Publié le 25 Janvier 2018
Le 7ème jour, il faut se lever aux aurores. C’est le Kruger. Notre ranger est en short. Il n’a pas l’air d’avoir froid. Il fait gris. Nous, on va bien avoir besoin des couvertures, car à 30 ou 40 km/h il ne fait vraiment pas chaud du tout. Moi qui croyais qu’on aurait très chaud en Afrique. Il faut dire que c’est le tout début du printemps austral.
Le safari débute par un crocodile et son fidèle compagnon, un ibis blanc dans la rivière. Nous pénétrons dans la Parc par Malelane Gate. N’entre pas qui veut. Et c’est parti : girafes, éléphants, rhinocéros, re-éléphants, re-rhinos qui traversent la route, zèbres qui eux aussi traversent la route (ils ont priorité tout le temps puisqu’ils portent les passages zébrés sur eux), re-rhinos (bon je ne reviendrai pas sauf exception sur les animaux déjà vu dans la matinée), de beaux oiseaux comme ce calao à bec rouge, un lion en fait une lionne – notre 4ème big five …
Je suis obligé de revenir à l’énumération : rhinos, éléphants, impalas (le ranger nous demande de ne plus les signaler car ils sont partout), … Ah, une nouveauté une hyène couchée au bord de la route. Appel radio (les rangers sont tous reliés et c’est super efficace). Le ranger crie « Lions ! » et c’est parti, on fonce. On fait bien 10 km pour arriver au rendez-vous. Tout près de la route, moins de 20 mètres, un couple de jeunes lions, deux lionnes, d’autres encore… en tout 6 ou 8 bêtes magnifiques et sur la route une dizaine de 4x4… Spectacle magnifique. On a de la chance d’avoir vu deux fois des lions. Il parait qu’ils se font plus rares quand il fait beau.
C’est la pause. Tous les 4x4 sont là, il y en a bien une vingtaine, voire plus, plus des bus et des voitures particulières. Un petit singe, un grivet, saute sur notre 4x4 et va voir s’il n’y aurait pas quelque chose à chaparder. Nous prenons enfin notre petit-déjeuner tiré du sac Il n’est que 9h00 mais on a déjà énormément vu d'animaux. Un grivet vient piquer une pomme qu’on s’apprêtait à croquer. Il file. Des piafs de toutes les couleurs, des espèces de merles bleus (des drongos brillants), de petites tourterelles (tourterelles maillées), des cailles (francolin ?), des calaos et des écureuils, viennent mendier des miettes. Je pars faire quelques photos d’insectes, mais je me fais rappeler à l’ordre : il ne faut pas s’éloigner, il y a des bêtes dangereuses. Je l’avais oublié. Je suis bredouille.
La boutique de souvenirs. Là on peut trouver des insectes en métal : fourmis, libellules et même un bousier et sa pilule… Faible consolation.
Et c’est reparti : phacochères, buffles, … Stop ! Là, couchés, du nouveau, des lycaons… Non pas le papillons Hyponephele lycaon, mais le canidé Lycaon pictus, le chien sauvage africain. Le ranger nous dit qu’encore une fois nous avons une très grande chance car il n’a pas souvent l’occasion d’en voir. Ils sont à environ une trentaine de mètres et nous observent attentivement. A nouveau des lions (3ème fois), mais devant une dizaine de 4x4. Nous on passe, on a vu bien mieux. Des impalas. Tiens un bel oiseau noir à cou rouge, c’est un Bucorve du Sud. Des girafes, un grand koudou traverse la route, fier comme Artaban, zèbres, gnous, hippos, babouins, à nouveau une hyène, j’en passe des tas, éléphants, rhinos, etc. Mais je suis désolé, vous ne verrez pas mes photos : c'est d'un "safari insectes" que j'ai l'intention de vous rendre compte.
Et c’est le repas de midi, un barbecue de morceaux de poulet et de boerwors, traduction des saucisses paysannes, mets d’origine africaans apprécié de tous ici. Je photographie un gros lézard. Une compagne de voyage me signale un drôle d’insecte sur une table en pierre. C’est une mouche prédatrice, de la famille des Asilidae. Il y en a 6000 espèces dans le monde. On se passera d’identification.
Nous quittons le Kruger, encore quelques animaux. Nous avons notre compte de souvenirs. Tiens, nous n’avons toujours pas eu notre 5ème big five.
Nous arrivons à un nouveau lodge dans la réserve privée de Manyeleti. La nuit sera sous la tente (en fait c’est loin d’être une canadienne…). Mais d’abord encore un safari, cette fois-ci nocturne. Un éléphant monte la garde à l’entrée de la réserve. Nous commençons par voir quelques animaux, des impalas, un vautour, des koudous, ... à présent il convient de faire une pause pour prendre l’apéritif au coucher de soleil (le ciel est couvert, le soleil se cache bien, l’apéro se fera sans lui). Ce sera un amarula, un breuvage fait avec des fruits fermentés dont raffoleraient les éléphants.
Départ au crépuscule. La nuit arrive, des koudous, des rhinos, … La nuit tombe, le ranger balaye la pénombre avec un projecteur à la recherche d’yeux animaux. La moisson sera modeste - une belle girafe, une hyène, un koudou - mais spectaculaire.
Après le repas, nous gagnons nos tentes. Un singe viendra sur le toit de la nôtre faire le singe, mais surtout il s’aventurera dans la salle de bain ouverte à tous vents pour goûter à ma pâte à raser. Délicat il remettra le tube dans le sac et ce n’est que le soir suivant que je verrai les dégâts.
8ème jour. Au programme le Canyon de la Blyde au nord de la chaîne du Drakensberg, à la frontière de la province du Limpopo. Nous partons de bonne heure car la route est longue avant d’y arriver. Soudain Lassana, notre guide, arrête le chauffeur. « Leopards ! ». Et voilà notre 5ème big five. Ils sont deux et longent nonchalamment le barbelé d’une réserve privée, à 20 mètres de la route. Nous photographions à tout va. Un régal.
Nous arrivons au point d’accueil des visiteurs, accueillis par une tribu de babouins. Depuis la terrasse qui domine le lac formé par un barrage (construit par un architecte français), je vois filer deux antilopes, des céphalophes…
Nous voilà embarqués sur le lac. La guide est une française, ancienne enseignante en SVT venue de La Réunion. Nous apprenons beaucoup de choses passionnantes.
Sur la rive des oiseaux, un magnifique ibis noir au long bec, une tête blanche couronnée de rouge, c’est l’ibis à tête chauve d’Afrique du Sud, Geronticus calvus. Un crocodile, des babouins et des hippopotames… Pas d’insectes une fois de plus. Le tout dominé par les hautes falaises du canyon, 800 m de dénivelé, et le massif des « The three rondavels », rondavel c’est hutte indigène en africaans.
Le voyage se poursuit. Après avoir vu le fond du canyon, le 3ème plus profond au monde, il faut le voir du dessus. Au premier point de vue, c’est assez impressionnant de découvrir tout en bas là où nous étions sur l’eau.
Il fait soleil et plutôt chaud. Je vois des papillons… En voici un jaune, assez grand. On dirait un flambé. Mais impossible de la photographier. En voici un autre, sombre, qui s'est posé. Je vais essayer de l’avoir. La photo est mauvaise, mal cadrée. Difficile à identifier avec juste un peu du bout coloré des ailes. Je penche - après recherche sur le net - pour Precis octavia, en anglais gaudy commodore, un papillon de la famille des Nymphalidae, dans sa forme hivernale. Dommage qu’il ne m’ait pas présenté toute la face de ses ailes, car ce grand papillon est magnifique.
Voici une grosse mouche, sans doute une espèce de volucelle à l’abdomen rayé noir-blanc-jaune. Et là une espèce d’abeille ou de mouche noire à l’abdomen au bout orange, mais ma photo est trop floue. Je vous en fait grâce. A un autre point de vue sur le canyon, il y a un bassin plein de tétards et un bel ichneumon roux qui se pose. Là encore photo floue… Misère.
La journée se termine dans un village d’une ancienne mine d’or. Beaucoup de boutiques pour touristes et de vieilles maisons sous les jacarandas. Tiens des ronds de serviettes décorés de libellules. Des libellules nous en avons vues du côté du Cap, des rouges, mais elles filaient au-dessus de l’eau, impossible à photographier.
Nous arrivons au lodge. Le lit a une moustiquaire. Y aurait-il des moustiques ? Depuis le début du voyage, je n’en ai vu ou entendu aucun.
Pendant le repas le chat s’amuse avec un gros criquet. Le garçon le prend et va le déposer dehors, mais avant je le photographie. C’est indubitablement Nomadacris septemfasciata, le Criquet nomade ou Criquet rouge.
En allant me coucher, un papillon de nuit sur le pas de la porte, on dit moth en anglais, et souvent les journalistes français traduisent mite. D’après mes recherches , ce pourrait être une noctuelle de l’espèce Pzeudozarba bipartita ou proche.
9ème jour : Au petit matin, on me signale deux beaux grands papillons de nuit, posés sur les murs de nos lodges. Difficile à identifier. Le premier beige présente un ocelle sur chaque aile. Celui qui lui ressemble le plus dans les photos que je trouve est Saturnia Rinaca Thibeta, mais il est du Tibet… Ceci dit ce specimen semble bien être de la famille des Saturniidae. Serait-ce Saturnia pavonia, le petit paon de nuit ? Il lui ressemble fort en tout cas. Je lis qu’il y a plus de 70 espèces de saturnidés…
L’autre, plus foncé, montre un ocelle sur l’aile antérieure et une large frange beige. On dirait également un saturnidé. Là encore au vu de photos, je penche pour Gynanisa maja (en anglais speckled emperor - l’empereur moucheté - ou chipumi), si les ailes postérieures avaient été plus visibles, on aurait peut-être levé le doute en voyant leurs grands ocelles.
On remarque en quittant les lieux qu’il y avait des ruches. Mais je n’ai pas vu les abeilles au travail. Trop froid, nous sommes à présent en altitude.
Nous partons pour Prétoria. La route est longue une fois de plus. A 14h00 je photographie deux mouches qui copulent. Passons sur ces grivoiseries, je vous fais grâce du cliché, réussi pourtant. Nous sommes dans le Limpopo et nous avons encore de beaux paysages.
Nous arrivons dans la région des mines. On voit de loin des mines de charbon à ciel ouvert et de nombreuses centrales thermiques. Nous allons cependant visiter une mine de diamants, celle de Cullinan, là où en 1905 le plus gros diamant éponyme a été extrait : 3100 carats, 620 grammes. Brut il a été taillé en 9 pierres et 96 brillants. Notre chemin se poursuit. Nous arrivons dans le Gauteng, le pays de l’or en langue sesotho.
Voici Prétoria, la Présidence avec la statue géante de Nelson Mandela. Je fais le tour du jardin public qui l’entoure. Pas l’aile d’un butineur, pas la moindre écaille de papillon. Incroyable. Visite de la ville. Visite du Voortrekker Monument érigé en mémoire des pionniers boers et de leur grand Trek, leur migration entre 1835 et 1838 depuis la région du Cap jusqu’ici.
Dans les jardins du Monument des aloès et sur leurs feuilles, des insectes enfin… Ce sont des cochenilles…
Arrivés dans un grand hôtel. Le top du top. 260 chambres. On ouvre le lit. Chic un insecte : un mignon petit cafard. Voilà qui remonte le moral.
Au restaurant, immense (300 sièges), on va manger des grillades de koudou, on dirait du veau, d’éland (Taurotragus oryx), d’impala, de springbok, de la viande rouge … dans un cadre africain typique, mais c’est fait pour les touristes…
10ème jour : Et voilà notre dernier jour. Nous sommes à Johannesburg. Visite du Musée de l’Apartheid, émouvant, avec une superbe exposition sur Nelson Mandela, visite et repas dans un ancien bar clandestin, un shebeen, à Soweto… et ensuite la rue des Prix Nobel où habitaient Nelson Mandela et Desmond Tutu,
Il est l’heure de gagner l’aéroport. Sur notre route nous découvrons le stade où se sont "illustrés" nos footballeurs en ne descendant pas du bus lors de la Coupe du Monde en 2010.
Stop ! Dans la porte tambour d’entrée dans le hall de départ, un compagnon de voyage me signale un insecte de belle taille. On s’arrête. Mon épouse le ramasse délicatement avec son écharpe. Surprise c’est un superbe rhinocéros… Sa corne est cassée. Le coléoptère s’était coincé dans la porte. Je le photographie sous toutes les coutures avec mon téléphone mobile. Mon épouse va délicatement le déposer dehors dans un bac de plantes. On a perdu le groupe … Où sont-ils tous passés. Les voilà. Lassana, notre guide, lui aussi conquis, se demande s’il ne va pas se mettre à l’entomologie et proposer des safaris insectes. Bonne idée.
A l’arrivée la corne du bouchon rhinocéros de verre était cassée elle aussi. Il a fallu la recoller. Mais cela n'a pas tenu.
Post scriptum. Comme tous nos compagnons de voyage étaient sensibilisés par la photo d’insectes, un couple ayant fait l’extension aux chutes Victoria, m’a envoyé la photo d’une magnifique bestiole. Remarquable, c’est un coléoptère de la famille des Cerambycinae, un mâle de Purpuricenus laetus laetus, que l’on rencontre essentiellement en Afrique australe (Mozambique, Zimbabwe, Botswana, Zambie, Namibie et Afrique du Sud.). Wouah !