Mais ce ne sera pas le propos de cet article, pas plus que la production d’insectes comme micro-guêpes ou coccinelles pour le bio-contrôle en agriculture ou bourdons pour la pollinisation. En effet d’autres débouchés sont d’ores et déjà largement explorés et offrent de belles perspectives : les "biotechnologies jaunes"..
Et oui, on a pris l’habitude de donner des couleurs aux biotechnologies. Les biotechnologies, faut-il le rappeler, sont les technologies utilisant le vivant (végétaux, animaux, micro-organismes) pour la fabrication industrielle de composés biologiques ou chimiques (médicaments, matières premières industrielles) ou pour l’amélioration de la production agricole (plantes et animaux transgéniques, organismes génétiquement modifiés). Ces technologies de bioconversion sont donc l’intersection entre la biologie et diverses techniques telles que microbiologie, biochimie, biophysique, génétique, informatique, etc.
Aujourd’hui on distingue tout un arc-en-ciel de biotechnologies :
- Vertes, dans les domaines de l’agriculture, de l’agrochimie, de l’agro-alimentaire, (incluant les OGM)
- Rouges, dans le domaine médical, pour le traitement ou le diagnostic des maladies, très utilisées dans l’industrie pharmaceutique
- Blanches, dans l’industrie, entre autres celles – alternatives aux procédés chimiques, qui vont être utilisées pour la production de polymères, de solvants, de matériaux de construction, de textile, de carburants, etc.
- Bleues, à partir des organismes marins, pour la cosmétique, la pharmacie, l’aquaculture, l’agroalimentaire
- Jaunes, celles qui, utilisées dans le domaine de l’environnement, permettent le traitement et l’élimination des pollutions (assainissement des sols, traitement des eaux, épuration des gaz résiduels et de l'air, recyclage des déchets et résidus.). Quelquefois on les qualifie de "grises".
Ces couleurs sont admises depuis un certain nombre d’années, un ouvrage les présente ainsi en 2010 (Aide-mémoire de génie chimique, Emilian Koller, Dunod 2010)
Mais cela étant, de plus en plus souvent on trouve la dénomination "technologies jaunes" utilisée pour celles qui concernent les insectes. Sauf à me tromper cette dénomination s’est développée en France à partir de 2013 avec la médiatisation d’un centre de recherche en Allemagne. On pouvait en effet lire sur plusieurs sites Internet un communiqué émanant de , un site de veille technologique internationale du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international.
"Avec plus de 30 millions d'espèces connues, les insectes représentent un véritable "trésor pharmaceutique" dont il reste encore beaucoup à découvrir. Le développement de nouveaux produits basés sur les propriétés des insectes (biotechnologie "jaune") est récent, mais il est déjà internationalement reconnu comme un domaine innovant avec des perspectives de croissance considérables. En effet, la capacité des insectes à coloniser l'ensemble de la biosphère est le résultat d'une adaptabilité évolutive exceptionnelle. De nombreuses espèces d'insectes peuvent survivre dans des environnements extrêmes, et sont capables de métaboliser des substances à forte toxicité. La compréhension de leurs outils de synthèse moléculaire ouvre de nouvelles perspectives dans les domaines de la médecine (biotechnologie "rouge"), de la lutte antiparasitaire (biotechnologie "verte") et de la production industrielle (biotechnologie "blanche"). La recherche sur ces espèces doit également permettre le développement de modèles pour l'évaluation des risques éco-toxicologiques ou encore faciliter la production de nouveaux biocapteurs."
Le communiqué émanait de LOEWE avec le projet Centre for Insect Biotechnology & Bioresources, dirigé par l’entomologiste Prof. Dr. Andreas Vilcinskas de l’Université Justus-Liebig de Giessen (Land de Hesse), qui se présentait ainsi :
,-Centre pour la biotechnologie des Insectes utilise les insectes comme bioressource pour de nouveaux produits avec des applications en médecine, biotechnologie agriculturale et industrielle."
Le Pr Vilcinskac avait publié en 2010 à cette époque un ouvrage en anglais "Insect Biotechnology" les développements en entomologie appliquée obtenus grâce à la biologie moléculaire et résumés sous le terme de biotechnologie des insectes :
"La biotechnologie des insectes apparait comme une discipline au potentiel économique considérable ; elle englobe l'utilisation des insectes comme organismes modèles et celle des molécules d'insectes issues de la recherche médicale ainsi que des mesures de protection des plantes modernes."