Publié le 13 Juillet 2017

C'est l'été.

Allons faire un tour du côté de chez Lewis Caroll avec son Alice au Pays des Merveilles que vous connaissez tous.

Alice est dans un wagon de chemin de fer, enfin c'est ce qu'il me semble, mais nous sommes de l'autre côté du miroir, alors ce n'est pas toujours facile de suivre.

Je cite Lewis Caroll :

 

ici une l'abeille dans le jaune © Roger Puff

ici une l'abeille dans le jaune © Roger Puff

"Naturellement, elle commença par examiner en détail le pays qu'elle allait parcourir : « Ça me rappelle beaucoup mes leçons de géographie, pensa-t-elle en se dressant sur la pointe des pieds dans l'espoir de voir un peu plus loin. Fleuves principaux... il n'y en a pas. Montagnes principales... je suis la seule qui existe, mais je ne crois pas qu'elle ait un nom. Villes principales... Tiens, quelles sont ces créatures qui font du miel là-bas ? Ça ne peut pas être des abeilles... personne n'a jamais pu distinguer des abeilles à un kilomètre de distance... » Et pendant quelques minutes elle resta sans rien dire à regarder l'une d'elles qui s'affairait au milieu des fleurs dans lesquelles elle plongeait sa trompe, «exactement comme si c'était une abeille ordinaire », pensa Alice.Mais c'était tout autre chose qu'une abeille ordinaire : en fait c'était un éléphant, comme Alice ne tarda pas à s'en apercevoir, bien que cette idée lui coupât le souffle tout d'abord. « Ce que les fleurs doivent être énormes ! se dit-elle tout de suite après. Elles doivent ressembler à des petites maisons dont on aurait enlevé le toit et qu'on aurait placées sur une tige... Et quelles quantités de miel ils doivent faire ! "

Mais dans la compartiment, Alice n'était pas toute seule. Il y a un monsieur vêtu de papier blanc.

"Un Bouc, installé à côté du monsieur vêtu de blanc, ferma les yeux et dit à haute voix :
- Elle devrait savoir trouver un guichet, même si elle ne sait pas son alphabet !"


 

en guise de scarabée ce carabe chagriné © Hubert Carpentier

en guise de scarabée ce carabe chagriné © Hubert Carpentier

"Un Scarabée se trouvait assis à côté du Bouc (c'était un groupe de voyageurs des plus étranges, en vérité !) et, comme ils semblaient avoir pour règle de parler l'un à la suite de l'autre, ce fut lui qui continua en ces termes :
- Elle sera obligée de partir d'ici comme colis !
Alice ne pouvait distinguer qui était assis de l'autre côté du Scarabée, mais ce fut une voix rauque qui parla après lui. « Changer de locomotive... », commença-t-elle, puis elle s'étouffa et fut obligée de s'interrompre.
« Cette voix est rude comme un roc », pensa Alice.
Et une toute petite voix, tout contre son oreille, dit :
« Tu pourrais faire un jeu de mots à ce sujet... quelque chose sur "roc" et sur "rauque", vois-tu ? »

Mais qui est cette petite voix, se demande Alice ?

"- Je sais que tu es une amie, continua la petite voix, une amie intime, une vieille amie, et tu ne me ferais pas de mal, bien que je sois un insecte."


 

cette mouche prédatrice a bien une barbe, mais ce n'est pas un taon © Roger Puff

cette mouche prédatrice a bien une barbe, mais ce n'est pas un taon © Roger Puff

"- Quel genre d'insecte ? demanda Alice non sans inquiétude. (Ce qu'elle voulait vraiment savoir, c'était s'il piquait ou non, mais elle jugea qu'il ne serait pas très poli de le demander.)
"Comment, mais alors tu n'aimes..." commença la petite voix ; mais elle fut étouffée par un sifflement strident de la locomotive, et tout le monde fit un bond de terreur, Alice comme les autres.
Un cheval, qui avait passé la tête par la portière, la retira tranquillement et dit : « Ce n'est rien ; c'est un ruisseau que nous allons sauter. » Tout le monde sembla satisfait, mais Alice se sentit un peu inquiète à l'idée que le train pouvait sauter. « De toute façon, il nous amènera dans la Quatrième Case, ce qui est assez réconfortant ! » pensa-t-elle.
Un instant plus tard, elle sentit le wagon se soulever tout droit dans l'air, et, dans sa terreur, elle se cramponna à la première chose qui lui tomba sous la main, qui se trouva être la barbe du Bouc."

 

un moucheron ? je ne pense pas, mais là encore sûrement pas un taon © Roger Puff

un moucheron ? je ne pense pas, mais là encore sûrement pas un taon © Roger Puff

"Mais la barbe sembla disparaître au moment précis où elle la touchait, et elle se trouva assise tranquillement sous un arbre... tandis que le Moucheron (car tel était l'insecte à qui elle avait parlé) se balançait sur une branche juste au-dessus de sa tête et l'éventait de ses ailes.
A vrai dire, c'était un très, très gros Moucheron « à peu près de la taille d'un poulet », pensa Alice. Malgré tout, elle n'arrivait pas à avoir peur de lui, après la longue conversation qu'ils avaient eue."

Toujours pas de taon, mais un bombyle piquant sur un muscaris © Roger Puff

Toujours pas de taon, mais un bombyle piquant sur un muscaris © Roger Puff

"- ... alors tu n'aimes pas tous les insectes ? continua le Moucheron aussi tranquillement que si rien ne s'était passé.
- Je les aime quand ils savent parler, répondit Alice. Dans le pays d'où je viens, aucun insecte ne parle.
- Et quels sont les insectes que tu as le bonheur de connaître dans le pays d'où tu viens ?
- Les insectes ne me procurent aucune espèce de bonheur parce qu'ils me font plutôt peur... du moins les gros... Mais je peux te dire le nom de quelques-uns d'entre eux.
- Je suppose qu'ils répondent quand on les appelle par leur nom ? demanda le Moucheron d'un ton négligent.
- Je ne les ai jamais vus faire cela.
- A quoi ça leur sert d'avoir un nom, s'ils ne répondent pas quand on les appelle ?
- Ça ne leur sert de rien, à eux, mais je suppose que c'est utile aux gens qui leur donnent des noms. Sans ça, pourquoi est-ce que les choses auraient un nom ?
- Je ne sais pas. Dans le bois, là-bas, les choses et les êtres vivants n'ont pas de nom... Néanmoins, donne-moi ta liste d'insectes."


 

ce n'est pas une liste, mais une file de criquets sortant d'un filet © Roger Puff

ce n'est pas une liste, mais une file de criquets sortant d'un filet © Roger Puff

"- Eh bien, il y a d'abord le Taon, commença Alice, en comptant sur ses doigts.
- Et qu'est-ce que le Taon ?
- Si tu préfères, c'est une Mouche-à-chevaux, parce qu'elle s'attaque aux chevaux.
- Je vois. Regarde cet animal sur ce buisson : c'est une Mouche-à-chevaux-de-bois. Elle est faite entièrement de bois, et se déplace en se balançant de branche en branche.
- De quoi se nourrit-elle ? demanda Alice avec beaucoup de curiosité.
- De sève et de sciure. Continue, je t'en prie.
Alice examina la Mouche-à-chevaux-de-bois avec grand intérêt, et décida qu'on venait sans doute de la repeindre à neuf, tellement elle semblait luisante et gluante. "



 

une libellule indubitablement des ruisseaux © Roger Puff

une libellule indubitablement des ruisseaux © Roger Puff

"Puis, elle reprit :

- Il y a aussi la Libellule-des-ruisseaux.
- Regarde sur la branche qui est au-dessus de ta tête, et tu y verras une Libellule-des-brûlots. Son corps est fait de plum-pudding ; ses ailes, de feuilles de houx ; et sa tête est un raisin sec en train de brûler dans de l'eau-de-vie.
- Et de quoi se nourrit-elle ?
- De bouillie de froment et de pâtés au hachis de fruits ; elle fait son nid dans une boîte à cadeaux de Noël."

sur les marguerites papillon et sirphe se cotoyent © Roger Puff

sur les marguerites papillon et sirphe se cotoyent © Roger Puff

"- Ensuite, il y a le Papillon, continua Alice, après avoir bien examiné l'insecte à la tête enflammée (tout en pensant :« Je me demande si c'est pour ça que les insectes aiment tellement voler dans la flamme des bougies.... pour essayer de devenir des Libellules-des-brûlots ! »)
- En train de ramper à tes pieds, dit le Moucheron (Alice recula ses pieds vivement non sans inquiétude), se trouve un Tartinillon. Ses ailes sont de minces tartines de pain beurré, et sa tête est un morceau de sucre.
- Et de quoi se nourrit-il ?
- De thé léger avec du lait dedans.
Une nouvelle difficulté se présenta à l'esprit d'Alice :
- Et s'il ne pouvait pas trouver de thé et de lait ? suggéra-t-elle.
- En ce cas, il mourrait, naturellement.
- Mais ça doit arriver très souvent, fit observer Alice d'un ton pensif.
- Ça arrive toujours, dit le Moucheron."


 

désolé je n'ai pas trouvé de photo de Tartinillon, c'est une eppiphigère sur un tamis © Christian Tauziède

désolé je n'ai pas trouvé de photo de Tartinillon, c'est une eppiphigère sur un tamis © Christian Tauziède

"Là-dessus Alice garda le silence pendant une ou deux minutes, et se plongea dans de profondes réflexions. Le Moucheron, pendant ce temps, s'amusa à tourner autour de sa tête en bourdonnant. Finalement, il se posa de nouveau sur la branche et demanda :
- Je suppose que tu ne voudrais pas perdre ton nom ?
- Non sûrement pas, répondit Alice d'une voix plutôt anxieuse.
- Pourtant ça vaudrait peut-être mieux, continua le Moucheron d'un ton négligent. Songe combien ce serait commode si tu pouvais t'arranger pour rentrer chez toi sans ton nom ! Par exemple si ta gouvernante voulait t'appeler pour te faire réciter tes leçons, elle crierait : « Allons ».... puis elle serait obligée de s'arrêter, parce qu'il n'y aurait plus de nom qu'elle puisse appeler, et, naturellement, tu ne serais pas obligée d'y aller.
- Ça ne se passerait pas du tout comme ça, j'en suis sûre. Ma gouvernante ne me dispenserait pas de mes leçons pour si peu. Si elle ne pouvait pas se rappeler mon nom, elle crierait : « Allons, là-bas, Mademoiselle! »
- Eh bien, si elle te disait : « Allons là-bas, Mademoiselle ! » sans rien ajouter d'autre, tu t'en irais là-bas, et ainsi tu ne réciterais pas tes leçons. C'est un jeu de mots. Je voudrais bien que ce soit toi qui l'aies fait !
- Pourquoi voudrais-tu que ce soit moi qui l'aie fait ? C'est un très mauvais jeu de mots !
Mais le Moucheron se contenta de pousser un profond soupir, tandis que deux grosses larmes roulaient sur ses joues.
- Tu ne devrais pas faire de plaisanteries, dit Alice, puisque ça te rend si malheureux.
Il y eut un autre soupir mélancolique, et, cette fois, Alice put croire que le Moucheron s'était fait disparaître en soupirant, car, lorsqu'elle leva les yeux, il n'y avait plus rien du tout sur la branche. Comme elle commençait à avoir très froid à force d'être restée assise sans bouger pendant si longtemps, elle se leva et se remit en route."

 

Rouge et noir c'est un clairon © Roger Puff

Rouge et noir c'est un clairon © Roger Puff

Alice ne voulait pas perdre son nom.

Elle avait bien raison.

Aussi nos insectes ont-ils tous aussi un nom, un nom vernaculaire bien sûr, mais surtout un nom latin, bien compliqué, mais qui permet aux entomologistes du monde entier de savoir de qui ou de quoi ils parlent...

Celui-ci, le clairon, c'est un clairon des abeilles (trichodes apiarius) : sa larve vit dans les trous des abeilles solitaires, à moins que ce soit t. alvearius  le clairon des ruches.

Merci Monsieur Carl von Linné pour le nom des insectes, merci Monsieur Lewis Caroll pour ces extrait du chapitre Miroir des Insectes dans Alice au Pays des Merveilles.
 

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Publié le 5 Juillet 2017

Il vous reste un peu moins de 2 mois, très exactement 57 jours, pratiquement 8 semaines pour envoyer vos photos.

N'attendez pas la dernière minute.

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Le Jury se réunira fin septembre pour attribuer ses prix et sélectionnera les photos qui seront soumises au vote du public, à l'occasion d'une exposition du 21 au 28 octobre, jour de la remise des prix.

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