En islandais papillon se dit fiðrildi, mais les traducteurs en ligne les plus courants vous diront butterfly, et, en plus, des papillons en Islande, vous n’en verrez guère.
Nous sommes allés en Islande à mi-juin et je savais que ce n’était pas pour voir et photographier des insectes. D’ailleurs j’avais lu qu’il n’y en avait pas beaucoup. Un site Internet me disait qu’il n’y avait qu’environ 1300 espèces d’insectes, principalement des mouches et des moucherons, et surtout qu’il n’y avait ni moustiques, ni fourmis. Idéal pour le pique-nique.
Bien sûr nous y allions pour les paysages, les volcans, les glaciers, les geysers, et pour voir de nos yeux le pays où évolue Erlendur, le personnage des romans policiers d’Arnaldur Indriðason, encore que cela se passe souvent en hiver dans la neige.
vers 22h Sólfar, le Voyageur du Soleil (Reykjavik) ©Roger Puff
Arrivée en milieu d’après-midi à Keflavik, l’aéroport de Reykjavik, vik la baie, reykur la fumée, la Baie des Fumées. Après avoir pris en charge la voiture de location, nous sommes rapidement à notre hôtel en centre-ville, mais tout de même à 50 km de l’aéroport par une belle autoroute et une circulation peu dense. L’agglomération de Reykjavik compte 220 000 habitants, pratiquement les deux tiers de la population du pays. Nous avons tout le temps de faire une visite de la capitale en débutant par le bord de mer avec Sólfar, le Voyageur du Soleil, une sculpture d’acier évoquant un bateau viking. En allant vers le port, on découvre un très grand bâtiment de verre, c’est Harpa, la salle de concerts et de congrès. Puis après découverte de Tjörnin, un petit lac en pleine ville. C’est le moment de pénétrer dans la ville en se dirigeant vers Hallgrímskirkja, l’église luthérienne dont l’architecture symbolise les orgues basaltiques que nous allons découvrir en vrai au cours de notre voyage.
Bourdon dans un jardin de Reykjavik ©Roger Puff
Bien sûr je scrute les espaces verts, les jardinets entourant les petites maisons colorées. Quelques mouches et surprise, … un bourdon, apparemment un cul blanc. Je dégaine mon réflex équipé de mon objectif passe-partout, un zoom Sigma macro 18-200 mm. Qualité plutôt médiocre de la photo, ce sera le cas pour pratiquement toutes mes macros. Il y a donc des hyménoptères en Islande. Est-ce un bourdon échappé d’une serre ? Il y a beaucoup de serres, chauffées par la géothermie, et il est bien possible que les maraîchers en importent pour la pollinisation.
Voilà pour le premier jour
Chutes de Hraunafossar ©Roger Puff
Le deuxième jour, départ pour la côte Ouest, la vallée de Borgarfjödur, les magnifiques chutes d’eau de Hraunafossar et Barnafoss de la rivière Hvita, du côté d’Húsafell et Reyholt. Les paysages sont superbes et ce qui surprend, ce sont les immenses étendues couvertes de lupins (lúpínu). Les lupins sont partout en Islande et quand il n’y en pas ce sont les pissenlits (túnfífill, un bien joli nom).
mouche sur pissenlit ©Roger Puff
D’ailleurs les diptères sont innombrables sur les fleurs de túnfífill, mais on en trouve aussi sur les fleurs de bouton d’or. J’ai noté la présence de mouches très similaires à nos mouches domestiques, famille des Muscidae.
Syrphe sur bouton d'or ©Roger Puff
Mais il y a aussi des syrphes, celui de la photo pourrait être Syrphus torvus (Blómsveifa) d’après les dessins de son abdomen Je vois aussi quantité de petits papillons, des micro-lépidoptères qui se posent les ailes le long du corps, il y a donc des espèces de fiðrildi. Pas facile à photographier.
Espèce de géomètre indéterminée ©Roger Puff
Dans un coin un peu plus aride, nous nous engageons dans un sentier autour d’un petit canyon se terminant par une cascade évidemment, le Baejargil, où un artiste a gravé des blocs de lave. Voici un papillon pas bien grand qui me laisse voir ses ailes à plat, une espèce de géomètre ? Tiens avec des nuits de moins de quatre heures, jamais noires, les papillons de nuit ne peuvent être qu’insomniaques.
Exemple de chevaux islandais ©Roger Puff
Le troisième jour, nous partons pour faire le tour de la péninsule de Snæfellsnes, dominée par un glacier qui culmine à 1446 m, le Snæfellsjökull. Au fait jökull veut dire glacier. Même si ce sont des volcans, les montagnes couvertes de neige sont toujours appelées jökull. Il y en aura bien d’autres des jökull. La côte est verdoyante, entrecoupée de vastes champs de lave, ponctuée de petits ports de pêche sympathiques Olafsvik, "la baie d’Olaf", Rif, Hellisandur, le majesteux rocher de Kirkjufell la "montagne église", isolé en bord de mer, plus loin la cascade de Kirkjufellsfossi, foss vous l’avez compris veut dire cascade. Beaucoup d’oiseaux de mer bien entendu, des goélands, les eiders dont le duvet fait les édredons, mais aussi les magnifiques chevaux islandais. Des petites fleurs rampantes et de petites orchidées.
Trois moucherons sur bouton d'or ©Roger Puff
Trois moucherons sur pissenlit ©Roger Puff
Des insectes ? J’ai vu quelques moucherons sur pissenlits ou boutons d’or, Ranunculus repens. Rien que des moucherons…et on dirait qu'ils vont toujours par trois.
Vue sur le Snæfellsjökull ©Roger Puff
Le quatrième jour, nous quittons la péninsule et le Snæfellsjökull, toujours des lupins, encore et encore, des boutons d’or avec mouchettes, des eiders, des bécassines, des moutons, des chevaux. Voici rampante la fameuse plante au goût d’huitre, Mertensia maritima. Direction les fjords du Nord.
Vue sur les arches Hvitserkur ©Roger Puff
Voici la péninsule de Vatnsnes avec, au fond du Húnafjörður, un bloc de basalte de quinze mètres de haut découpé par la mer formant une double arche : le Hvítserkur. Plus loin ce sera le Borgarvirki, la citadelle, sur une éminence comme un château fort formé par des colonnes basaltiques. On est à 177 m d’altitude. Il fait beau mais plutôt frais, on supporte une doudoune et un bonnet. Question insecte, la récolte est quasi nulle.
Petit papillon ©Roger Puff
Ce n’est qu’après le repas dans notre guesthouse, qu’au cours d’une promenade tardive mais encore bien ensoleillée, que je suis parvenu à attraper un petit papillon que j’ai pu photographier au bout de mes doigts. Il ressemblait fort à celui immortalisé l’avant-veille.
Une mouche sur une marguerite jaune ©Roger Puff
Le cinquième jour devait nous mener de la région de Hvammstangi à celle de Akureyri, un port important, capitale de la région Norðurland eystra (autrement dit région du Nord-Est), la 4ème ville d’Islande, après Reykjavik et deux villes de sa banlieue, avec presque 18 000 habitants. Ne vous imaginez pas que je vais vous détailler le circuit avec les photos de tous les sites que nous avons découverts. Le blog de l’Agrion de l’Oise est consacré aux insectes, pas au tourisme ! Enfin l’un n’empêche pas l’autre. A Sauðárkrókur, une petite ville portuaire, il fait plein soleil, on se promène parmi les maisons colorées. Des parterres de fleurs de toutes les couleurs. Des insectes ? Sur les marguerites, des mouches, encore des mouches, que des mouches.
Ferme Glaumbær, bâtie en blocs de tourbe ©Roger Puff
Voici un musée, un écomusée plutôt, la ferme Glaumbær, bâtie en blocs de tourbe.
La mouche bleue ©Roger Puff
Tiens une mouche bleue… Serait-ce Calliphora vomitoria, la mouche à viande ? A moins que ce soit Fiskifluga, la mouche du poisson Calliphora uralensis.
Eglise de Vidimyri ©Roger Puff
A la petite église au toit de tourbe de Vidimyri, ...
Moucherons sur fleur rose ©Roger Puff
... quelques fleurs peuplées d’une espèce de mouches plutôt malingres. Elles ressemblent à Psila rosae, la mouche de la carotte.
, Plus loin je vais pouvoir photographier un papillon sur des plantes de rocaille.
Mouches coprophages ©Roger Puff
Mais surtout de belles mouches orangées sur une bouse… ici il n’y a manifestement pas de coléoptères coprophages, les mouches ont l’exclusivité du traitement. Je parie pour Scatophaga stercoraria, la mouche stercoraire, autrement dit mouche du fumier. En islandais Mykjuflugur. Flugur, c’est mouche, là encore vous suivez.
Vue sur le port d'Akureyri depuis l'autre côté du fjord ©Roger Puff
Des rochers découpés dominent la route vers Akureyri. Arrivée sur le port, au fond du Ejyarfjördur, où un énorme paquebot déverse ses fumées soufrées. La ville est animée, il fait très beau, au moins 18°C, les terrasses sont pleines…
Vue sur le fjord à Greivik ©Roger Puff
Mais notre nuit ne sera pas en ville, nous repartons d’abord plein nord sur la rive est du fjord vers un village au bout de la route en cul de sac, Grenivik. Le calme, la mer, les montagnes enneigées, un petit musée de la pêche, des chevaux et des lupins…
Bombus lucurum ©Roger Puff
Et un autre bourdon, le 2ème depuis notre arrivée. Dans les lupins, un joli cul blanc, je dirai au vu la répartition de ses couleurs Bombus lucorum ? Je crois bien que oui. Mais il faut que je vous le dise : j’ai trouvé à acheter quelques jours plus tard un bouquin sur les insectes d’Islande. Je vous en dirai plus prochainement. Il y a bien en Islande Bombus lucorum (Húshumia), mais aussi Bombus jonellus (Móhumla) plus jaune, endémique des Iles Hespérides au large de l’Écosse – désolé je n’ai pas trouvé de noms vernaculaires en français - et cet insecte n’est donc, jusqu'à preuve du contraire, pas sorti d’une boite importée des Pays-Bas : c’est bien un insecte local, qui supporte bien le climat et contribue à la pollinisation. Cela étant, il s’agissait probablement d’une reine, car la saison n’était pas encore très avancée ; de plus les espèces nordiques produiraient très peu d’ouvrières, la saison d’été trop courte ne permettant pas le développement de colonies.
Si vous le voulez bien je m’arrête ici et vous donne rendez-vous dès que possible pour la suite de ce voyage.
A suivre