Publié le 31 Mars 2021

Une osmie salue l'Agrion de l'Oise (plaque sur l'hôtel à insectes) © Michel Huyvaert

Une osmie salue l'Agrion de l'Oise (plaque sur l'hôtel à insectes) © Michel Huyvaert

Tout début mars, il y a eu quelques jours de beau temps. Nous avons pu observer que quelques mâles d'Osmies cornues, Osmia cornuta, étaient sortis de leurs tubes. Derniers pondus, premiers sortis. Ils attendaient les femelles qui tardaient à éclore.

Ce sont des abeilles sauvages et solitaires, mais néanmoins grégaires. Il n'y a pas de reine, il n'y a pas de ruche, on ne produit pas de miel. Pratiquement autant de mâles que de femelles qui forment des couples éphémères et vivent en colonies.

Quelques mâles, premiers sortis de leurs tubes, attendent les femelles © Michel Huyvaert

Quelques mâles, premiers sortis de leurs tubes, attendent les femelles © Michel Huyvaert

Les frimas ont repris et tout est redevenu calme à l'hôtel. Plus d'animation.

Mâle d'osmie cornue reconnaissable à son toupet blanc © Michel Huyvaert

Mâle d'osmie cornue reconnaissable à son toupet blanc © Michel Huyvaert

On se réunit à trois garçons, faudrait qu'elles viennent. On attend nous © Michel Huyvaert

On se réunit à trois garçons, faudrait qu'elles viennent. On attend nous © Michel Huyvaert

Ce mâle est parasité, un intrus avait dû venir pondre dans la cavité © Michel Huyvaert

Ce mâle est parasité, un intrus avait dû venir pondre dans la cavité © Michel Huyvaert

A deux on est bien, mais si on n'est pas du sexe opposé, mais faut bien attendre que ces dames soient sorties © Michel Huyvaert

A deux on est bien, mais si on n'est pas du sexe opposé, mais faut bien attendre que ces dames soient sorties © Michel Huyvaert

Quelques individus, majoritairement des mâles s'occupent comme ils peuvent autour de l'hôtel à insectes.

L'hôtel à insectes du Sentier de la Biodiversité © Michel Huyvaert

L'hôtel à insectes du Sentier de la Biodiversité © Michel Huyvaert

Sortie de mâles © Michel Huyvaert

Sortie de mâles © Michel Huyvaert

La maman de celui-ci avait choisi un autre type d'alvéoles © Michel Huyvaert

La maman de celui-ci avait choisi un autre type d'alvéoles © Michel Huyvaert

Il y a foule maintenant, mais ce sont surtout des mâles © Michel Huyvaert

Il y a foule maintenant, mais ce sont surtout des mâles © Michel Huyvaert

Il a fallu attendre la dernière décade de mars, à partir du 23, pour voir les osmies en foule autour de l'hôtel et pratiquement tous les tubes décapsulés. les orgies allaient pouvoir commencer.

Mesdames nous vous attendons © Michel Huyvaert

Mesdames nous vous attendons © Michel Huyvaert

Les femelles, à peine sorties et encore pataudes et peu mobiles, sont assaillies par les mâles.

Le mâle a un toupet blanc, la femelle est nettement plus grosse © Michel Huyvaert

Le mâle a un toupet blanc, la femelle est nettement plus grosse © Michel Huyvaert

Quelquefois il y a un mâle de trop © Michel Huyvaert

Quelquefois il y a un mâle de trop © Michel Huyvaert

Et si on allait dans la verdure, c'est plus sympa eton sera peut être seuls © Michel Huyvaert

Et si on allait dans la verdure, c'est plus sympa eton sera peut être seuls © Michel Huyvaert

Non voilà un troisième larron, un second mâle oui, mais son abdomen est différent. Qui est-ce ? © Michel Huyvaert

Non voilà un troisième larron, un second mâle oui, mais son abdomen est différent. Qui est-ce ? © Michel Huyvaert

Bon Mesdames, il va falloir pondre. les tubes sont libérés, il faudra faire un peu de ménage avant d'y pondre.

Entre chaque œuf vous déposerez un peu de pollen pour que la larve une fois éclose puisse trouver sa nourriture. Elle fera d'ici l'automne sa chrysalide qui attendra le mois de mars 2022 pour sortir de son alvéole.

Les mâles derniers pondus sortiront les premiers et attendront les femelles et le cycle recommencera.

Une seule génération par an qui pollinise pendant 3-4 semaines les premières fleurs du printemps, dont celles de nombreux arbres fruitiers.

 

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Rédigé par Michel Huyvaert

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Publié le 23 Mars 2021

La très belle Argiope frelon au milieu de sa toile © Joël Tribhout

La très belle Argiope frelon au milieu de sa toile © Joël Tribhout

Après l’épeire diadème, voici Argiope bruennichi plus connue sous les noms d’épeire fasciée ou argiope frelon au vu de la coloration de son abdomen aux rayures jaunes et noires. Elle fabrique également une toile circulaire mais tisse en complément une bande de soie blanche en forme de zigzag à partir du moyeu de la toile appelée stabilimentum.

Cette particularité n’est pas bien définie. Certains disent que c’est un tendeur, d’autres qu’elle sert à réfléchir les rayons UV ou à stabiliser la toile. Une fois son œuvre géométrique terminée, elle se positionnera en son centre et attendra immobile, la tête vers le bas, pendant des heures qu’une proie vienne se coller.

On remarque qu’au repos ses huit pattes sont regroupées par paire formant un X. Dès qu’un insecte vient s’empêtrer dans ce piège et se fatigue inutilement pour s’en extraire, on retrouve le même processus que pour l’épeire diadème. Elle bondit, l’emmaillote de soie puis la mord et la sirote.

Son cocon en forme de montgolfière © Joël Tribhout

Son cocon en forme de montgolfière © Joël Tribhout

Alors que la fin de l’été approche, je découvre une étrange boule de couleur brune avec des bandes noires et marron foncé bien accrochée et protégée avec des fils de soie sur un noisetier tortueux.  

Après l’avoir photographiée et pris des renseignements sur internet pour identification, ma curiosité me pousse à aller plus loin dans cette découverte. Muni d’une paire de ciseaux j’ouvre délicatement ce cocon appelé aussi sac à œufs, d’un diamètre de 2 à 2,5 cm ressemblant à une montgolfière inversée car l’ouverture est dirigée vers le haut.

Elle assure aux œufs une protection maximale © Joël Tribhout

Elle assure aux œufs une protection maximale © Joël Tribhout

La récompense est là sous mes yeux. Enveloppée d’une soie marron, une petite poche de la taille d’un demi dé à coudre est remplie d’une centaine d’œufs environ d’un beau jaune clair. Je ne peux m’empêcher de penser à des œufs d’esturgeon mais là s’arrête ma comparaison. Je sais que cette opération chirurgicale est fatale pour ces futures araignées mais je pense à Jean-Henri Fabre et à ses expériences dans son laboratoire à Sérignan du Comtat, afin d’étudier le comportement de ce monde animal.

Je réalise une série de photos me permettant de mieux comprendre la structure de ce cocon. Une fois qu’elle aura déposé ses œufs accompagnés des spermatozoïdes pour fécondation, ces derniers passeront l’hiver dans cette boule dont l’intérieur est tapissé d’une soie épaisse bien douillette et chaude qui les isolera du froid. L’argiope frelon terminera cette construction par une couche extérieure protectrice ressemblant à une feuille de papier kraft.

Une fois sa tâche accomplie, l’argiope frelon passera de vie à trépas.

Lorsque le moment est venu de sortir de l’œuf, les araignons se servent d’une dent d’éclosion pour percer la coquille mais ils resteront encore bien au chaud. Quand la température se fait plus clémente ils quittent leur cocon et après plusieurs mues les voici adultes devenus.

 

La Pisaure admirable au profil de mini singe © Joël Tribhout

La Pisaure admirable au profil de mini singe © Joël Tribhout

Une autre aranéide a également suscité ma curiosité. Il s’agit de la pisaure admirable (Pisaura mirabilis). Cette dernière ne tisse pas de toile mais chasse à l’affût dans la végétation grâce notamment à ses pattes robustes.

Quand on regarde sa tête de profil de très près, on remarque qu’elle ressemble à un mini singe d’Amazonie. A quatre pattes dans l’herbe pour la photographier, je suis hypnotisé par une certaine tendresse dans son regard. J’ai eu beaucoup de mal à la quitter et l’envie de la caresser ce corps soyeux me démangeait.

Avant l’accouplement, le mâle se veut galant et il lui offre un cadeau bien en chair enveloppé dans de la soie. Une belle preuve d’amour ou est-ce par prudence afin d’éviter la morsure ?

Un sac ovigère magnifiquement réalisé © Joël Tribhout

Un sac ovigère magnifiquement réalisé © Joël Tribhout

Une fois qu’elle s’est accouplée, elle fabrique un très beau cocon rempli de centaines d’œufs qu’elle maintient sous elle avec ses pédipalpes et ses chélicères. Ainsi, pendant plusieurs semaines, elle arpente la végétation en cessant toute alimentation.

La Pisaure admirable surveillera les araignons jusqu’à son dernier souffle © Joël Tribhout

La Pisaure admirable surveillera les araignons jusqu’à son dernier souffle © Joël Tribhout

Le moment est enfin venu de suspendre son sac ovigère dans un arbuste autour duquel elle tisse un réseau de fils de soie afin de protéger ses jeunes pisaures des prédateurs qui n’en feraient qu’une bouchée. Avec la douceur printanière et sous la surveillance permanente de leur mère, ils percent des petits trous dans leur ballon et vont rester plusieurs semaines dans leur pouponnière et se nourrir de petits moucherons avant de se lancer à la conquête du monde.

Beaucoup y laisseront leur vie avant d’atteindre l’âge adulte. Quand à Madame Pisaure, sa tâche étant accomplie et après un dernier regard sur ses petits, elle peut partir pour l’au-delà.

Magnifique toile en pyramide avec les araignons en sécurité © Joël Tribhout

Magnifique toile en pyramide avec les araignons en sécurité © Joël Tribhout

Pour terminer ce petit tour d’horizon sur les araignées au fil de mes balades, voici en images un échantillon de toiles autres que circulaires ainsi que des rencontres passionnantes sur leur comportement.

Entonnoir de toile en nappe © Joël Tribhout

Entonnoir de toile en nappe © Joël Tribhout

Positionnée au fond de son entonnoir de sa toile en nappe chargée de gouttelettes, l’araignée attend patiemment son repas.

Toile en réseau de l'épeire des roseaux © Joël Tribhout

Toile en réseau de l'épeire des roseaux © Joël Tribhout

L'épeire des roseaux © Joël Tribhout

L'épeire des roseaux © Joël Tribhout

On trouve aussi une toile en réseau entre les plantes pour cette très belle épeire des roseaux.

L'araignée Dysdera crocata © Joël Tribhout

L'araignée Dysdera crocata © Joël Tribhout

L’araignée femelle Dysdera crocata émerge de son berceau soyeux avant de partir à la recherche d’un cloporte.

Couple d'araignées crabes © Joël Tribhout

Couple d'araignées crabes © Joël Tribhout

L’araignée crabe femelle en compagnie du mâle. Va-t-il s’accoupler ou cherche t’il un moyen de transport facile ?

Cocon © Joël Tribhout

Cocon © Joël Tribhout

Dans des herbes torsadées avec un renflement dans leur centre, m’intrigue. Avec délicatesse je les écarte pour découvrir un cocon en forme de belle cacahuète.

Araignées et araignons © Joël Tribhout

Araignées et araignons © Joël Tribhout

Ma curiosité l’emporte. Je découpe délicatement la soie sur deux centimètres et là je suis face à face avec cette araignée tégénaire qui n’apprécie guère ma présence et me le fait comprendre avec ses chélicères écartées. Je découvre qu’elle partage cet habitat avec ses araignons et j’en déduis l’instinct maternel de cette araignée. Je comprends mieux sa réaction de défense.

Défense des araignons © Joël Tribhout

Défense des araignons © Joël Tribhout

Loin d’être impressionné, j’immortalise cette rencontre. Je ne suis pas au bout de mes surprises quand lasse de m’intimider elle décide de réparer sa toile.

Je peux alors admirer son travail de couturière avec la soie qui sort de ses filières. Je me dis que ses araignons ne sont pas prêts à quitter le logis.

Araignée sans vie © Joël Tribhout

Araignée sans vie © Joël Tribhout

En revenant au mois d’octobre je découvre un autre cocon déserté par les araignons mais avec leur mère sans vie à l’intérieur.

Voilà une dernière information qui me permet de mieux comprendre la complexité des mœurs du monde des araignées.

Texte et photos © Joël Tribhout

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Rédigé par Joël Tribhout

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Publié le 11 Mars 2021

Toile chargée de gouttelettes de rosée ©Joël Tribhout

Toile chargée de gouttelettes de rosée ©Joël Tribhout

Les araignées ou aranéides font partie, tout comme les insectes, du groupe des arthropodes mot qui vient du grec « arthron » articulation et « podos » pied.

Ici s’arrête la comparaison avec les insectes car les araignées ont huit pattes contre six pour les insectes. De plus leur corps est divisé en deux parties car la tête et le thorax forment le céphalothorax qui est relié par un fin pédoncule à l’abdomen, le pédicelle.

Au niveau du céphalothorax on trouve des yeux simples qui peuvent être au nombre de huit, six, quatre, deux ou zéro, deux pédipalpes, des glandes à venin, un cerveau, deux chélicères terminées par des crochets à venin, un jabot aspirateur, l’aorte, l’œsophage, huit pattes composées chacune de hanche, trochanter, fémur, patelle, tibia, métatarse, tarse et une griffe. Au niveau de l’abdomen il y a le cœur, l’intestin, le poumon, des glandes digestives, l’ovaire, un réceptacle séminal, les glandes séricigènes, l’anus et les filières.

Avec les scorpions, pseudo-scorpions, acariens, opilions (appelés aussi faucheux), les araignées forment la classe des arachnides.

Si les entomologistes sont les spécialistes des insectes, les arachnologues des araignées et autres arachnides, ceux qui étudient uniquement les araignées sont des aranéologues.  

Si vous êtes arachnophobe (la peur des araignées) pas de chance pour vous car on les trouve sur tout le globe et à presque toutes les altitudes. Certaines ont été vues jusqu’à 6700 m dans l’Himalaya. Déserts de pierre ou de sable, dans les grottes, sous la glace des montagnes et même dans l’eau enfermées dans une bulle d’air.

On recense à ce jour 47 000 espèces d’araignées dont la taille varie de 10 cm pour certaines mygales à 0,2 mm pour l’araignée Patu marplesi.

Cette petite bête n’est pas toute jeune car les premières traces fossiles remontent il y a environ 300 millions d’années, bien avant les premiers dinosaures (170 millions d’années).

 

Epeire diadème ou porte-croix, elle porte bien son nom ©Joël Tribhout

Epeire diadème ou porte-croix, elle porte bien son nom ©Joël Tribhout

Pour ce premier volet, on vous présentera la plus commune de nos jardins qui est l’Épeire diadème (Araneus diadematus).

Cette araignée tisse une toile géométrique circulaire pouvant atteindre 40 cm de diamètre. On les appelle les araignées orbitèles du latin orbis (cercle) et tela (toile).

Il faut savoir que toutes les araignées ne tissent pas de toiles mais elles fabriquent toutes de la soie. A l’intérieur de son abdomen, il y a une véritable petite usine à soie. On trouve plusieurs types de glandes dites séricigènes qui produisent une soie de qualité bien spécifique en fonction de son utilisation. Cette soie liquide à l’intérieur se solidifiera au contact de l’air par la modification des propriétés des protéines. Quand on regarde d’un peu plus près l’extrémité de l’abdomen et quand l’araignée tisse sa toile, on peut voir les 6 tubes appelés filières qui sortent de son abdomen.

Ces filières se terminent par une multitude de microtubes, les fusules.

Nous reviendrons plus tard sur la fabrication de sa toile mais avant faisons les présentations physiques car elle n’a pas que des amis.

Quand on prononce le mot araignée, il provoque soit l’admiration ou la répulsion. Son aspect velu avec ses huit pattes crochues ne plaide pas en sa faveur et souvent la première réaction des gens et de l’écraser sous leurs semelles. Pourtant, des deux animaux en face à face, c’est bien l’araignée qui est en position de faiblesse. Il faut savoir que tous les poils qui couvrent son corps sont en soie, donc il est important de dire que l’araignée est soyeuse. Ce sont ces soies réparties sur tout son corps qui lui permettent de détecter les vibrations.

Alors, elle pourrait vous dire « prend moi dans le creux de ta main, je suis douce et ne te mordrai pas ».

Tel un funambule, elle commence par fabriquer les rayons avec ses pattes munies de crochets ©Joël Tribhout

Tel un funambule, elle commence par fabriquer les rayons avec ses pattes munies de crochets ©Joël Tribhout

Revenons à l’araignée tisseuse de toile que l’on peut observer facilement dans la nature.

J’ai choisi trois arachnides qui ont évolué dans mon jardin.

L’Épeire diadème appelée aussi araignée porte-croix, l’Argiope frelon ou Épeire fasciée et la Pisaure admirable qui contrairement aux deux précédentes ne tisse pas de toile.

Pourquoi ? Tout simplement elle chasse ses proies dans la végétation. Mais son comportement maternel mérite que l’on s’y attarde.

Un piège collant pour insectes imprudents ©Joël Tribhout

Un piège collant pour insectes imprudents ©Joël Tribhout

Commençons par l’épeire diadème.

La fabrication de sa toile se fait tôt le matin. Notre épeire diadème doit tout d’abord fabriquer un cadre à partir d’un fil porté par le vent qui s’accroche à un support quelconque. Une fois ce cadre réalisé, elle tend de nombreux fils non collants et solides appelés rayons comme ceux de la bicyclette. Il est curieux de voir que les premiers rayons forment un Y, seule lettre de l’alphabet que connaisse notre épeire.

 L’intersection des trois barres de cette lettre constituera le centre de sa toile nommé « Moyeu » auquel elle ajoutera quelques tours d’une spirale serrée. Une fois que les rayons sont terminés, l’araignée tisse un fil en spirale centrifuge non collant qui part du centre vers l’extérieur et dont les spires sont dans un premier temps espacées. Une fois ce premier travail de consolidation terminé, notre ouvrière va disposer un fil de soie gluante d’un diamètre plus important avec des spires plus serrées. Elle le fait de manière centripète, c’est-à-dire de l’extérieur vers le centre.  Tout en déposant ce nouveau fil, elle mange la première spirale dite de consolidation qui ne lui sert plus. 80 % de cette soie sera réutilisée plus tard. On peut dire que notre araignée est écologique.

Après la mise en place du cadre, la soie sort d’une des filières pour commencer sa toile ©Joël Tribhout

Après la mise en place du cadre, la soie sort d’une des filières pour commencer sa toile ©Joël Tribhout

Ce travail lui demandera presque 1h et sa toile aura un diamètre de 40 cm à peu près. Ce piège collant qu’elle à conçu est redoutable car si sa toile est chargée de gouttelettes d’eau à l’aube, elle deviendra invisible ou presque dès que l’air se réchauffera et les insectes viendront s’y coller. On se pose quelques fois la question : pourquoi elle ne se colle pas à sa toile ? Pas bête l’araignée car elle fabrique une salive, sorte d’antiglue, à base de composés chimiques qu’elle dépose sous chacune de ses huit pattes et ainsi elle peut marcher sur sa toile sans se coller.

Souvent, l’araignée reste soit au centre du moyeu ou alors elle tisse un fil d’alarme jusqu’à une cachette dans la végétation proche.

Ce diptère imprudent fera bien son affaire ©Joël Tribhout

Ce diptère imprudent fera bien son affaire ©Joël Tribhout

Il faut savoir que l’araignée peut être amenée à refaire sa toile tous les jours si cette dernière est encombrée de saletés. Il lui arrive également de se prendre pour une couturière et de remplacer certains fils manquants.

Certains oiseaux utilisent les fils collants de sa toile pour consolider leur nid.

 

C’est parti pour un emballage soyeux avant la dégustation ©Joël Tribhout

C’est parti pour un emballage soyeux avant la dégustation ©Joël Tribhout

Il suffit d’être patient pour assister au festin de l’araignée. Dès qu’un insecte vient se coller, la toile vibre et le fil d’alarme l’avertit que son repas est servi. N’ayant pas une excellente vision, elle se dirige sans hésiter vers sa proie guidée vers la partie plus lourde de sa toile où s’est collé l’insecte. En quelques minutes grâce à ses deux crocs qu’on appelle chélicères se terminant par deux crochets mobiles au bout desquels sort le venin, elle mord sa proie, l’emballe de soie tel un cadeau puis en aspire ou sirote l’intérieur grâce à des sucs digestifs qui liquéfie les chairs. Après ces festins, on retrouve sur sa table collante plusieurs carapaces informes. Cette collation lui permet également de s’hydrater.

Les Araignons se dispersent au moindre danger ... ©Joël Tribhout

Les Araignons se dispersent au moindre danger ... ©Joël Tribhout

On peut remarquer qu’en fonction de son appétit, on lui a donné le surnom d’ogresse, certaines proies restent sur la toile telle la nourriture dans un frigo.

Il faut savoir qu’en général les araignées engloutissent en moyenne leur poids en un à dix jours.

Mais le but dans la vie des araignées comme pour les insectes, c’est la reproduction. Si vous êtes curieux de nature et qu’il vous est difficile de faire la différence entre une araignée femelle ou mâle, sachez que la femelle est plus grosse. Seule la femelle épeire fabrique une toile.

Et le mâle me direz-vous, où est-il que fait-il ? Pour lui, l’heure de l’accouplement a sonné. Depuis plusieurs jours il ne s’alimente plus. Il ne rêve que d’une femelle. Le mâle ne fabrique jamais de toile mais pour cette occasion il en conçoit une très petite appelée toile spermatique qui lui servira à déposer des gouttelettes de sperme pour remplir ensuite ses bulbes copulateurs situés à l’extrémité de ses pédipalpes, l’embolus, appelé aussi gants de boxe.

... puis se regroupent ©Joël Tribhout

... puis se regroupent ©Joël Tribhout

Mais approcher la femelle est pour lui une aventure à haut risque. Il doit la jouer malin. Alors il tire un fil de soie jusqu’à la toile de sa promise appelé fil de cour. Le mâle attiré par les phéromones va se transformer en mélomane en faisant vibrer ce fameux fil qui est le passeport vers le plaisir. Dame araignée peut faire languir son prétendant pendant de longues minutes puis elle le laisse s’approcher mais gare à ne pas finir emmailloté. Sa technique et d’être au plus près et d’emprisonner sa belle de fils de soie et d’introduire rapidement ses gants de boxe dans l’Epigyne, orifice génital de sa promise, avant qu’elle ne se libère et ne fasse qu’une bouchée de se prétendant présomptueux.

De toute façon après l’accouplement son sort est déjà scellé, il passera de vie à trépas.

Certains mâles vont même jusqu’à se mutiler afin de laisser leurs gants de boxe dans l’orifice génital pour être l’unique géniteur.

Phénomène étrange mais ô combien important, si l’araignée vient à perdre une patte, elle repoussera de moitié retrouvant ainsi une partie de ses soies sensorielles.

Du côté de notre dame araignée, les spermatozoïdes du donateur seront stockés dans sa spermathèque. Quelques jours plus tard elle tissera un cocon appelé sac Ovigère dans lequel elle pondra de 100 à 200 œufs qu’elle déposera et cachera dans la nature, protégés par un réseau de fils de soie, mettant ainsi sa progéniture à l’abri des prédateurs. Une fois sa mission accomplie, elle meurt.

Pour ces araignons, c’est bientôt la liberté ©Joël Tribhout

Pour ces araignons, c’est bientôt la liberté ©Joël Tribhout

C’est seulement au printemps que naîtront les Araignons. Les œufs qui n’auront pas reçu de spermatozoïdes serviront de nourriture au plus jeunes.

 Avez-vous déjà remarqué dans la végétation une petite boule jaunâtre ? Approchez-vous et touchez-la. La réaction est immédiate. Grâce aux fils de soie tissés par leur mère ils partent dans tous les sens puis en quelques secondes ils se regroupent pour reformer cette boule protectrice.

Il faudra attendre quelques jours et plusieurs mues avant de commencer leur vie d’adulte qui peut durer de 1 an à plusieurs années.

 

Dans le prochain épisode, je vous présenterai l’Épeire fasciée ou Argiope frelon ainsi que de la Pisaure admirable au comportement maternel et quelques découvertes étonnantes vécues au fil de mes balades. On vous montrera également d’autres types de toiles ainsi qu’un éventail d’araignées dans leur quotidien.

Photos et texte de Joël Tribhout

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Rédigé par Joël Tribhout

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