Publié le 24 Avril 2015

Nous rééditons cette année le concours photos « Insectes de France ».

Le nouveau règlement du concours est paru sur notre blog. Nous espérons cette année de nombreux candidats et surtout recevoir des photos réalisées par des jeunes photographes de moins de 18 ans, un prix spécial est prévu pour eux.

Le concours est ouvert à tous, adhérents ou non de notre association.

Lancement de la 2ème édition de notre concours photos

Les photos seront cette année exposées du 10 au 17 octobre dans la galerie marchande du centre commercial Leclerc Val d’Halatte aux Ageux. Le public pourra voter pour sa photo préférée pendant 8 jours. La remise de prix du Jury et du Public aura lieu le samedi 17 octobre à 16h00 (après dépouillement des votes et tirage au sort de 2 votants qui se verront également remettre un prix).

Les premiers prix cette année sont des week-ends offerts par Oise Tourisme, les 2ème prix sont des bons d’achat chez des commerçants (dont Photo Henrique et l'Espace culturel du centre commercial Leclerc) et les 3ème prix des abonnements à La Manekine offerts par la Communauté de Communes Pays d'Oise et d'Halatte.

Pour les candidats de France et de Navarre, de Belgique ou d'ailleurs, ce sera une bonne occasion de visiter notre beau département.

Cliquer sur les liens ci-dessus

Règlement du concours

Bordereau d'envoi des photos

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Publié le 22 Avril 2015

Je profite de la Journée internationale de la Terre instaurée par l’ONU il y a 45 ans déjà pour vous parler de végétaux ; j’allais dire de plantes en pots. J’aurais plutôt dû vous parler aujourd'hui de changement climatique, mais on y reviendra d’ici la COP 21 qui se tiendra à Paris en décembre. Parlons plutôt d’un événement proche.

Dans moins d’un mois, du 14 au 17 mai, L’Agrion de l’Oise sera présent à une grande exposition à l’Abbaye royale du Moncel organisée par Orchidée 60, une association amie. Cette exposition ce sont 5000 orchidées botaniques et hybrides venues de tous les continents, la prestigieuse collection des Serres du Jardin du Luxembourg, des producteurs de renommée mondiale de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Équateur et de Taïwan, des artisans, des artistes, des passionnés, dont nous ! Bref une superbe manifestation à ne pas manquer.

L'Agrion de l'Oise s'intéresse aux orchidées

Occasion pour moi de vous dire quelques mots sur les orchidées et leurs rapports avec les insectes.

Les insectes menacent bien sûr les orchidées comme bien d’autres plantes.

Voilà ce que l’on peut lire dans un ouvrage Les Orchidées exotiques et leur culture en Europe de Lucien Linden, publié en 1894 chez l’auteur à Bruxelles et chez Octave Douin , éditeur à Paris :

Un certain nombre d’insectes envahissent fréquemment les serres à Orchidées ; je citerai notamment les fourmis, les cloportes, ces ennemis de toutes les serres, les thrips, à peine visibles à l’œil nu, les blattes et cancrelats, les araignées rouges, les limaces, ces ogres qui dans l’espace d’une nuit, dévorent une quantité considérable de verdure et s’attaquent toujours de préférence aux tiges florales – et à celles auxquelles l’amateur tient le plus.

Stop ! Les cloportes ne sont pas des insectes mais des crustacés, les araignées rouges des arachnides, les limaces des mollusques… Faut pas confondre avec nos chers insectes.

L’auteur détaille les moyens de se débarrasser de tout ce petit monde et alors là, rien de tel que le tabac. Je note :

Les thrips, aphis, araignées rouges, etc. sont chassés surtout par des lavages répétés de temps en temps avec de l’eau contenant un peu de nicotine ; mais ces insectes se logent parfois sur les étiquettes de bois. Il ne suffit donc pas de laver les feuilles et les pots et de rempoter les plantes malades, il faut encore examiner avec soin les étiquettes et les nettoyer ou les remplacer…

coccinelle à sept points ©Roger Puff

coccinelle à sept points ©Roger Puff

Non il ne s’agit donc pas de les enfumer avec les volutes de votre cigarette. Évitez d’ailleurs de fumer dans les serres. Au fait pour ceux qui ne le savent pas, les aphis sont des Aphididae (ordre des hémiptères) ou si vous préférez des pucerons. Utilisez donc quelques coccinelles bien de chez nous, si possible à 7 points.

Question fourmis, c’est vite expédié :

Les fourmis se prennent facilement à des pièges formés de pots ou vases un peu profonds contenant un sirop sucré ; le jus de pruneaux également les détruit.

Les fourmis étant engluées dans le jus de pruneaux, je ne pense pas que se soit l’action laxative du fruit qui a raison de notre bestiole. L’auteur développe ensuite la lutte contre Acarus telarius, un acarien, donc passons, ce n’est pas un insecte.

Voilà aussi ce que l’auteur propose plus concrètement pour se débarasser de la gent insecte, à nouveau l’herbe à Nicot. Il s’agit de mélanger dans 2 litres d’eau, 25 grammes de tabac à fumer, 60 grammes de savon noir, 110 gramme de fleur de soufre ; de faire bouillir quelques minutes, puis d’ajouter 6 litres d’eau, soit 10 litres de solution à utiliser en seringage ou en bassinage. Mais l’auteur a d’autres solutions qui me plaisent bien :

On peut aussi employer pour détruire beaucoup de petits insectes, la grenouille et la tortue, deux auxiliaires précieux. Toutefois les amateurs n’aiment pas tous à voir ces animaux dans leurs serres, et il n’est pas toujours facile de les y retenir.

Dommage.

Les feuilles de tomates, dispersées dans une serre, font, paraît-il, fuir définitivement les insectes.

Mais le meilleur moyen nous indique l’auteur reste encore le tabac, mais cette fois-ci avec un autre mode opératoire :

Déposer sur les tuyaux de chauffage [de la serre] une légère couche de côtes de feuilles de tabac séchées, que l’on arrose de temps en temps. Il s’en dégage une vapeur de nicotine assez faible pour ne pas incommoder les visiteurs, et même à peine perceptible au bout de deux jours, mais dont la persistance chasse absolument les insectes en produisant une réelle intoxication de l’atmosphère.

Vous voyez bien, cela fait longtemps qu’on le dit, le tabac n’est pas bon pour la santé. Les insectes l’ont expérimenté depuis belle lurette.

L'Agrion de l'Oise s'intéresse aux orchidées

Ceci dit, il faut 1 kg de côtes de tabac pour couvrir 3 à 4 m de tuyaux. Et à l’époque c’est assez cher avec1 franc le kg sachant qu'à l'époque une femme de ménage gagnait 1,5 francs par jour). Qu'en serait-il aujourd’hui avec un paquet de cigarettes anonymisé et illustré de phrases choc et de poumons ravagés, bientôt à 8 ou 10 euros, voire à 13 euros pour couvrir son coût social. Sans compter qu’il n’y a pas que du tabac dans une cigarette mais des tas d’additifs, ne serait-ce que dans le papier à cigarette. Bien sûr les insectes, eux aussi, ne doivent pas beaucoup les apprécier, mais je doute qu’ils y deviennent accros.

Aujourd’hui un jet d’insecticides revient sans doute moins cher et prend beaucoup moins de temps que l’application ces méthodes du 19ème siècle… Le progrès (mais il faut penser qu'aujourd'hui c'est la Journée internationale de la Terre, alors évitons les produits non bio)..

Mais le danger pour les Orchidées vient peut aussi d’ailleurs :

Il arrive parfois aussi que des plantes importées apportent avec elles des insectes redoutables de leur pays d’origine, lesquels sont cachés à l’état de larves dans les pseudobulbes et les tiges.

Notamment, nous dit-il, le redoutable Isosoma Cattleyae, un minuscule hyménoptère (chalcidé) qui génère des galles. On le donne aussi sous Eurytoma orchidearum (Westwood, 1869), en anglais cattleya fly, la mouche du cattleya. En 1920, la société d’entomologie d’Amérique donnait comme moyen de s’en débarrasser un mélange de 50 parties de kaolin, 20 parties de chaux hydratée, 5 parties de sulfate de nicotine à 40% et 25 parts de poussière de tabac à 1% de nicotine. Encore et toujours l’herbe à Nicot.

Mais ce n’est pas tout. Poursuivons notre lecture :

En dehors des insectes qui nuisent aux plantes et les attaquent, il en est d’autres dont l’intervention est bien moins néfaste, mais n’est cependant pas désirable, tels les guêpes, abeilles, papillons, etc., qui s’introduisent quelquefois dans les serres par les ventilateurs ouverts pendant l’été. La présence de ces insectes peut être gênante, et il peut arriver quelquefois, qu’ils fécondent des fleurs mal à propos. Il est donc préférable de les arrêter, ce qui est facile à réaliser en plaçant pendant l’été un fin grillage métalliques à l’ouverture des ventilateurs.

Aïe ! Alors la petite coccinelle à 7 points que j’évoquais plus haut, bien qu’elle ne soit pas réputée pour son rôle pollinisateur, risque peut être elle aussi de féconder mal à propos une orchidée de la serre. En lisant à un autre chapitre, j e comprends mieux le fonctionnement des fleurs :

L’apprenti semeur perdrait son temps à vouloir féconder une de ces fleurs par elle-même. Il faut avoir sous la main des fleurs des deux sexes, ce qui ne se rencontre pas très fréquemment.

Il parle de catasetum, l'orchidée-arbalète, et décrit les organes – je suis obligé de passer sur les détails – et notamment deux antennes.

Orchidée-arbalète (figures extraites de Les Orchidées exotiques et leur culture en Europe)

Orchidée-arbalète (figures extraites de Les Orchidées exotiques et leur culture en Europe)

L’une de ces antennes est inerte […] mais l’autre agit comme un ressort à détente d’une délicatesse extrême. Dès qu’elle reçoit le plus léger contact, elle soulève l’opercule de l’anthère ; par suite le pédicelle des pollinies, n’étant plus maintenu, se détend avec une extrême violence, de sorte que tout l’appareil pollinique est projeté à une certaine distance, généralement sur le doigt de l’observateur, ou sur le dos de l’insecte, qui visitait la fleur […]

Alors pas touche.

Ami lecteur, je ne suis en aucun pas spécialiste des orchidées et mes conseils ne sont donc pas à suivre. Je vais d’ailleurs moi-même profiter de cette belle exposition pour en apprendre plus sur les rapports entre orchidées et insectes, tels qu’on en parle aujourd'hui, 120 ans après Lucien Linden.

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Publié le 15 Avril 2015

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

Bravo RObeez et les CM1 du Plateau Rouher à Creil.

Superbe nouvelle et un très grand bravo à notre amie Joëlle Lefort, adhérente de L'Agrion de l'Oise, qui, avec ses petits Creillois en CM1, a remporté - devant 600 candidats au niveau national - le 1er prix de l'innovation numérique de l’Education nationale pour son programme RObeez, les robots-abeilles.

Nous sommes très heureux pour elle et nous la félicitons, ainsi que ses 27 élèves de l' École élémentaire Louise Michel/Jean Biondi. C'est un magnifique succès pour ce très beau projet. Je manque de superlatifs mais je suis sûr que ses abeilles, les vraies car elle est aussi apicultrice, en sont très heureuses, elles-aussi.

Voilà de la belle info "abeilles" qui nous change du frelon et du varroa. Voilà de l'espoir pour ces jeunes qui vont apprécier tout autant l'écologie que la technologie. Souhaitons-leur la réussite dans leurs études. Merci Joëlle pour ce grand plaisir que tu nous donnes.

En effet le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche organisait la 5ème édition de la Journée de l'innovation, le mercredi 8 avril 2015, au lycée Diderot à Paris. Cette Journée, sous la présidence de la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, avait pour objectif de valoriser la capacité de recherche et d'innovation du système éducatif.

Plusieurs prix étaient décernés. Joëlle était nominée sur le thème « Le numérique au cœur des apprentissages et dans la relation pédagogique ».

Voilà in extenso la présentation du projet RObeez telle qu’on la trouve sur le site de l’Education nationale :

En étudiant le fonctionnement d'une ruche, les élèves se verront proposer un défi technologique : fabriquer des RObeeZ (abeilles robots) qui vont reproduire les comportements caractéristiques des individus d'une ruche. Le travail se fera en équipe. Dans chacune d'entre elles, les rôles seront définis selon le nombre d'équipiers, cette distribution changeant à chaque séance pour que chaque élève couvre l'ensemble des tâches. Construire des robots, c'est développer des compétences d’observation, d'analyse et de conception, apprendre à résoudre des problèmes et à travailler en équipe, susciter le besoin d'aller chercher l'information, prendre conscience des actions logiques sous-jacentes, utiliser des outils mathématiques et informatiques, créer, jouer, manipuler et donner forme à des idées. Découvrir les abeilles, c'est réaliser des observations scientifiques et sociales, découvrir l'impact environnemental des êtres vivants, surtout celui des hommes, éveiller la conscience civique et humaine, nourrir une réflexion sur les actes humains et décisions futures en faveur d'un écosystème à préserver. Les évaluations nationales CE1 et CM2 montrent des difficultés en résolution de problèmes et en gestion des données : ils ne donnent pas sens aux outils mathématiques qu'ils utilisent, ils s'appliquent très bien des mécanismes mais n'entrevoient pas l'utilité concrète qu'ils peuvent avoir. Chez eux, comme à l'école, les temps de manipulation et de conception sont quasi inexistants ou insuffisants. Les robots permettent de faciliter la modélisation et de combler cette lacune. Les élèves, rarement en contact avec la nature, ne réalisent pas l'impact de nos actes sur l'environnement ; les monde végétal et animal ne leur sont pas familiers ; leur jugement «environnemental» est faussé, leur comportement se révèle inadapté puisqu'ils n'ont pas les clés nécessaires à l'analyse des interactions homme-nature. L’étude des abeilles peuvent pallier ce manque de repères.

Et on se rappelle à l’association que Joëlle était venue en juin 2014 nous présenter ses travaux à l’occasion d’une de nos réunions trimestrielles.

Alors cette semaine je vous propose de publier sur ce blog l’article qui était paru dans notre lettre mensuelle aux adhérents. Le voici :

Une enseignante, Joëlle Lefort, vient ce soir nous faire une conférence que nous avions intitulée « Des abeilles, des élèves et … des robots ». Joëlle rectifie : « Ce ne sera pas une conférence mais un témoignage ».

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

Elle se présente : enseignante à Creil sur le plateau en CM1 à l’Ecole Louise-Michel, mais aussi amoureuse de la nature. Joëlle est arrivée à l’enseignement après avoir butiné ça et là.

Il semble bien qu’elle ait trouvé son miel. Oui car elle est aussi apicultrice.

Joëlle s’est découvert une passion pour les abeilles après avoir assisté à un essaimage : « J’ai été mordue ». Heureusement elle n’a pas été piquée. Rapidement elle a envie d’avoir sa propre ruche et s’initie à Beauvais auprès d’un vieux monsieur à la belle barbe blanche.

L’enseignante-apicultrice a aujourd’hui 3 ruches en forêt d’Ermenonville.

Elle a eu envie de faire partager à ses élèves, qui n’ont pratiquement aucune occasion d’aller en campagne ou en forêt, sa passion pour la nature et les abeilles. Mais il lui était impossible d’amener sa classe voir ses ruches. Un contact avec un spécialiste des sciences cognitives l’a amenée à s’intéresser à la robotique par le biais des abeilles.

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

C’est ainsi, qu’avec l’aide d’un spécialiste de la robotique, qu’elle a initié ses élèves à la construction en briques lego (que peu d’entre eux pratiquaient), à l’utilisation d’un i-pad et à la programmation. Ils se sont vite passionnés.

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

Après avoir étudié le comportement des abeilles, les élèves ont réalisé et programmé plusieurs robots : reine, exploratrice, butineuse, gardienne, maçonne, ouvrière. Aujourd’hui ses élèves sont passionnés par les insectes, ne les considèrent plus du tout comme gênants ou dangereux. L’un d’eux est même allé jusqu’à prendre une guêpe en main...

La perspective d’un Insectarium à proximité de Creil les enchante.

L’utilisation des i-pad ne pose aucun problème à ces jeunes. Joëlle a été surprise et émue lorsque l’une de ses élèves, Betul, est venue lui présenter le dessin animé qu’elle avait réalisé seule.

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

D’autres se sont lancés depuis. Les élèves utilisent sans difficulté les moyens mis à leur disposition, par exemple pour réaliser des fiches

RObeez, les robots-insectes des CM1 de Creil

L’expérience pédagogique de Joëlle a été reconnue par l’Education nationale et elle est très heureuse de pouvoir poursuivre avec ses élèves l’an prochain en CM2. Ils vont se passionner pour d’autres insectes et perfectionner leurs connaissances.

La discussion a été nourrie, tant sur cette expérience pédagogique que sur l’apiculture, telle que la pratique Joëlle. Très affectée par la perte de ses abeilles qui avaient butiné du colza traité, elle a choisie de poser ses ruches en forêt, en petit nombre pour ne pas perturber les autres butineurs de la forêt, de laisser leur miel aux abeilles pour ne pas avoir à les nourrir l’hiver avec du sucre. Elle ne prélève que ce qui reste et le donne à ses amis, car elle-même ne mange pas de miel. Ses abeilles sont saines et peu affectées par les attaques du varroa (l’acarien qui les parasite) et résistent donc mieux aux virus qui ravagent les colonies.

Les assistants l’interrogent sur le coût de la pratique de l’apiculture (coût d’un essaim, d’une ruche,…), ainsi que sur les abeilles sauvages. Une ancienne apicultrice fait part de son expérience, des abeilles noires qui aujourd’hui habitent un vieux mur de son jardin…

Témoignage passionnant d’une enseignante passionnée.

Et pour en savoir plus encore je vous invite à découvrir

Un projet de classe (très) addicTICE qui vous dira tout sur RObeez

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Publié le 8 Avril 2015

Il y a un peu plus de 8 jours, le temps était maussade, humide et frais. Les insectes étaient rares. Sur une feuille en bordure de chemin…

Bombyle au repos ©RogerPuff

Bombyle au repos ©RogerPuff

...un petit insecte tout velu, muni d’une longue trompe bien droite et de deux ailes noir et blanc : un bombyle. Ordinairement cet insecte en début de printemps s’affaire sans pratiquement jamais se poser auprès des fleurs, plongeant sa trompe pour y puiser le nectar.

Moi je me plonge dans les vieux grimoires en commençant par l’Entomologie analytique, parue en 1860 chez Didot Frères à Paris, de André-Marie Constant Duméril, cet entomologiste né à Amiens en 1774 et dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici.

Que nous dit Duméril à propos du bombyle ?

Ce nom tout à fait grec avait été employé par Aristote, par Aristophane et depuis par Swammerdam, mais pour indiquer des Guêpes et des Abeilles Bourdons qui font du bruit en volant.

Le bombyle d’Aristote est en fait notre Bourdon, Bombus en latin.

Frédéric Georges Cuvier, dans le Dictionnaire des sciences naturelles, paru chez Levrault en 1806, nous décrit celui qui fait l'objet de mon propos :

On ne connaît point du tout la larve des bombyles ; par conséquent on ignore comment et où se fait leur métamorphose. Quoique sous l’état parfait cet insecte paraisse armé de manière à attaquer les animaux et à se nourrir de leur sang, il ne s’alimente cependant que du nectar des fleurs, qu’il pompe en volant, comme le font les sphinx en général et principalement les sésies. Au reste la direction horizontale de la trompe s’opposerait à ce que le bombyle pût sucer étant posé ; car il faudrait alors qu’elle se relevât verticalement sur la tête, et sa grande longueur y mettrait bientôt obstacle. Lorsque ces insectes volent, ils produisent beaucoup de bruit par leur bourdonnement, et c’est probablement à cause de cette particularité que Linnæus leur aura donné le nom de bombyle.

Il décrit plusieurs espèces de bombyles, le nôtre est manifestement le bombyle majeur, bombylus major, que l’on trouve « fort souvent aux environs de Paris ».

Nous en avons une très belle photo :

Bombyle en piqué ©PhilippeDelmer

Bombyle en piqué ©PhilippeDelmer

prise par notre ami Philippe Delmer et que nous avons exposée lors de « Lumières d’insectes » en février dernier au Musée Serge-Ramond de Verneuil-en-Halatte.

Je ne résiste pas à vous donner une jolie description due à Mademoiselle Marie Maugeret dans La Science à travers les champs, ouvrage paru en 1880 chez Mame à Tours :

[…] voici un petit diptère qui mérite bien que nous disions un mot sur son compte. Remarquez qu’il plane au-dessus de cette fleur, à la manière de l’oiseau-mouche, sans même y poser ses petites pattes, pour puiser le suc dont il fait sa nourriture. Son corps, noir, couvert de poils jaunes assez épais, est d’un poids relativement lourd, ce qui ne l’empêche pas de traverser l’air comme une flèche. On lui a donné le nom de bombyle bichon, et les entomologistes ne manqueraient pas, ne serait-ce que par plaisir de vous débiter quelques grands mots scientifiques, de vous dire qu’il appartient à l’ordre des diptères, divisions des brachocères, subdivision des tétracoètes, famille des tanystomes et tribu des bombyliers.

Je passe sur les considérations très poétiques qui suivent pour noter que Mlle Maugeret se pose toujours une grande question :

Comme les bêtes ont de l’esprit ! Les hommes, qui en ont quelquefois aussi, et les savants, qui en ont un tout exprès pour eux, n’ont pas encore su découvrir la larve des bombyliers. C’est un point obscur qui doit les gêner considérablement. Pour nous, cela nous est, je suppose, assez indifférent. Plus d’une fois déjà nous avons pu constater que les larves sont de méchants personnages, qui n’ont d’autre occupation que de faire le mal, en égoïstes toujours, en assassin le plus souvent […].

Mlle Maugeret, comment pouvez-vous blâmer la larve alors que vous semblez admirer l’insecte ? Sans larve, point d’insecte … et réciproquement.

A peine cinq ans avant en 1875, Louis Figuier, dans Les Insectes paru chez Hachette, que Mlle Maugeret avait sans doute pu lire, se posait la même question :

 Louis Figuier gallica.bnf
Louis Figuier gallica.bnf

Beaucoup plus commun dans les climats chauds que dans le Nord, ces insectes, dont les larves ne sont pas encore connues, prennent leur essor à l’heure où les rayons du soleil sont les plus ardents. Ils volent très rapidement, en faisant entendre un bourdonnement grave. Ils planent au-dessus des fleurs, sans se poser sur leurs corolles.

L’ouvrage nous propose une bien belle illustration : l’insecte est toujours qualifié de bichon, terme que donnait déjà en 1804 Pierre André Latreille dans son Histoire naturelle, générale et particulière des crustacés et des insectes, parue chez Dufart. Bichon ? Du nom bien sûr de ce petit chien à nez court et à poils longs que les dames portaient dans leur manchon, très à la mode du temps de la Régence .

L’an dernier vers le 25 mars j’avais pu faire quelques photos de bombyles dans les muscaris qu’ils affectionnent tout particulièrement.

Mais cette année, en ce début d’avril, le temps toujours un peu frais et le vent plutôt vif ne favorisaient pas la sortie des insectes au jardin. Seuls quelques gros bourdons endurcis profitaient des fleurs du prunus. Mais en ce lundi de Pâques, il n’en allait plus de même : bourdons, abeilles, mouches de toutes tailles et nos bombyles étaient de sortie. A côté du bourdonnement des bourdons, je dois dire que les bombyles ne sont pas vraiment bruyants.

autre bombyle en piqué ©RogerPuff

autre bombyle en piqué ©RogerPuff

au but ©RogerPuff

au but ©RogerPuff

Alors bien sûr j’ai voulu faire un peu concurrence à Philippe, et voilà, j’ai de nouvelles photos de mes bombyles dans les muscaris de la pelouse.

Oui, mais me direz-vous : quid des larves ?

Et bien aujourd’hui nous avons la réponse et je vous recommande l’article (et les photos) de Jean-Pierre Moussu du département de Biologie de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, que je cite ici

C’est l’un des premiers insectes à faire son apparition au printemps. Dés les premiers beaux jours, et surtout lorsque les premières fleurs s’ouvrent, le grand Bombyle (Bombylius major) émerge de la galerie souterraine dans laquelle il a passé sa vie larvaire et la rigueur de l’hiver. Cette galerie n’est d’ailleurs pas exactement la sienne. En effet, lors de la saison précédente, la femelle a déposé ses œufs à l’entrée de galeries d’Hyménoptères comme des Abeilles solitaires du genre Andrena ou des bourdons du genre Bombus. Les larves qui éclosent des œufs sont dotées de puissantes mandibules acérées. Elles pénètrent à l’intérieur des galeries et y consomment les larves des Hyménoptères qui sont donc parasitées.

Et voilà, notre charmant bombyle est en fait un vilain diptère profiteur qui pond dans les galeries des braves hyménoptères qui se sont mis à l’ouvrage en même temps que lui. Mlle Maugeret avait pressenti les méfaits de ses larves.

l'andrène et son trou ©RogerPuff

l'andrène et son trou ©RogerPuff

Je n’ai pas encore pu saisir le moment où notre bombyle pénètre pour pondre dans la galerie de l’andrène, mais celle-ci qui sort de son trou doit craindre pour l’avenir de sa progéniture.

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Publié le 2 Avril 2015

courtilière en fin de mue ©Dominique Pinaud

courtilière en fin de mue ©Dominique Pinaud

On m’envoie la photo d’un gros insecte juste en train de muer, prise dans la campagne charentaise l'an derniier au printemps . C’est une courtilière, gryllotalpa gryllotalpa, de la famille des Grillotalpidae, de l’ordre des orthoptères, une cousine des sauterelles, criquets et autres grillons.

Son nom vient de courtil, un petit jardin attenant à la ferme en vieux français. L’insecte est gros, en moyenne 5 cm, j’ai même lu qu’il pouvait atteindre 10 cm. Impressionnant… Bien que son mode de vie soit nocturne, on le repère dans les petits jardins par les sérieux dégâts qu'il fait en fouissant comme une taupe à laquelle il ressemble beaucoup avec ses pattes puissantes. De ce fait on le nomme aussi taupe-grillon, perce-chaussée, taupette, avant-taupe. Il fait aussi penser à un crustacé alors son nom est écrevisse de terre. Plus surprenant c’est loup de terre. C’est dire si la voracité de la bestiole impressionne.

La courtilière a pour ennemi les oiseaux, les rats, les renards, sans oublier les taupes et les guêpes du genre Larra qui la parasitent. En Asie on les aime frites. Faut dire qu’elles ont la taille d’une belle frite et qu'elles ne dédaignent pas manger les pommes de terre. Mais son meilleur ennemi est le jardinier du courtil, le courtillier, qui n’apprécie pas du tout qu’elle ravage ses couches et ses plates-bandes.

J’ai fait mes recherches dans les livres anciens. Voilà par exemple ce que l’on pouvait lire dans La Revue Scientifique du Limousin en 1896 :

La courtilière fait le désespoir des jardiniers. Aux terrains durs et compacts, elle préfère les terres légères et ameublies où elle chemine plus facilement. Aussi établit-elle de préférence sou quartier général dans les jardins bien amendés…

Donc méfiance si votre jardin est fertile.

Plus avant, je lis dans l’Annuaire du républicain ou légende physico-économique d’Aubin-Louis Millin paru chez M.F. Drouin en 1793

Il y a plusieurs autres espèces de grillons ; la principale est le grillon-taupe, appelée vulgairement courtilière, parce qu’elle dévaste les potagers, ou courtils. Ses pattes, armées de scies, lui servent à couper les racines, qu’il détruit aussi avec ses dents. C’est l’ennemi le plus redoutable des jardiniers fleuristes, et surtout de ceux qui cultivent des melons. […] La femelle de cet insecte, comme toutes celles de ce genre, a l’anus armé d’une pointe, avec laquelle elle perce la place où elle veut déposer ses œufs. Ils éclosent en Prairial.

Ah le beau temps du calendrier de Fabre d’Eglantine.

Aussi l’espèce ne se voit plus guère dans nos courtils. La raréfaction des huppes - ce bel oiseau du bocage, friant de larves d’insectes de bonne taille - serait même due à la raréfaction de notre taupe-grillon, en fait à l’éradication de l’insecte. La bêche du jardinier et d’autres méthodes plus sophistiquées ont eu raison de lui.

Voilà d’ailleurs ce que l’on peut lire dans l’Agriculture française – Principes d’agriculture aux diverses parties de la France de Louis Gossin paru à la Librairie scientifique, industrielle et agricole Lacroix et Baudry à Paris en 1868. L’auteur n’y va pas de mains mortes.

la courtilière va rapidement disparaitre ©Dominique Pinaud

la courtilière va rapidement disparaitre ©Dominique Pinaud

Cet insecte, long de 5 à 6 centimètres, ressemble à une énorme sauterelle. Sa couleur brun-foncé, son aspect hideux, ses énormes pattes dentelées, sa large cuirasse, ses allures brusques et convulsives, mais surtout les immenses dégâts qu’il occasionne le rendent partout un objet d’horreur. "Si conduisant une voiture, tu rencontres la courtilière", dit un proverbe allemand, "arrête-toi, fût-ce même sur le versant d’une montagne, et ne continue ta route qu’après l’avoir écrasée".

Revenons un peu en arrière dans le Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique comprenant la grande et la petite culture, etc. édité par l’Institut de France chez Déterville à Paris en 1809, sur la base d’une ouvrage antérieur de l’abbé Rozier et avec contribution de Parmentier.

On a employé jusqu’à ce jour plusieurs moyens pour les détruire. Le premier dut être de les chasser comme la taupe, de les guetter au moment où ils travaillaient à leur galerie et de les enlever avec la bêche. Mais ce moyen était insuffisant, parce que la courtilière, au moindre mouvement, se sauve avec beaucoup de vitesse dans son trou […]. Je ne parlerai pas de la manière de les chasser à coups de pistolet ; elle n’est bonne que pour ceux qui n’ont rien de mieux à faire. La préférence que ces insectes donnent au fumier, et principalement à celui de la vache, qui contient un grand nombre d’insectes, a déterminé plusieurs cultivateurs à faire de distance en distance des petites fosses qu’ils remplissent de ce fumier et qu’ils piétinent bien. Les courtilières, et principalement les jeunes, s’y rassemblent. De temps à autres deux ouvriers, se plaçant aux deux extrémités du tas, l’enlèvent promptement avec des fourches ; ils l’éparpillent et tuent les courtilières qui s’y trouvent.

Etc. suivent des méthodes de plus en plus sophistiquées…

J’aime assez celle-là extraite du Dictionnaire d'agriculture pratique: contenant la grande et la petite culture, l'économie rurale et domestique, la médecine vétérinaire, etc. de 1836… elle aussi relevée parmi d’autres, mais il faut bien varier les plaisirs.

Si on a plusieurs chats, on leur donne une courtilière morte ou hors d’état de s’échapper ; ensuite on leur en jette de bien portantes. Si les chats les mangent avec avidité, on les prend, et pendant qu’on les tient, on jette sur le terre une courtilière qu’on laisse s’enterrer en partie ; alors on lâche le chat, qui déterre la courtilière avec ses griffes, et qui continue ensuite à les chasser, surtout lorsque les courtilières s’accouplent. Il faut avoir l’attention de donner, dans cette saison, un peu de lait aux chats qui mangent cet insecte et d’autres ; autrement ils maigrissent et périssent.

d'après Lydekker, R. 1879 The Royal Natural History. Volume 6. Frederick Warne and Co. (Wikipedia Commons)

d'après Lydekker, R. 1879 The Royal Natural History. Volume 6. Frederick Warne and Co. (Wikipedia Commons)

Le Bon Jardinier : almanach pour l’an 1837 paru à la Librairie Agricole de la Maison Rustique indique mois par mois les travaux à faire dans les jardins, décrit toutes les plantes potagères et donne des tas de conseils utiles. Ses rédacteurs sont A. Poiteau, ancien jardinier en chef des Pépinières royales de Versailles, Botaniste du Roi, et Vilmorin, marchand grainier, cultivateur, chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur. Des références donc pour l’époque.

La courtilière, courterole ou taupe-grillon, est un insecte carnivore et herbivore : s’il rend quelques services en détruisant beaucoup d’insectes et leurs larves, ces services sont loin de compenser les dégâts qu’il cause dans les cultures, 1° par les nombreuses galeries qu’il pratique en tous sens, qui soulèvent et éventent les racines des jeunes semis et les font périr ; 2° par la grande quantité de plantes venues qu’il fait mourir en coupant leur racines entre deux terres, soit seulement pour se faire un passage comme on le dit, soit aussi pour les manger comme nous nous en sommes assuré. On emploie ordinairement pour le détruire que de l’eau sur laquelle on jette un peu d’huile,. On verse cette eau par les trous de la courtilière, et, si l’eau parvient au fond du trou, elle remonte pour éviter l’inondation ; et traverse la couche d’huile qui l’a fait périr sur-le-champ.

Un autre ouvrage qui avait déjà donné ces bons conseils en 1836 - Le dictionnaire des ménages: ou recueil de recettes et d'instructions pour l'économie domestique ... : ouvrage utile aux pères et mères de famille et à tout chef de maison - précisait que l’huile bouchait les trachées de la courtilière par lesquelles elle respirait. Ce qui nous donne l’occasion de parler de la respiration des insectes.

Certains insectes ont une respiration par la peau, d’autres comme les insectes aquatiques ont des branchies similaires à celles des poissons. Mais la majorité des insectes respirent par les stigmates respiratoires, des petits trous dans la carapace sur les côtés du thorax et de l’abdomen. L’air passe ensuite par les trachées, sorte de petits tuyaux, se ramifiant en trachéoles pour apporter l’oxygène à toutes les cellules du corps. L’air arrive donc aux organes sans passer par un liquide intermédiaire comme le sang chez les animaux à poumons. L’insecte rejette l’oxygène non consommé, l’azote et le gaz carbonique formé par les mêmes circuits, aspirant et refoulant sous l’action de muscles du thorax et de l’abdomen. A noter que certains arthropodes - comme par exemple le scorpion - ont une respiration pulmonée.

Voilà donc comment avoir raison de notre malheureuse courtilière. Voilà aussi pourquoi on n’en voit pratiquement plus alors qu’elle était répandue partout en France. Alors aujourd’hui, si vous en voyez par chance une, épargnez-lui la bêche, l’huile et surtout les pesticides, laissez lui quelques salades ou patates de votre courtil, et vous aurez peut être la chance d’entendre le chant de la courtilière mâle stridulant du fond de ses galeries pour attirer une charmante compagne. Il paraît qu’il ressemble au chant de l’engoulevent, autre oiseau rare… d’autres vous dirons que c’est au chant de la locustelle tachetée qu’il faut se référer, un passereau qui se nourrit d’insectes et d’araignées. Ces oiseaux vengeurs singeraient-ils le chant de notre brave courtilière mâle pour se gorger de sa femelle. Je n'ose pas y penser.

Dernière astuce, il paraît que le marc de café répandu au sol peut l’éloigner des endroits à protéger. Profitez-en pour recycler vos dosettes…

Quelques informations sur la courtilière en Picardie, où elle est présente, mais considérée dans un état de conservation défavorable donc à préserver prioritairement.

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