Publié le 26 Octobre 2014

Voilà ce que l’on peut lire dans un opuscule publié aux Pays-Bas, à Utrecht en 1791 « La Flore des Insectophiles précédée d’un discours sur l’utilité des Insectes et de l’étude de l’Insectologie… » écrit par Jacques Brez, un pasteur vaudois, par ailleurs auteur d’une « Histoire des Vaudois ». J’aurais peut-être l’occasion de revenir sur cette Flore des Insectophiles pour d’autres thématiques.

Aujourd’hui je ne retiendrais que le passage intitulé « Les Insectes auraient pu nous apprendre plusieurs arts utiles » :

« Enfin, car il est temps de nous arrêter, l’étude des insectes aurait pu seule nous apprendre plusieurs arts utiles. Les Guêpes faisaient leurs nids d’une sorte de papier, avant même qu’on eu pensé à avoir des papeteries. On apprend avec plaisir, que l’art est parvenu de nos jours à imiter assez bien ces ouvrages de la Nature. On trouve en Amérique des Guêpes, auxquelles on a donné le nom de cartonnières, dont le nid est composé de plus beau carton, qui est d’une blancheur et d’un poli, que nos ouvriers ne surent jamais donner à leurs cartons. »

Je vous renvoie à mon précédent article « Nos amies les Guêpes » pour en savoir plus.

Après un produit : le carton, Jacques Brez va nous parler d’un outil :

« Les mouches à scie sciaient les branches de rosier, longtemps avant que nous eussions l’instrument, dont elles ont pris leur nom. Et cet instrument que nous possédons et qui nous est d’une si grande utilité, ne réunit pas à beaucoup près autant d’avantages que celui de la mouche. Il ne fait pour nous que les fonctions d’une scie, au lieu que celui de la mouche fait en même temps les fonctions d’une scie, d’une râpe et d’une lime. Ne pourrions-nous pas perfectionner notre instrument, en étudiant sérieusement le mécanisme de celui de la mouche ? »

Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des  Arts et des Métiers Diderot et d’Alembert

Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers Diderot et d’Alembert

Voici une mouche à scie, prise cet été le long de l'Azergues (dans le département du Rhône). C'est un insecte de l'ordre des hyménoptères, du sous-ordre des symphytes ou tenthrèdes, de la super-famille de tenthrendinidae. Les femelles possèdent un ovipositeur en forme de scie qui leur permet d'insérer leurs œufs dans les tissus des plantes dont se nourrissent les larves.

Sésie (Chamaesphecia sp) ©RogerPuff

Sésie (Chamaesphecia sp) ©RogerPuff

Remarquez le mimétisme avec les guêpes, mais il n'y a pas la "taille de guêpe". L'animal ne pique pas. Ce n'est pas une tenthrède mais un papillon, une Sésie (Chamaesphecia sp), peut-être la Sésie tenthrède (Chamaesphecia tenthrediniformis) qui mime une espèce de tenthrède. Les tenthredinidae sont phytophages. Leurs larves, appelée "fausses chenilles" car elles ne donnent pas de papillons, peuvent faire des ravages dans la végétation.

Autre outil, la pompe (image tirée de l'Encyclopédie Diderot et d'Alembert):

« Les papillons pompaient les liqueurs mielleuses des fleurs, les Cousins, la mouche commune, les punaises, suçaient le sang qui coule de nos veines, etc. longtemps avant que nous connussions les pompes aspirantes ; et quelle différence entre le nombre et la variété des fonctions auxquelles ces pompes naturelles sont propres, et celui de nos pompes, même les plus parfaites ! »

Tristan ©RogerPuff

Tristan ©RogerPuff

Et à présent, la tarière (gravure d'Albrecht Durer) ou la perceuse :

« Nous ne connaissions, sans doute, pas encore les instruments avec lesquels nous perçons le bois et le matières plus dures encore, lorsque l’Abeille perce-bois perçait et creusait déjà de la manière la plus simple de vieux troncs d’arbres, lorsque les Ichneumons introduisaient déjà leur aiguillon à travers la paroi des nids de guêpes des murailles, formés d’une matière très dure, pour y déposer leurs œufs et y faire croitre les larves qui doivent en sortir, aux dépens de l’habitante naturelle du nid. »

abeille xylophage ©RogerPuff

abeille xylophage ©RogerPuff

Et voilà l’art de bâtir :

« Nous étions à coup sûr peu avancés dans l’art de la Maçonnerie, lorsque les fameux Termites, de la grosseur de nos fourmis des bois, bâtissaient, en Afrique et en Asie, des nids de la hauteur de quinze à seize pieds, sur lesquels la pioche n‘a presque aucune prise ; et qu’ils bâtissaient, toute proportion gardée, en beaucoup moins de temps que nos ouvriers les plus habiles ne l’auraient fait. »

Voyage au Cap de Bonne-Espérance et autour du monde avec le Capitaine Cook, et principalement dans le pays des Hottentots et des Caffres] / [Non identifié] ; George Forster, André Sparrman, aut. du texte

Voyage au Cap de Bonne-Espérance et autour du monde avec le Capitaine Cook, et principalement dans le pays des Hottentots et des Caffres] / [Non identifié] ; George Forster, André Sparrman, aut. du texte

Jacques Brez termine son chapitre sur des considérations à connotation religieuse sur l’importance de l’Insectologie, qu’il place manifestement avant les autres domaines des sciences du vivant.

« Que conclurons nous de tout ce que nous avons avancés dans ce discours , -- que l’Insectologie mérite au moins autant de nous occuper que tout autre science ; qu’étant plus propre qu’aucune autre partie de l’histoire naturelle, à nous donner à chaque instant les preuves les plus éclatantes de la Sagesse, de la Bonté, de l’Intelligence sans bornes du CREATEUR de l’univers, elle mérite d’autant plus d’être l’objet de nos loisirs et de nos méditations. Mais lorsque je nomme l’Insectologie, j’entends par là la vraie science des insectes, telle qu’elle a été traitée par un SWAMMERDAM, par un REAUMUR, par un BONNET. Je ne parle nullement de la science de nos Insectologues les plus modernes, qui ne consiste guère que dans la connaissance des noms classifiques, génériques et spécifiques des insectes ; cette étude, si tant qu’on puisse lui en donner le nom, n’étant pas, suivant moi, digne d’un bon esprit, d’un homme raisonnable, elle ne mérite pas qu’on la mettre en ligne de compte. »

Mais ce faisant il oppose les classificateurs, qu’il rejette, aux observateurs. Ces derniers sont les précurseurs de l'éthologie, l'étude du comportement des diverses espèces animales, branche de la biologie animale remontant au 17ème siècle, mais dont la dénomination n’apparaitra qu’en 1854 sous la plume du naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861). Les Français Réaumur (1683-1757) et plus tard Jean-Henri Fabre (1823-1915) en sont les représentants les plus connus pour ce qui concerne l’entomologie. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces entomologistes, ainsi que sur le néerlandais Jan Swammerdam (1637-1680), qui étudia la métamorphose des insectes grâce au microscope, et le suisse Charles Bonnet (1720-1793), à qui on doit la description de la parthénogenèse chez le puceron.

Si en 1790, on constatait que les insectes auraient pu inspirer les inventeurs, aujourd’hui on pense que l’on doit s’inspirer de la nature pour découvrir de nouveaux procédés, de nouveaux matériaux, de nouvelles molécules. Les anglophones parlent de biomimicry.

Le site de l’Association Biomimicry Europa annonce comme phrase-vocation « Promouvoir le biomimétisme : quand la nature inspire la durabilité » et précise :

« Le biomimétisme, défini par Janine Benyus[i] en 1997, est une démarche d’innovation, qui fait appel au transfert et à l’adaptation des principes et stratégies élaborés par les organismes vivants et les écosystèmes, afin de produire des biens et des services de manière durable, et rendre les sociétés humaines compatibles avec la biosphère. »

C’est le but que se fixe le CEEBIOS (Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis), qui se veut un centre de développement économique et scientifique s’inspirant du vivant.

[i] Biomimicry : Innovation Inspired by Nature by Janine M. Benyus, Sept. 1, 1997, (ISBN 0060533226) ou en français Biomimétisme : Quand la nature inspire des innovations durables Janine M. Benyus, Rue de l'échiquier, mai 2011.

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Publié le 20 Octobre 2014

L’Agrion de l'Oise était présent du 16 au 19 octobre au Centre Pierre Guillaumat de l’Université de Technologie de Compiègne à l’occasion de la Fête de la Science.

Lumières d'insectes

Il exposait des travaux de design industriels des étudiants (2ème bac de design industriel) du Pr Hilke Vervaeke de l’Ecole Supérieure des Arts de l’Institut Saint-Luc à Liège. Il s’agissait de luminaires bio-inspirés par l’anatomie des insectes, qui avaient été présentés pour la première fois en mai dernier à Agro-Bio Tech à Gembloux dans le cadre d’Insectopolis, le Festival de l’Insecte.

Lumières d'insectes

L’exposition des luminaires, complétée par les macro-photographies d’insectes d’un de nos adhérents, Jean-Pierre Bertrand, a remporté un grand succès auprès du public de scolaires (plus de 2500 écoliers et collégiens les jeudi et vendredi) ainsi que du public familial du week-end (plus de 1200 visiteurs).

Si les lampes avaient été à vendre, nul doute que nous aurions fait un excellent chiffre d’affaires. Souhaitons aux étudiants de rencontrer bientôt les industriels qui les fabriqueront et les commercialiseront.

Occasion pour l’Agrion de l’Oise de marquer sa présence dans l’Oise, au sein du milieu scientifique, et de faire connaître le projet d’insectarium et le monde des insectes par le biais du design, point de rencontre entre l’entomologie, l’art et la technologie.

Lumières d'insectes

Si pour certaines lampes le rapport entre l’objet et l’insecte pouvait assez facilement être mis en évidence, comme par exemple l’applique « ailes de libellule » de Julien Colson ou la lampe de chevet « pattes de sauterelle » de Guillaume Humblet, il n’en allait pas de même pour les autres.

Lumières d'insectes

Les étudiants sont allés chercher chez l’insecte le détail quelquefois infime qui allait permettre la réalisation d’un luminaire beau et fonctionnel, comme pour le lucane (cerf-volant) dont le dessin de la mandibule motivait Marie Gardier pour une boule de lumière, tandis qu’un segment de patte inspirait Jacques Ernotte pour une lampe à poser.

Lumières d'insectes

La structure du corps de l’insecte « une tête, un thorax, un abdomen » donna sans doute à Alexandre Weymiens l’idée de sa lampe éclatée en trois éléments, mais à n’en pas douter les couleurs chatoyantes des élytres d’un coléoptère, chrysolina fastuosa se retrouvent bien dans les tons chauds des coques de bois que les LEDs éclairent.

Lumières d'insectes

N’oublions pas la corne en fine céramique du dynaste hercule de Fabien Principe,

Lumières d'insectes

Ni l’abdomen de la mante religieuse de Céline Louesse, et la belle et grande lampe inspirée par le bien modeste lépisme argenté de Florent Charlier.

Nous comptons présenter d'ici février 2015 cette magnifique collection de luminaires dans d’autres localités de l’Oise. Leur lumière va éclairer un bout du chemin qui reste à suivre jusqu’à l’ouverture de l’insectarium, que nous espérons pour 2017.

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Publié le 14 Octobre 2014

A ne pas manquer.

Bioinspiration, biomimétisme...

L'Agrion de l'Oise sera présent du 16 au 19 octobre au Village des Sciences à l'Université de technologie de Compiègne à l'occasion de la Fête de la Science.

Il y présente des luminaires inspirés par l'anatomie des insectes réalisés par les étudiants en design de l'Institut Saint-Luc de Liège.

Les insectes illuminent le Village des Sciences à l'UTC

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Publié le 11 Octobre 2014

N.d.R. :Et voilà la suite du récit de notre ami Philippe, mêcheur à la pouche

Rappel : la notonecte (greater water boatman en GB ; water boatman ou backswimmer aux US ou en Colombie britannique - abeille d’eau (en France) peut atteindre 20 mm. Elle possède un rostre bicanalé lui permettant d’absorber la chair de ses proies. Elle est carnivore en effet et mange des agrions (entre autres bien sûr).

Au Canada, les agrions font partie des "Damsels" du français « demoiselle ». Je n'ai pas de vidéo montrant une notonecte en train de manger un agrion. A la place je vais vous montrer un autre animal en train de manger des Damsels … en détresse et en Nouvelle-Zélande.

Vous avez ouvert le lien ?

Quel spectacle n'est-ce pas ? De la poésie pure malgré la violence. Notez que beaucoup en réchappent. J'ai estimé la taille de ces truites, je pense qu'elles atteignent 80 cm ! Peut-être 5 kg!

Bon, continuons. La notonecte a des facultés de vision exceptionnelles : ses yeux peuvent voir au-dessus, dans le film et en dessous. Je vous laisse aller y voir de plus près (c'est compliqué, Essilor a étudié le truc) pour me concentrer sur ce qui m'intéresse et qui peut être pourrait aussi vous intéresser…

Vers fin septembre, le water boatman quitte l’aval où son habitat s'assèche pour aller chercher de l'eau en amont, comme dans notre Big OK Lake qui est à 1500 m d’altitude. Il fait déjà froid à cette altitude. Nous y avons campé dans la neige et la température est tombée jusqu'à - 5°C. Cette migration n'a pas lieu qu’en raison du manque d'eau, il semble que les water boatmen bougent aussi pour se reproduire.

Ces animaux volent très bien (mais ils marchent mal…on peut imaginer pourquoi, avec de telles pattes, un cul par-dessus tête est courant..!). Ils se laissent tomber comme des grêlons, coincent une bulle au passage, et, vont s'installer dans des algues avec leur bulle. De temps en temps, ils viennent changer leur bulle.

Le water boatman est aussi appelé backswimmer c'est parce qu'il nage sur le dos avec sa bulle coincée sur le ventre. C'est ça, ce que veut dire le mot notonecte du grec nage et dos.

mouche simulant la notonecte

mouche simulant la notonecte

Toutes nos mouches ont une fausse bulle, voire une trainée de bulles synthétiques. Quand vous regardez dans votre verre de champagne, ne concluez pas qu'il y a des notonectes dedans ; parce que vous disposez d'un indice qui permet d'écarter cette hypothèse : la trainée de bulles n'est pas verticale chez les notonectes.

La période la plus dangereuse pour eux, c'est depuis le "ploc" jusqu'à l'algue protectrice. Ils sont à découvert et les truites ont faim à ce moment-là de l'année, parce qu'il faut bien manger avant que le gel ne vienne couvrir le lac… dans un mois à peine. Les water boatmen descendent par une nage saccadée vers le fond et c'est cette action que nous cherchons à imiter.

Quand un évènement comme celui-là se produit, c'est le bal dans le lac. C'est la joie du mêcheur à la pouche.

On vise les gobages, on met un bas de ligne plongeant doucement, on effectue des tirettes de 10 cm, posé, tirettes, posé…et paf. Si on serre trop la ligne au moment de la tirette ou si on ferre trop fort, on casse.

J'ai dit plus haut que Bryce était un pêcheur redoutable…mais pas trop, pourquoi pas trop ? En effet, au Canada, il est illégal de pêcher avec des hameçons dotés de barbillons. Il faut les casser.

"barbless" sans barbillon

"barbless" sans barbillon

Ainsi, il devient très facile de décrocher les poissons. De plus, nous relâchons toutes ces truites, sans exception. On a le droit à une par jour, mais on n'y a jamais goûté. D'après Glenn, les poissons ne souffrent pas comme les mammifères. Ils seraient extrêmement sensibles aux moindres pressions, mais il n'y aurait pas de douleur ? J'espère que c'est vrai. Quand on voit les pauvres saumons après avoir frayé … avant de mourir, on dirait des fantômes, ils nagent à peine, ils sont blanc délavé, les yeux ont été mangés. S’ils souffrent, c'est que la nature est trop impitoyable.

Donc on est des pêcheurs redoutables, mais pas trop, "catch and release", on prélève un peu en mer, jamais en rivière et lac. Sans barbillon le poisson a sa chance. Si on lui laisse du mou, c'en est fait.

le mêcheur à la pouche sur son pontoon boat

le mêcheur à la pouche sur son pontoon boat

On est donc sur notre pontoon boat, les palmes dans l'eau. On a lancé sur un gobage, on a fait plein de tirettes… donc, il y plein de ligne entassée sur le tablier… en tas … peut être en perruque… Touche… Ferre… ça y est; peut-être 20 pouces…50 cm….5 Lbs. Bryce en a pris de 26". 65 cm !

Saumons coho à la ferme d'élevage

Saumons coho à la ferme d'élevage

On tient la ligne dans la main gauche. On met la gaule à la verticale bras tendu et on commence à palmer comme un fou pour garder de la tension. En effet, ce n'est pas facile de contrôler la ligne quand on n’est pas en prise sur le moulinet. Il faut, justement, arriver sur le moulinet et pour cela rembobiner la ligne qui est sur le tablier en perruque potentielle. Si le poisson avale la ligne libre c'est facile… mais c'est rare. Souvent le poisson se bat sur place ou il fonce sur vous. Alors on fait comme on peut, on ramène brassée par brassée sur la future perruque. Si le poisson ne bouge pas, on maintient la tension et on essaye de rembobiner "par le dessous de la ligne" ; faire un nœud est courant. Si le poisson part, que va-t-il se passer avec le nœud ?

Ce qu'on aime, c'est quand le poisson saute. C'est majestueux. Souvent c'est à ce moment-là qu'il se libère. On est content pour lui. C'est ceux-là qui s'inscrivent plus durablement dans nos rêves. Ils sont plus gros pour toujours "tels qu'en eux même enfin l'éternité les change".

Les plus combatifs avalent toute la soie et vont sur le backing (une réserve de fil résistant non pesant de 100 / 200 m). On est maintenant sur le moulinet. il n'y a plus qu'à… Quand le poisson arrive près du pontoon, il prend peur et fait tout un cirque. L'épuisette est souvent trop petite ! Je vous laisse imaginer la suite. On décroche, on mesure ou pas, photo ou pas et hop à l'eau. Le poisson n'a pas de mémoire, il peut se faire reprendre rapidement.

Démonstration

Démonstration

En septembre, en particulier, il ne faut pas jouer longtemps. Le poisson perdrait de l'énergie pour l'hiver et il y aurait des "casualités" (NdR : de l’anglais « des pertes »). On reste donc ferme quitte à casser. Là dessus, un mot.

Si le poisson part avec l'hameçon, ce n'est pas grave. En général, il va s'en débarrasser. Un processus rapide de corrosion va finir par couper l'hameçon (pas d'inox). Si l'hameçon ne se décroche pas, on est tout simplement dans la situation du piercing. Le poisson peut même arborer fièrement son piercing …

Un jour, on peut être désespéré, on ne voit pas un poisson sauter ou faire des ronds ou ceci ou cela. Et puis tout d'un coup, il y a une éclosion d’insectes et on n’en revient pas du nombre de truites qui font leur apparition.

Ephéméroptère : ce n’est pas une mouche artificielle © Nordelch Creative Commons

Ephéméroptère : ce n’est pas une mouche artificielle © Nordelch Creative Commons

Si on a une May fly hatch, une éclosion d'éphémères (la « manne » au Québec)… Le problème est de s'assurer que la truite choisisse votre pouche artificielle au lieu de l'une ou l'autre des vraies… Quand un évènement comme celui-là se produit, les truites "marsouinent" … Un spectacle.

Quand il y a une grêle de water boatmen, c'est le même genre d'évènement. Mais ça ne marsouine pas, ça attaque franchement, il n'y a pas besoin de faire de posé en douceur, au contraire, la truite entend le ploc de l'insecte et fonce dessus. D'après mes amis, après un jour ou deux, les truites ne réagissent plus au water boatman. On dirait qu'elles en sont écœurées. J'ai une théorie là dessus. Je vais y venir.

J’utilise en Colombie britannique des water boatmen artificielles plus petites que celles avec trainée de bulles, munie d’une bille en tungstène pour qu'elles coulent bien. Pas mal de mes prises se sont fait leurrer avec cette mouche, acceptable toute l'année.

C’est ce qui me fait revenir au lesser water boatman, le Micronecta scholtzi. Très différent en fait de la notonecte : il ne nage pas sur le dos, il est végétarien, il ne migre pas, et surtout il est nettement plus petit (environ 2 mm). Plus petit que ma mouche artificielle. Et européen en plus.

Un autre type de mouche imitant semble-t-il le trichoptère, un insecte aquatique (caddisfly en anglais)

Un autre type de mouche imitant semble-t-il le trichoptère, un insecte aquatique (caddisfly en anglais)

Au fond, le Micronecta scholtzi ne serait pas très intéressant s’il n'avait pas un talent absolument remarquable : il fait un vacarme assourdissant avec sa b…, pardon son pénis. Je dis bien avec son pénis. Micronecta scholtzi est aussi appelé the singing penis. Charmant, n'est-ce pas? Ce phénomène a été très étudié tant il est impressionnant. Le bruit monte à 99 décibels, ce qui en fait l'animal le plus bruyant du monde. L'eau atténue le bruit et il faut faire intervenir le fait que l'insecte est tout petit pour comprendre pourquoi on arrive quand même à dormir. Toute proportion gardée, c'est l'animal le plus bruyant du monde. Whaw ! Évidemment, la femelle ne fait pas de bruit, à moins que… c'est une autre partie de ma théorie.

Oui, j'ai trouvé que c'était bizarre de faire du bruit avec son pénis. Je me suis dit qu'il fallait une b… d'airain et quelque chose de dur pour taper ou frotter dessus. Eh bien oui, Micronecta a, en guise de b…, un membre d’airain. De ce côté là, il ressemble à Henri IV. Du coup je me suis interrogé sur Madame Micronecta scoltzi. Partage-t-elle le plaisir du mâle ? J’ai enfin compris : Micronecta scholtzi pratique la copulation traumatique, mode de reproduction chez certains animaux à carapace dépourvus d’orifice sexuel. Le mâle plante son aiguillon dans la carapace de la femelle et les spermatozoïdes vont vers les ovules en se déplaçant dans le sang.

Ces mouches artificielles seraient-elles des demoiselles (sous-ordre des zygoptères) comme leurs yeux bien écartés le font penser ?

Ces mouches artificielles seraient-elles des demoiselles (sous-ordre des zygoptères) comme leurs yeux bien écartés le font penser ?

C'est pour cela que j'ai émis un doute sur le charme de cette affaire. Il transperce sa dame un peu n'importe où, avec une sorte de rostre du bas, c'est effectivement une b… d'airain, une dague monocanalée. Du coup, on peut s'interroger : le mâle fait du bruit avec, c'est certain. Mais peut être que sa dame hurle de douleur et fait autant de bruit ! On a maintenant en mains ce qu'il faut pour comprendre pourquoi les truites seraient écœurées par une alimentation à base de l'un ou l'autre de ces insectes. C'est l'effet Achab ou Jonas. Une fois dans le ventre de la baleine, ils ont dû avoir faim, ces braves, ils ont dû sortir leur opinel et se tailler un bout de la paroi stomacale pour manger ou alors pour faire vomir la baleine et retrouver la liberté… C'est sans doute ce que fait le water boatman avec son rostre bicanalé du haut et Micronecta avec son rostre monocanalé du bas. Ni plus ni moins, il y a de quoi écœurer une truite…

J'en reviens au titre : le vrai water boatman a un rostre en haut, le faux a un rostre en bas

C'était simple, n'est-ce pas, de reconnaitre le vrai du faux ?

Philippe, mêcheur à la pouche

Commentaires de l’Agrion de l’Oise

Comme cet article le laisse clairement entendre, la pêche à la mouche a bien besoin de l’entomologie.

Un spécialiste disait à juste titre que la connaissance de l’entomologie ne doublait pas le nombre de prises, mais doublait certainement le plaisir du pêcheur. A noter que c’est en ouvrant l’estomac d’un poisson et en faisant l’inventaire de ce qu’il a mangé que l’on peut déterminer sa proie préférée du moment et choisir sa mouche artificielle en conséquence.

Un site spécialisé"Fly Fishing Entomology"(en anglais)

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Publié le 4 Octobre 2014

Hier à 17h00, le temps est magnifique, l'urne est dans le parc du Conservatoire intercommunal de musique et de danse Adam-de-la-Halle a Pont-Sainte-Maxence. Le vote du public est clos. Un tableau blanc...

Me Germain, huissier de justice va procéder à l'ouverture de l'urne et au dépouillement des votes après une présentation de l'association par son président.

Au fur et à mesure de la lecture des bulletins, un trait est inscrit au tableau blanc dans la case réservée à chaque photo. Le public compte les points.

C'est terminé. Les résultats que chacun a vu apparaitre sont proclamés. Les prix vont être remis par Madame Khristine Foyart, vice-présidente à la culture de la Communauté de Communes du Pays d'Oise et d'Halatte et maire de la commune de Brenouille.

Et le vainqueur du Prix du Public est :

1et Prix du Public "Cache-cache" ©Jean-Claude-Trebouillard

1et Prix du Public "Cache-cache" ©Jean-Claude-Trebouillard

Jean-Claude Trebouillard, de Béthisy-Sain-Pierre (Oise), pour sa photo "Cache-cache", une demoiselle prise le 19 juin 2014 aux étangs de Saint-Pierre (Oise), qu'il légende "Un agrion pris sur un roseau. Malheureusement les roseaux ont été rasés peu de temps après. Il ne reste presque plus d'agrions dans cet endroit". Il reçoit le 1er prix du Public offert par Oise Tourisme : un week-end "Comme des Châtelains" pour 2 personnes.d'une valeur de 270 €.

Le 2ème Prix du Public est :

2ème Prix du Public "Rouge sur Rouille"" ©Bruno-Derouané

2ème Prix du Public "Rouge sur Rouille"" ©Bruno-Derouané

Bruno Derouané, de Pont-Sainte-Maxence, pour sa photo "Rouge sur Rouille", une libellule prise le 24 juillet 2014 aux marais de Sacy-le-Grand, sur la commune de Monceau, pour laquelle il a précisé "Un crocothémis écarlate mâle surveillant son territoire". Le 2ème prix est un chèque d'une valeur de 100 € offert par L'Agrion de l'Oise.

Le 3ème Prix du Public est :

3ème Prix du Public "Sur le Mont Bouquet" ©Frédéric Pingliez

3ème Prix du Public "Sur le Mont Bouquet" ©Frédéric Pingliez

Frédéric Pingliez de Sauqueuse Saint-Lucien (Oise), pour sa photo d'un papillon Machaon intitulée "Sur le Mont Bouquet" prise le 31 juillet 2011 sur la commune de Breuzet-les-Alès (30). Il reçoit deux abonnements Quintet d'une valeur de 70 € pour La Manekine à Pont-Sainte-Maxence, offerts par la Communauté de Communes Pays d'Oise et d'Halatte.

Le Jury, qui a sélectionné les 19 photos exposées le 7 août dernier, a décerné également ses 3 prix.

Le vainqueur du Prix du Jury est :

1er Prix du Jury "Jeune Sauterelle verte" ©Philippe-Delmer

1er Prix du Jury "Jeune Sauterelle verte" ©Philippe-Delmer

Philippe Delmer de Verneuil-en-Halatte (Oise), pour sa photo "Jeune sauterelle verte" prise à Verneuil-en-Halatte. Il reçoit le 1er prix du Jury offert par Oise Tourisme : un week-end "Moulins des Forges" pour 2 personnes.d'une valeur de 166 €.

Le 2ème Prix du Jury est :

2ème Prix du Jury "Au soleil levant"" ©Jean-Louis-Vervoort

2ème Prix du Jury "Au soleil levant"" ©Jean-Louis-Vervoort

Jean-Louis Vervoort de Noyon (Oise), une demoiselle, un caloptéryx éclatant, photo prise le 18 mai 2014 dans les prairies inondables de Baboeuf le long de l'Oise. Pour ce 2ème Prix du Jury, il reçoit un bon d'une valeur de 100 € pour des tirages papiers offert par Photo Henrique à Pont-Sainte-Maxence.

Enfin le 3ème Prix du Public revient au lauréat du 2ème Prix du Public, Bruno Derouané. Sa photo sera donc publiée deux fois ici. Il reçoit pour ce prix deux abonnements Quintet d'une valeur de 70 € pour La Manekine à Pont-Sainte-Maxence, offerts par la Communauté de Communes Pays d'Oise et d'Halatte.

3ème Prix du Jury et 2ème Prix du Public "Rouge sur Rouille"" ©Bruno-Derouané

3ème Prix du Jury et 2ème Prix du Public "Rouge sur Rouille"" ©Bruno-Derouané

Bravo à nos lauréats.

Parmi leurs photos les odonates, 3 sur 5, demoiselles ou libellules, zygoptères ou anisoptères, ont eu la part belle. L'Agrion de l'Oise n'y est pour rien dans le choix de ses congénères, ce sont les décisions du Jury et du Public.

Le Jury et le Public ont eu du mal a faire leur choix parmi les photos de nos candidats, retenues ou non exposées ou non, vu la qualité de leurs travaux.

Les lauréats sont tous les 5 de l'Oise. 4 insectes sur 5 ont été pris dans l'Oise, le 5ème dans le Gard, sans doute au cours des vacances du lauréat.

Cela étant le jury avait également sélectionné des photos de candidats de l'Aisne, des Hautes-Alpes, de Meurthe-et-Moselle, du Loir-et-Cher et des Yvelines, montrant ainsi que dès sa première édition notre concours photo "Insectes de France" a atteint une dimension nationale.

Notre concours sera réédité en 2015 et nous espérons des candidats photographes encore plus nombreux, des insectes de toutes les régions de France, mais pourquoi pas aussi de Belgique ou de Suisse chez nos voisins francophones, pourvu que l'insecte photographié soit bien présent en France.

Cette année, faute de candidats, le prix du Jury "Moins de 15 ans" n'a pu être décerné et c'est bien dommage. Nous faisons un appel à ceux-ci pour qu'ils se lancent dans ces photos captivantes du vaste et fabuleux monde des insectes.

L'Agrion de l'Oise remercie les photographes et ses partenaires : la Communauté de Communes Pays d'Oise et d'Halatte, élus et personnel, qui a pris en charge les agrandissements et leur installation dans le parc du Conservatoire, le directeur et le personnel du Conservatoire, le Théâtre de la Manekine, Oise Tourisme et les hôteliers isariens, ainsi que Photo Henrique.

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