Notre ami Joël Tribhout nous a fait part de ses rencontres entomologiques lors d'un séjour dans le Sud-Ouest. L'Agrion de l'Oise lui passe la parole.:
"Au mois de mai dans la campagne du Tarn-et-Garonne, près de Caussade, j’ai découvert en sous-bois et dans une prairie humide une variété d’insectes que j’allais photographier pour la première fois, tels le Capnode, l’Ecaille Fermière ou Villageoise, l’Ascalaphe Soufré ou la chenille le Bois-Sec. C’est parti pour une balade matinale et ensoleillée.
Capnode (Capnodis tenebrionis) © Joël Tribhout
Une tâche noire posée sur une branche dans cette prairie en milieu ouvert attire mon attention. Je suis en présence d’un Capnode (Capnodis tenebrionis). Cet insecte fait partie de la famille des Buprestes. Sa renommée ne plaide pas en sa faveur car c’est un ravageur des arbres à noyaux tels les abricotiers, pruniers, pêchers et pruniers. La sécheresse est un facteur qui favorise la pullulation de cet insecte.
Lupérus portugais (Exosoma lusitanicum) © Joël Tribhout
En continuant ma chasse photographique, voici deux Lupérus portugais (Exosoma lusitanicum, exosoma signifiant “corps à l’extérieur”) à l’aspect lisse et brillant. On peut les observer dans les milieux ouverts et arides bien ensoleillés. Je m’approche doucement pour ne pas les déranger dans leurs ébats. Très souvent posés sur les fleurs, ils dégustent les pétales, étamines et pollen, base de leur alimentation.
Cicindèle champêtre (Cicindela campestris) © Joël Tribhout
Une tâche verte à points blancs se faufile à toute vitesse devant mes pas sur le chemin. C’est une Cicindèle champêtre (Cicindela campestris) de la famille des Carabes. Elle est réputée pour sa grande rapidité à attraper ses proies car son appétit est féroce. Elle se fige devant moi. Je me baisse lentement pour un face à face de quelques secondes.
Zygènes du trèfle (Zygaena trifolii) © Joël Tribhout
Quelques mètres plus loin, encore une scène d’accouplement de appelée aussi Zygènes de prés ou Z.des Cornettes). Il existe nombre de Zygènes différents qui arborent une coloration noire avec des tâches rouges. Ces deux couleurs sont un signal d’alarme pour d’éventuels prédateurs car ces lépidoptères diurnes, classés comme hétérocères (papillons de nuit), sont toxiques et au goût désagréable.
Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus) © Joël Tribhout
Je quitte cette prairie pour en explorer une autre à quelques mètres de là. Je n’en crois pas mes yeux. Des dizaines de papillons ou libellules, c’est ce que je pense au premier abord, volent puis se posent très vite sur des graminées. Je commence mon approche qui se veut délicate car ils sont très farouches. Avec beaucoup de patience, j’en photographie plusieurs à 1 cm. Oh surprise, je suis en présence de Neuroptères, l’Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus). En France il y a 162 espèces de Névroptères, dont 12 dans la famille des Ascalaphidae (8 en PACA). Cet insecte est carnivore se nourrissant de mouches, moustiques ou moucherons. Le mâle est équipé de crochets lui permettant d’attraper la femelle lors de l’accouplement.
Ecaille fermière ou villageoise (Epicallia villica) © Joël Tribhout
A regret, je quitte mes compagnons car j’aurai bien passé ma journée à les admirer, pour rentrer dans un petit bois en quête de girolles. je ne suis pas un spécialiste de champignons mais Gilbert mon beau-frère souhaite m’initier. Si mes recherches sont vaines, mon regard se pose sur une forme orange et noire posée sur un tronc d’arbre. Je suis en présence et sous le charme de l’Ecaille fermière ou villageoise (Epicallia villica), un papillon de nuit actif également le jour. Sous sa première paire d’ailes noires à tâches blanc crème on peut voir deux ailes ponctuées de points noirs et un abdomen coloré d’orange à points noirs virant au rouge à son extrémité. Ces couleurs sont un signal de toxicité pour d’éventuels prédateurs. Bien présente dans le sud, cette espèce est en régression dans toute la moitié nord de la France. Il n’y a qu’une génération par an.
chenille du Bois-sec (Xylena exsoleta) © Joël Tribhout
Ma dernière découverte sera pour la chenille du Bois-sec (Xylena exsoleta), qui deviendra un papillon de nuit de la famille des Noctuidae. Cette chenille peut atteindre 65 mm de long. Si le papillon se veut sans éclat, il n’en est pas de même pour cette chenille qui arbore un magnifique vert fluo ponctué de motifs rouges et noirs. Elle peut se nourrir sur différentes plantes hôtes.
Voilà cette balade se termine pour repartir sous des cieux moins cléments pour les insectes."
Joël Tribhout