Publié le 27 Septembre 2020

Programme de l'Agrion de l'Oise pour le 4ème trimestre 2020
  • Dimanche 4 octobre 2020

Conférence : "Mais qui a dit que le moustique-tigre transmettait le coronavirus ? une infox"

Par Roger PUFF, président de l’Agrion de l’Oise

14h45, Quartier Ordener, 60300 SENLIS, pour la Fête de la Science, dans le cadre des 4èmes Journées Biodiversité du 3 au 11 octobre et du 4ème Séminaire Biodiversité entomologique de l’Oise

avec exposition par l’Agrion de l’Oise de posters sur les maladies transmises par les insectes

Gratuit, ouvert à tous

  • Samedi 10 octobre 2020

Conférence : "L’entomologie judiciaire ou forensics"

par Laetitia FILLATRE, experte en entomologie judiciaire, DREAL Beauvais

16 h, salle de Bufosse Complexe sportif Gérard Level 60550 VERNEUIL-EN-HALATTE.

Gratuit, inscription conseillée (places limitées)

  • Samedi 24 au samedi 31 octobre 2020

Exposition des photos sélectionnées et vote du public pour le 7ème Concours Insectes de France

Galerie marchande du centre commercial Val d’Halatte (Centre LECLERC)  60700 PONT-SAINTE-MAXENCE

Vote tous les jours de 9h à 19h, dimanche de 10h à 12h30

Remise des Prix samedi 31 octobre, 17h30, 2 bulletins votants tirés au sort recevront un prix

 

Programme de l'Agrion de l'Oise pour le 4ème trimestre 2020
  • Mardi 10 novembre 2020

2ème Festival du film documentaire entomologique de l’Oise en partenariat avec Mai du Cinéma

Film documentaire : « Papillons de France en liberté » en présence du réalisateur Thierry CARABIN, durée 65 mn

  20h30, Cinéma « LE PALACE » rue des Pêcheurs 60700 PONT-SAINTE-MAXENCE

 Tarif 5 € adhérents des associations organisatrices, 6,5 € tarif normal

  • Mercredi 11 novembre 2020

  Ciné-goûter en partenariat avec Mai du Cinéma

  Film d’animation estonien « Captain Morten et la Reine des Araignées »

  14h, Cinéma « LE PALACE » rue des Pêcheurs 60700 PONT-SAINTE-MAXENCE.

  tarif 5 € par personne

  • Mardi 17 novembre 2020

 Conférence : "Maria Sybilla Merian, première femme entomologiste"

  par Jean-Louis Fischer, historien des sciences

  20 h, salle Philippe de Boulainvilliers – Manoir Salomon de Brosse  60550 VERNEUIL-EN-HALATTE

Gratuit, inscription conseillée

  • Mardi 15 décembre 2020

 Conférence : "L’entomologie archéologique"

 par Jean-Hervé Yvinec, archéo-entomologiste au Centre de recherches archéologiques de la Vallée de l’Oise (CRAVO) à Compiègne et  président de l’Association des Entomologistes de Picardie (ADEP)

 20 h, Espace Saint-Georges 60700 LES AGEUX

Gratuite, inscription conseillée

 

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Publié le 23 Septembre 2020

L’Empuse pennata avec son oothèque © Joël Tribhout

L’Empuse pennata avec son oothèque © Joël Tribhout

Cette découverte du département de l’Ardèche, je la voulais très nature, sauvage, tranquille. C’est pourquoi mon choix s’est porté dans un pays de caractère à mi-chemin entre la montagne ardéchoise et les gorges de l’Ardèche, en plein cœur du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche.

C’est dans le charmant village de Chirols, situé à 460 m d’altitude que débute cette balade touristique et entomologique.

Le Sphinx du palmier © Joël Tribhout

Le Sphinx du palmier © Joël Tribhout

Entouré d’une végétation luxuriante, je pixélise mon premier insecte prenant le soleil sur une palme de palmier, le très beau Sphinx du palmier (Paysandia archon), dont l’envergure peut atteindre 11 cm.

Peu farouche, il se laisse approcher à 1cm, ce qui me permet d’admirer la structure détaillée des écailles sur ses ailes et son thorax. Si ce papillon me séduit par ses belles couleurs, il n’en reste pas moins l’ennemi de cette plante, car il n’a pas de prédateur. Il a été introduit accidentellement lors de l’importation de palmiers venus d’Argentine.

La Cigale grise de l'orne © Joël Tribhout

La Cigale grise de l'orne © Joël Tribhout

Cette première journée autour du gîte se veut également sonore avec le chant des Cigales dont  je me suis promis d’approcher de très près. La difficulté avec cet insecte de l’ordre des Hémiptères, c’est qu’au moindre bruit il s’arrête de chanter ou de cymbaliser. La Cigale possède un organe situé dans son abdomen appelé cymbale. Ce son, chez le mâle, a pour but d’attirer la femelle ou d’annoncer un danger. Ici c'est l'espèce Cigale grise de l'orne (Cicada orni) qui a été photographiée. On l'appelle aussi Cigale panachée ou Cigale du frêne et localement le Cacan. Le nom de l'espèce provient de l'arbre où la cigale dépose ses œufs : le Frêne à fleurs ou Orne).

 

Le village de Jaujac © Joël Tribhout

Le village de Jaujac © Joël Tribhout

Les degrés, en ce début du mois d’août, sont en folie. Il est temps d’aller chercher un peu de fraîcheur sur les bords de la rivière Lignon. Nous partons en direction du charmant village cévenol de Jaujac.

Nous prenons de la hauteur en arpentant d’agréables venelles jusqu’à la table d’orientation pour découvrir ce village niché entre le plus jeune volcan ardéchois et de longues coulées basaltiques classées Geopark mondial UNESCO.

Coulées basaltiques à Jaujac © Joël Tribhout

Coulées basaltiques à Jaujac © Joël Tribhout

Arrivés au bord de l’eau, nous sommes sous le charme par le cadre qui nous entoure avec ses coulées basaltiques.

Le Gomphe à pinces © Joël Tribhout

Le Gomphe à pinces © Joël Tribhout

Mon œil est tout de suite attiré par le vol d’une libellule. Ne la quittant pas du regard, elle finit par se poser sur un rocher à quelques mètres de moi. Je prépare mon appareil et j’avance doucement les pieds dans l’eau. Me voici, comme d’habitude à ma distance favorite de 1 cm. Je suis en présence du Grand Gomphe à pinces (Onyhogomphus  forcipatus).

Le Pont romain à Jaujac © Joël Tribhout

Le Pont romain à Jaujac © Joël Tribhout

Quelques mètres plus loin, nous franchissons un petit pont romain pour emprunter une calade qui désigne en Provence et Languedoc une ancienne voie de communication pavée de galets.

Le Petit agreste ou Mercure © Joël Tribhout

Le Petit agreste ou Mercure © Joël Tribhout

Je suis attiré par un accouplement de papillons, le Petit Agreste appelé aussi le Mercure (Arethusana arethusa) présent dans de nombreuses régions de France dans les landes sèches jusqu'à 1700 m.

 

Le Citron de Provence © Joël Tribhout

Le Citron de Provence © Joël Tribhout

Cette randonnée de 8 km me fera découvrir le Citron de Provence  (Gonopteryx cleopatra), un papillon de la famille des Pieridae qui essaie de se faire passer pour une feuille. Avec son nom latin, il ne faudrait pas le confondre avec Astérix et Cléopâtre.

Le Silène © Joël Tribhout

Le Silène © Joël Tribhout

Ainsi que le Silène (Brintesia circe) qui aime les lieux herbus secs. Il n'a qu'une génération par an et sa chenille hiberne sous terre.

Ciel après l'orage © Joël Tribhout

Ciel après l'orage © Joël Tribhout

De retour au gîte et après un orage impressionnant, nous découvrons un ciel splendide. Ne dirait-on pas un tableau de Turner.

La Lithosie quadrille © Joël Tribhout

La Lithosie quadrille © Joël Tribhout

A la nuit tombée, les papillons nocturnes veulent aussi se faire photographier telles la Lithosie quadrille (Lithosia quadra). C'est une femelle, le mâle n'ayant pas de points sur les ailes. Le genre Lithosia ne comprend que cette espèce en Europe.

Le Bombyx du chêne © Joël Tribhout

Le Bombyx du chêne © Joël Tribhout

Et le Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus) ou Minime à bandes jaunes. Le mâle peut voler de jour, la femelle seulement de nuit, attirant le mâle par ses phéromones.

Un Hyménoptère : Enicospilus purgatus © Joël Tribhout

Un Hyménoptère : Enicospilus purgatus © Joël Tribhout

Un Enicospilus purgatus de l’ordre des Hyménoptères, espèce de guêpe de la famille des Icheumonidae, attiré par les lumières, profite également de la séance photo .

 

Le Mont Gerbier de Jonc © Joël Tribhout

Le Mont Gerbier de Jonc © Joël Tribhout

Le lendemain nous décidons de partir au Mont Gerbier de Jonc (1551 m) où - comme nous savons tous, ou presque, depuis l'école primaire - la Loire prend sa source. Le temps est au beau et l’ascension se fait au ralenti car nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette envie. La récompense depuis le sommet, c’est une vue imprenable à 360°. Après une descente prudente, nous nous offrons un pique-nique face à ce dôme majestueux.

Le Criquet couleur parme © Joël Tribhout

Le Criquet couleur parme © Joël Tribhout

Et toujours mon regard scrute la végétation pour découvrir un Criquet à la couleur parme qui me laisse pantois. On parle d’apparition des morphes anormaux de plus en plus fréquentes chez ces Orthoptères. Certains ont cru à des canulars car cette coloration n'était pas décrite dans la littérature entomologique. Mais là, je vous l'assure, je n'ai pas photoshopé la photo.

La femelle de Dectique verrucivore © Joël Tribhout

La femelle de Dectique verrucivore © Joël Tribhout

En marchant sur le bas côté du chemin, une sauterelle femelle de Dectique verrucivore (Decticus verrucivourus) ou Sauterelle à sabre, de la famille des Tettigonoidae, bondit, puis se fige devant l’objectif. Son nom viendrait d'une pratique ancienne consistant à faire mordre les verrues par la bestiole pour les faire disparaitre sous l'effet caustique de ses sucs digestifs. Faudra que j'essaie.

Le Criquet aux yeux arc-en-ciel © Joël Tribhout

Le Criquet aux yeux arc-en-ciel © Joël Tribhout

De retour au gîte, un criquet me fait du charme avec ses yeux arc-en-ciel. Comme pour l'individu couleur parme, je me garde bien de vous nommer l'espèce de celui-ci, mais si vous les reconnaissez, n'hésitez pas à me le dire.

Joël Tribhout (à suivre)

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Publié le 14 Septembre 2020

La mouche et la montre © Roger Puff

La mouche et la montre © Roger Puff

 

Poursuivons l'article consacré aux insectes par William Paley dans son ouvrage Théologie naturelle ou Preuves de l'existence et des attributs de la divinité, tirées des apparences de la nature, paru en Angleterre en 1802, en 1813 en France.

Nous étions restés à l'abeille domestique, passons à un autre insecte domestique le ver à soie.

Araignée au nid © Roger Puff

Araignée au nid © Roger Puff

"L'organisation de l'abdomen du ver à soie et de l'araignée est aussi évidemment mécanique que la construction d'un moulin à fil d'archal. Il y a dans le ventre d'un ver à soie, deux poches remarquables par leur forme, leur position, et leur usage. Elles se roulent autour de l'intestin ; et lorsqu'on les étend elles ont dix pouces de long, quoique l'insecte n'en ait que deux. Il se rassemble dans ces poches une espèce de glu, qui en sort à la volonté de l'animal, par des grilles percées de trous infiniment resserrés. La glu qui passe par ces trous forme des fils déliés dont la réunion fait le cordon de soie que nous dévidons dans le cocon, et avec lequel le ver s'était construit sa prison. L'araignée forme sa toile avec des fils semblables. Elle commence par attacher un de ces fils gluants ; puis s'éloignant de ce point fixe, elle fait sortir de son corps des fils qui se moulent dans les trous de la grille, précisément comme des fils de métal dans une filière. Mais il y a cette différence, c'est que le fil est encore le métal en nature, au lieu que la substance sortie liquide du corps de l'animal se durcit à l'air et devient un fil solide et élastique. Il est probable que c'est l'action de l'air sur cette substance molle qui produit cette métamorphose : et cette propriété de la pâte fait partie de l'invention dont je parle. "

L'Epeire diadème, Araneus diadematus © Michel Huyvaert

L'Epeire diadème, Araneus diadematus © Michel Huyvaert

"Le mécanisme lui-même consiste dans les poches ou réservoirs qui contiennent la matière visqueuse, et dans les trous qui communiquent au dehors. L'action de la machine se voit dans l'expulsion de la matière au travers des trous, pour la formation du fil de la grosseur convenable. La sécrétion même est un procédé trop subtil pour notre observation ; mais nous voyons que chaque chose répond à l'autre : les glandes sécrétoires séparent une liqueur qui a précisément la qualité et la consistance nécessaires, Les réservoirs sont là pour la conserver. Les orifices sont faits de manière, non-seulement à décharger les réservoirs de l'excédent de la matière visqueuse, mais à façonner la glu et à en faire des instruments qui deviendront nécessaires à la vie de l'insecte."

Dans la ruche : a cire et le miel © Joël Tribhout

Dans la ruche : a cire et le miel © Joël Tribhout

"Les abeilles ont fourni aux naturalistes une grande variété d'observations intéressantes. Je ne considérerai ici que le rapport entre la cire et le miel. La simple inspection d'une ruche suffit à montrer combien le miel se trouve commodément logé dans le rayon ; et, en particulier, combien la distribution en diverses cellules est une circonstance heureusement inventée pour prévenir la fermentation du miel, laquelle a toujours lieu lorsque le miel est déposé en masse dans une température même moins chaude que celle d'une ruche. Je demande ce que les abeilles pourraient faire du miel si elles n'avaient pas la cire. Comment pourraient-elles le mettre en magasin pour l'hiver ? Une de ces deux substances est donc nécessaire à la conservation de l'autre, et cette dernière l'est à la vie de l'insecte. Mais ces deux choses si indispensables l'une à l'autre ont une origine différente : l'abeille trouve et rassemble le miel, mais elle fabrique la cire. Le miel, tel que le produisent les fleurs, est emmagasiné pour la provision d'hiver : la cire, au contraire, est le produit d'une digestion que fait l'abeille d'une matière pulvérulente. Comment expliquer ce concours ? L'animal, destiné à vivre de miel, a reçu une organisation particulière, qui lui permet de le recueillir dans les fleurs. Mais comme l'insecte a besoin de manger dans la saison où il n'est plus possible de recueillir du miel, il a été doué des moyens de construire des magasins pour conserver cette matière. Il fallait, pour cela, que l'abeille pût rassembler les matériaux dont elle avait besoin."

Retour de l'abeille mellifère © Joël Tribhout

Retour de l'abeille mellifère © Joël Tribhout

"Elle a, en conséquence, reçu la faculté de charger ses cuisses de la poussière fécondante des fleurs, procédé qui se réalise avec des espèces de pelles très commodes. Enfin elle a été douée de la singulière faculté de convertir, par une espèce de digestion, la poussière des étamines en une matière compacte. Je demande si cette suite de procédés, et ses rapports si justes entre les moyens et la fin, ne proclament pas hautement une intelligence créatrice."

Mouche verte, Lucilia caesar, à la toilette © Michel Huyvaert

Mouche verte, Lucilia caesar, à la toilette © Michel Huyvaert

"Un observateur nous a appris qu'une mouche qui a six jambes, a les deux jambes antérieures et les deux jambes postérieures pourvues de brosses avec lesquelles elle fait une espèce de toilette tantôt pour la tête et tantôt pour les ailes. Les deux jambes du milieu ne sont point pourvues de brosses semblables, parce que la mouche ne pourrait pas s'en servir. "

La femelle de ver luisant © Michel Huyvaert

La femelle de ver luisant © Michel Huyvaert

"Je n'ai guère donné jusqu'ici que des exemples du mécanisme employé dans l'organisation des insectes pour remplir les objets qui importent le plus à l'individu et à l'espèce. Je vais donner un exemple d'un procédé chimique employé dans le même but. Le ver luisant porte dans sa queue un réservoir de phosphore. Quelle est la raison de cette singulière propriété ? La voici. Le ver luisant est une femelle, dont le mâle est une espèce de mouche qui a des facultés et des habitudes absolument différentes de celles du ver. La femelle ne peut pas rencontrer le mâle dans les airs : le mâle dédaigne de ramper, et a besoin d'un signal qui l'attire : la lueur est un flambeau d'amour qui les réunit. C'est une grande opération chimique que la fabrication du phosphore : il se fait ici dans le corps de l'insecte."

La larve de libellule sortie de l'eau pour sa mue imaginale, s'y déplaçait par réaction © Michel Huyvaert

La larve de libellule sortie de l'eau pour sa mue imaginale, s'y déplaçait par réaction © Michel Huyvaert

"Quelques-unes des inventions qui ont eu le plus de célébrité dans les arts, sont parfaitement analogues à certains procédés de la nature, lesquels ont le même droit à être qualifiés d'inventions : j'ai déjà eu occasion d'en citer quelques exemples : nous en trouvons deux dans la classe des insectes dont les rapports avec les procédés des arts sont frappants. Il y a une larve qui vit dans l'eau, et qui est destinée à devenir une espèce de mouche. Sa manière de cheminer en avant est de lancer de sa queue une certaine quantité d'eau. Le fluide lancé se trouvant retardé par l'inertie du fluide immobile, il en résulte une répulsion qui fait cheminer l'insecte : c'est le principe de l’éolipyle : c'est celui qui fait monter avec rapidité, ou serpenter dans les airs certains feux d'artifice. "

L'Epeire fasciée, Argiope brunnichi © Michel Huyvaert

L'Epeire fasciée, Argiope brunnichi © Michel Huyvaert

"L'invention des ballons a étonné l'Europe. La nature avait employé avant nous le même procédé pour transporter dans les airs un insecte non ailé. Il y a une espèce d'araignée qui étend sa toile au travers d'un ruisseau, ou réunit deux branches de haies séparées par un chemin. Cet insecte n'a, dans sa construction, aucun moyen direct de traverser un espace en l'air : le Créateur y a pourvu : il lui a donné la faculté de filer avec la matière contenue dans son corps, un fil qui se trouve spécifiquement plus léger que l'air. Lorsque l'insecte en a filé une suffisante quantité pour que l'excès de légèreté du fil compense la différence de gravité de l'araignée, relativement à l'air, l'insecte profite du premier zéphyr favorable , pour traverser d'un bord à l'autre du ruisseau ou de la route, dévidant chemin faisant, le fil qui doit lui servir de pont pour passer et repasser ensuite, et fabriquer le reste de sa toile. Cette même araignée fait quelquefois de plus grands voyages montée sur son ballon : et il n'est pas improbable qu'elle a la faculté d'augmenter à volonté la pesanteur de l'appareil soit en comprimant la matière qui lui sert de ballon, soit en détachant quelque partie de cette matière."

Paley poursuit

« Je demande la permission de présenter ici quelques observations sur la classe des animaux que la nature a recouverts d'une enveloppe solide. »

Permettez-moi de passer sur ces paragraphes consacrés à la coquille de l’escargot, aux coquillages bivalves ou à la queue de l’écrevisse…

Boite d'insectes au Musée des Papillons de Saint-Quentin © Roger Puff

Boite d'insectes au Musée des Papillons de Saint-Quentin © Roger Puff

Paley revient aux insectes :

« C'est dans cette classe d'animaux que l'observateur est surtout frappé de ce que Cicéron appelle l'insatiable variété de la nature. On a compté jusqu'à six milles espèces de mouches, et sept cent soixante papillons différents. L'abbé de Saint-Pierre nous dit encore avoir observé lui-même trente-sept différentes espèces d'insectes ailés, qui, dans le cours de trois semaines, sont venus se reposer sur une plante de fraises. Ray a observé deux cents différentes espèces de papillons dans l'espace d'un mille autour de sa maison. Il estime que le nombre des diverses espèces d'insectes monte à dix mille. Nous pouvons observer dans cette prodigieuse variété d'animaux, une variété non moins grande, quant aux moyens d'arriver au même but. Par exemple, on sait que, généralement les insectes respirent par les côtés, et non par la bouche. Les nymphes des moustiques, qui vivent dans l'eau, ont un appareil d'organes pour respirer par le dos, et s'élèvent au-dessus de l'eau pour reprendre haleine : Un autre insecte aspire l'air par sa queue, qu'il jette hors de l'eau, à cet effet. Le ver de l'eruca labra a une longue queue, dont une partie est nichée dans l'autre, et en sort à la volonté de l'insecte, pour épanouir une touffe qui, une fois étendue sur la surface de l'eau, soutient l'animal, et lui permet de respirer. Nous ne voyons pas moins de variété dans le vêtement naturel des animaux. Les écailles, les plumes, les fourrures, la glu, les coquilles remplissent le même objet, sous des formes diverses. Le Créateur a encore pourvu à la défense des animaux par des moyens infiniment variés. Les dents, les griffes, les serres, le bec, les cornes, les piquants, le pouvoir de donner la commotion électrique, et jusqu'à la faculté de répandre une odeur infecte, ont été donnés aux animaux pour leur sûreté contre les attaques auxquelles ils étaient exposés."

 Le bousier © Philippe Delmer

Le bousier © Philippe Delmer

"A cette prodigieuse variété dans la vie organisée, correspond une variété semblable dans les appétits des animaux. La cause finale de cette disposition paraît évidente. Si tous les animaux désiraient le même élément, la même retraite, ou le même genre de nourriture, il n'y en aurait eu qu'un nombre comparativement petit qui pût exister dans le même espace, aujourd'hui suffisant pour tous. Ce que certains animaux évitent ou rejettent fait les délices de quelques autres. La chair corrompue attire les chiens, les vautours et les corneilles. Les mouches s'y réunissent par milliers. Les vers ne doivent leur existence qu'à cette décomposition qui révolte tous nos sens. La vie est partout ; la nature est pleine : chaque élément, chaque substance nous offre des preuves vivantes, et sans nombre, d'une intelligence infinie dans le Créateur de cet univers.'

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Publié le 8 Septembre 2020

L'Azuré saurait-il lire l'heure ? © Roger Puff

L'Azuré saurait-il lire l'heure ? © Roger Puff

Dans un précédent article, je vous avais annoncé que je vous en dirais plus que William Paley 1743-1805). Ce théologien de l’Université de Cambridge professait que la nature devait avoir un concepteur, un Créateur. Pour cela, il faisait appel à une analogie expliquant son point de vue : l'argument dit « de la montre » (watchmaker analogy). Si vous considérez une montre, vous constatez que c’est un instrument très complexe et concluez qu’un être intelligent, un horloger, l’a conçue pour donner le temps.

« La machine que nous avons sous les yeux, démontre par sa construction une invention et un dessein. L’invention suppose un inventeur, et le dessein un être intelligent ». Paley, 1813

 

Considérant que dans la nature il y a des choses au moins aussi complexes qu’une montre, Paley conclut à l’existence d’un concepteur intelligent, un ingénieur avec un dessein, un Créateur. L’argument est toujours utilisé par les tenants du dessein intelligent, qui prétend que « certaines observations de l'Univers et du monde du vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente » que par des processus non dirigés tels que la sélection naturelle. Je me garderai de m’engager plus avant dans des considérations théologiques. En revanche je vais donner ici des extraits du chapitre « Des Insectes » de sa Théologie naturelle ou Preuves de l'existence et des attributs de la divinité, tirées des apparences de la nature, paru en Angleterre en 1802, en 1813 en France.

La loupe binoculaire pour l'identification en laboratoire © Roger Puff

La loupe binoculaire pour l'identification en laboratoire © Roger Puff

Parcourons ce chapitre pour avoir une idée de ce que William Paley disait des insectes au tout début du 19ème siècle.

"Ce n'est point ici un traité d'histoire naturelle ; et mon intention n'est pas de parcourir méthodiquement les diverses parties de la création ; mais il existe chez les insectes des particularités qui concourent à prouver d'une manière frappante l'intelligence et le dessein de l'ouvrier qui les forma. Leur structure et leur organisation sont moins connues que celles des grands animaux. Leur petitesse exige le plus souvent l'emploi du microscope ; et d'ailleurs leur genre de vie, et leurs mœurs, s'éloignent tout-à-fait des habitudes des grands animaux. Ils sont doués d'organes particuliers, et de l'usage desquels nous ne pouvons pas nous rendre compte d'une manière pleinement satisfaisante, parce que nous n'avons pas des organes analogues."

Les antennes du Hanneton commun, Melolontha melolontha © Michel Huyvaert

Les antennes du Hanneton commun, Melolontha melolontha © Michel Huyvaert

"Par exemple, tous les insectes quelle que soit leur forme, ont des antennes, c'est-à-dire deux cornes déliées et souples qui se projettent en avant comme pour tâter le terrain, et faire connaissance avec les objets dont ils s'approchent. Nous ignorons quelle est, au juste, la nature de la sensation que l'animal reçoit par ses antennes ; mais il est d'autres parties de son organisation sur l'usage desquelles nous ne pouvons avoir aucun doute."

Envol du Taupin des moissons © Joël Tribhout

Envol du Taupin des moissons © Joël Tribhout

"Les véritables ailes des scarabées sont formées d'une membrane extrêmement légère et transparente, qui ressemble à une gaze. Lorsque ces ailes sont étendues, elles ont une très grande surface relativement au volume de l'animal. Pour protéger ces ailes délicates, et pour les maintenir humides et souples, le Créateur les a recouvertes d'autres ailes écailleuses qui font office de fourreau. Lorsque l'animal est en repos, les ailes de gaze sont pliées sous ce bouclier impénétrable. Si le scarabée veut voler, il soulève ces deux écailles, et déploie ses ailes membraneuses pour faire route. Quelle variété et quelle précision ne faut-il point dans l'arrangement des cordages qui vont mouvoir ces grandes voiles, c'est-à-dire des tendons musculaires qui dirigent la manœuvre de ces ailes de gaze ; il faut non seulement que l'insecte puisse les plier et les développer à volonté, mais encore les mouvoir et les diriger de la manière précisément convenable pour frapper l'air avec avantage, pour pincer le vent, et pour varier sa direction dans tous les sens possibles. Le plus grand nombre des scarabées vivent dans des trous qu'ils font en terre, et entourés de substances dures au travers desquelles ils sont obligés de faire leur chemin : de grandes ailes légères et faibles eussent été bientôt froissées et déchirées, sans cet étui solide qui les recouvre. "

L'oviscape de l'Eppiphigère des vignes femelle © Joël Tribhout

L'oviscape de l'Eppiphigère des vignes femelle © Joël Tribhout

"On trouve chez les insectes une autre invention également mécanique, et destinée à préparer aux œufs de l'animal une retraite sûre. Il y a plusieurs espèces de mouches qui portent dans leur partie inférieure, un perçoir destiné à pénétrer dans les plantes, dans le bois, dans la peau ou la chair des animaux, dans les chrysalides d'animaux différents ; quelquefois même dans le mortier et dans la pierre. Le perçoir est un instrument pointu, caché à l'extrémité de l'abdomen, d'où il sort à la volonté de l'animal. Dans un étui qui se divise et s'ouvre, lorsque l'aiguillon agit, il y a un pivot dentelé, le long duquel est une gouttière ou rainure, qui sert à conduire l'œuf lorsque le perçoir a fait le trou dans la substance qui convient à la vie de l'animal qui doit éclore. Chez les œstres, le perçoir se projette en dehors, comme les étuis d'une lunette qui sont renfermés les uns dans les autres ; et la partie la plus saillante est armée d'un instrument aigu, capable de percer la peau d'un bœuf. Il suffit d'indiquer le fait, pour faire admirer le mécanisme d'un tel instrument."

Hyménoptère de la famille de Ichneumons © Joël Tribhout

Hyménoptère de la famille de Ichneumons © Joël Tribhout

"Les aiguillons des insectes leur ont été donnés dans un but différent, mais la construction en est analogue à celle du perçoir. L'extrême ténuité et la solidité de cet instrument ; sa substance absolument différente de celle des autres parties de l'insecte, la force du muscle qui le met en mouvement, la rapidité de son action, en font un instrument merveilleux. L'aiguillon d'une abeille perce un gant de peau de chèvre. Il pénètre dans la peau de l'homme avec plus de facilité que l'aiguille la plus acérée. L'action de l'instrument nous offre la réunion des moyens mécaniques et chimiques. À quel degré de concentration ne doit pas être porté le venin qui agit avec tant de force, même en quantité si petite ?"

Afleurissage de l'abeille © Michel Huyvaert

Afleurissage de l'abeille © Michel Huyvaert

"Observons cependant que, chez l'abeille, ce venin si subtil procède du miel, seule et unique nourriture de l'insecte. C'est une curieuse métamorphose chimique que celle du miel en poison. Quant à la partie mécanique, elle n'est pas moins curieuse. L'aiguillon, tout acéré qu'il nous paraît, n'est cependant qu'un étui. Près de sa pointe, on découvre au microscope, deux trous extrêmement petits. À l'instant où l'insecte plante son aiguillon, il sort par ces deux trous deux autres dards, lesquels lancent le poison dans la plaie. J'ai dit que les procédés chimiques se trouvaient ici réunis aux dispositions mécaniques ; et, en effet, à quoi servirait tout cet appareil microscopique combiné avec tant d'art, s'il ne se passait pas dans le corps de l'insecte une élaboration chimique dont le résultat est un venin tellement concentré et subtil, que même en dose si faible, ses effets sont ce qu'ils doivent être ? D'un autre côté, à quoi aurait servi l'action chimique qui élabore le poison, s'il n'y eût pas eu un mécanisme qui pût transporter ce poison jusque dans le corps de l'ennemi ?"

Trompe de la Piéride © Roger Puff

Trompe de la Piéride © Roger Puff

"La plupart des insectes sont munis d'une trompe : arrêtons-nous à considérer cet organe. C'est un tube attaché à la tête de l'animal. Chez l'abeille, ce tube est composé de deux parties articulées ensemble ; car si la trompe était toujours étendue de sa longueur, elle serait trop exposée aux accidents extérieurs. Lorsque l'abeille ne s'en sert pas, la trompe est repliée en sûreté, sous un petit avant-toit formé par une écaille. Il y a des papillons chez lesquels la trompe, dans son état de repos, est roulée comme le ressort d'une montre. Dans l'abeille, la trompe fait office de bouche : l'insecte n'en a pas d'autre ; et il est bien évident que l’autre forme qu'eût pu avoir la bouche d'une abeille, elle n'aurait pas été si propre à recueillir la nourriture de l'animal. La nourriture de l'abeille est le nectar des fleurs, c'est à dire une goutte de sirop qui se trouve déposée dans le fond des corolles, et dans les replis des pétales. L'abeille plonge sa trompe dans ces cavités inaccessibles à tout autre instrument, et aspire la liqueur sucrée."

La trompe de l'abeille  © Michel Huyvaert

La trompe de l'abeille © Michel Huyvaert

"Les anneaux qui composent la trompe, les muscles qui servent à son extension et à ses divers mouvements, en font un instrument d'une admirable construction. Mais ce que je veux surtout faire remarquer ici, c'est le rapport entre la structure et l'usage de la trompe, ainsi que le soin que l'auteur de la nature a eu de s'écarter de l'analogie générale toutes les fois que cette déviation a été convenable.

Il y a des insectes chez lesquels la trompe est renfermée dans un étui pointu. Cet étui, qui est d'une contexture plus solide que la trompe elle-même, sert à percer la substance qui contient la nourriture de l'animal, après quoi la trompe fait son office de suçoir. Peut-il y avoir un mécanisme dont le but soit plus évident ?"

Chenille de la Livrée des arbres © Joël Tribout

Chenille de la Livrée des arbres © Joël Tribout

"La métamorphose que subissent la plupart des insectes en passant de l'état de ver à celui de mouche ou de papillon, est un merveilleux procédé de la nature : Quel étonnant changement dans la chenille, par exemple ! Quatre ailes magnifiques se trouvent formées, là où auparavant il n'y avait rien. Une trompe a remplacé la bouche et les dents. L'animal a six longues jambes, au lieu de quatorze pieds. Dans d'autres cas, c'est un ver mou et blanc qui devient un scarabée noir, couvert d'une écaille dure, et pourvu d'ailes de gaze. Ce sont là, il le faut avouer, de bien étranges métamorphoses : il faut, sans doute, pour opérer de tels effets, un appareil de moyens bien merveilleux ; mais cet appareil échappe à notre observation. L'hypothèse qui paraît la plus probable, c'est qu'il existe, tout à la fois, trois animaux les uns dans les autres, et que la même digestion nourrit. "

Chrysalide de papillon Flambé © Joël Tribout

Chrysalide de papillon Flambé © Joël Tribout

"Les découvertes récentes des naturalistes semblent favoriser cette opinion. On a cru voir les ailes du papillon déjà formées, sous les membranes du ver et de la nymphe. On a observé au microscope, chez certains vers, la trompe, les antennes, les jambes et les ailes de la mouche qui devait se développer ; mais toutes ces parties repliées et cachées avec tant d'art et de soin qu'elles ne gênaient en rien les mouvements du ver. Il paraît donc que celui-ci, qui servait comme d'enveloppe aux deux autres animaux, meurt le premier, et fait place à la chrysalide, laquelle en mourant à son tour laisse paraître l'insecte ailé. Que cette supposition soit fondée, ou qu'on en adopte une autre quelconque, il demeurera vrai que c'est un des plus curieux mécanismes dont on puisse se former l'idée ; c'est un animal sur trois de hauteur, ou trois animaux auxquels un même système vasculaire suffit, et qui vivent les uns dans les autres."

En ponte © Joël Tribhout

En ponte © Joël Tribhout

"Presque tous les insectes sont ovipares. La nature tient les insectes en sûreté pendant l'hiver, dans l'état d'œuf. Mais la variété de ses ressources pour mettre les œufs à l'abri de tout accident, est infinie. Plusieurs insectes renferment leurs œufs dans un tissu de soie ; d'autres les couvrent d'une enveloppe de poils pris sur eux-mêmes ; d'autres les agglutinent ensemble; d'autres , comme le ver à soie, les collent sur les feuilles, en les déposant, pour que le vent et la pluie ne les emportent pas ; d'autres font des incisions dans les feuilles, et y cachent leurs œufs ; d'autres enfin font des trous en terre , et après y avoir déposé une certaine quantité de nourriture pour les vers qui doivent éclore, y placent leurs œufs. Dans ces divers cas, nous voyons que la précaution prévoyante de l'insecte dépend essentiellement des ressources physiques de sa constitution : celui qui a formé l'insecte a pré-ordonné avec dessein et intelligence les opérations dont devoir résulter la sûreté de sa progéniture, et l'a organisé en conséquence."

Oeufs d'insecte indéterminé © Joël Tribhout

Oeufs d'insecte indéterminé © Joël Tribhout

"C'est une observation curieuse à faire, quand cette observation est possible, que la manière dont le jeune insecte est replié dans l'œuf. Tous ses membres sont formés avant qu'il éclose ; mais ils sont repliés de la manière la plus propre à épargner la place. Observons ici la preuve d'un dessein, et d'une direction spéciale : si l'animal était simplement comprimé dans l'œuf, l'arrangement de ses membres ne serait pas toujours le même : au lieu que dans les mêmes espèces, les membres sont toujours pliés de la même manière. · ·

Les remarques que je viens de faire s'appliquent à la généralité des insectes : j'en ai quelques autres à présenter qui ont pour objet certains insectes seulement."

A suivre

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Publié le 1 Septembre 2020

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