi ils adorent les pois de senteur) et les Lamiacea (les orties, les lavandes par exemple). Avec sa couleur noire aux reflets bleu-violet métalliques, c‘est un régal de le voir évoluer dans la lumière surtout quand il se couvre de pollen. Quand ce gros insecte ne peut pénétrer dans la corolle d’une fleur, il la perce à la base pour accéder au nectar. Pour pondre ses œufs, la femelle fait des trous dans le bois. Sa population augmenterait grâce au réchauffement climatique.
A côté du ballet des Xylocopes, je note la présence d’abeilles noires et jaunes plus petites mais de belle taille qui s’avèrent être des Megachilidae. Je les identifie comme étant Anthidium florentinum. Le mâle est plus grand que la femelle. Ces abeilles sauvages arrachent des poils sur les plantes, en font des ballots qu’elles transportent sous leur corps pour garnir leur nid.
Mais voici une autre abeille, presque aussi grosse que Xylocopa violacea. C’est une EEE (espèce exotique envahissante), Megachile sculpturalis, une magnifique abeille originaire de l’est de l’Asie aujourd’hui également présente en Amérique du Nord depuis les années 90s et en Europe depuis 2008-2009.
Arrivée dans le sud-est de la France en 2008, elle a été observée à ce jour dans 44 de nos départements. Moi-même je l’ai également photographiée dans le Gers début juillet. Elle est présente dans 13 pays européens de la Crimée à l’est aux côtes atlantiques françaises à l’ouest. En 2020, selon l’Observatoire des Abeilles, sa position la plus au nord a été près de Reims dans la Marne. Elle aurait une préférence pour les arbustes d’origine asiatique (Sophora japonica et Ligustrum sp. en particulier). Elle a tendance à vider les nids d’autres espèces pour y installer ses propres larves. En effet elle ne fore pas de trous pour pondre mais utilise les trous d’autres hyménoptères entre autres ceux des Xylocopes. Les hôtels à abeilles sont des aubaines pour elle si les sections des trous dans des bûches ou des tiges végétales sont supérieures à 8 mm. De plus petits orifices limitent son installation. L’Observatoire estime que cette abeille sauvage pourrait avoir des impacts négatifs sur les abeilles indigènes, mais les données sont pour l’heure insuffisantes pour quantifier ces impacts sur les populations. Nous allons l’attendre dans l’Oise où elle ne saurait tarder.
Pour en savoir plus https://oabeilles.net/lassociation
et un article pdf paru dans Osmia Journal Hymenoptera
Un autre très grand hyménoptère photographié dans ce jardin est la Scolie des jardins ou Scolie à front jaune, Megascolia maculata. En anglais, on l’appelle mammoth wasp, la guêpe mammouth. Elle peut dépasser 4 cm de long et 10 cm d’envergure. C‘est incontestablement le plus gros hyménoptère d’Europe, mais ici ce n’est pas une espèce d'abeille sauvage comme les trois précédents hyménoptères, mais une espèce de guêpe (famille des Vespoidea).
Elle est tout à fait pacifique et n’attaque pas l’homme. Le dard de la femelle lui sert à paralyser les larves de scarabées rhinocéros pour y pondre un œuf. Un fois éclose, la larve de la Scolie dévorera celle du scarabée : le mammouth aura raison, du rhinocéros...
Bien sûr il y avait aussi des abeilles domestiques Apis mellifera, d'autres abeilles sauvages dont de nombreux bourdons.
Mais juste pour se faire plaisir et conclure cet article dans le même jardin des quantités de papillons ...
... ici un superbe Flambé et ...
...là son cousin le Machaon.
Superbe biodiversité botanique et entomologique dans ce lieu idyllique.