A la recherche des insectes du Mont-César
Publié le 21 Juillet 2022
Le Mont-César sur la commune de Bailleul-sur-Thérain dans l'Oise est du point de vue des habitats, de la faune et de la flore, un des sites d'intérêt majeur pour la Picardie. Sur cette éminence on parcourt des prairies calcicoles, les larris, jadis pâturés par les moutons. Le site remarquable du Mont César est intégré au massif forestier de Hez-Froidmont dans le dispositif du réseau Natura 2000 et géré par le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France..
Mais Jules César y aurat-il mis les pieds pendant la Guerre des Gaules ? On ne le sait pas. Il en va de même pour de nombreux lieux appelés "Camp de César". Ce promontoire était certainement un point d'observation et peut-être un oppidum gaulois. Le site de la commune nous apprend que les habitants du cru avaient le droit d'y ramasser des pierres. Ils ont donc dû faire place nette d'éventuelles ruines celtes ou gallo-romaines.
Voici quelques photos faites le 22 juin 2022.
Sur des fleurs d'achillée le long du chemin de la montée au Mont-César, un bel Oedemère noble, Oedemera nobilis. j'en ai vu énormément cette année. On l'appelle aussi le "cycliste maillot vert" vu sa couleur, mais surtout la taille des "mollets" du mâle (en fait ce sont les fémurs donc les cuisses des pattes postérieures).
Toujours sur les achillées, un syrphe. Dans la montée Les Syrphes ou Syrphidae font partie des Diptères Brachycera. Ils comprennent plus de 5000 espèces connues dans le monde et sont présents sur tous les continents hormis l'Antarctique. Ainsi ils représentent une des plus vastes familles de Diptères. La France totalise environ 480 espèces, réparties en 78 genres. Mais quel est celui-ci ? Je n'ai pas réussi à l'identifier.
Un accouplement de Colias sp. Soufré ou Fluoré, la question se pose encore. Je parie cette fois-ci pour le Soufré, Colias hyale.
Une zygène de la filipendule, Zygenea filipendula, sur la centaurée.
Sur centaurée encore, un Demi-deuil, Melanargia galathea. On l'appelle aussi Arge galathée ou Échiquier. Dans la mythologie grecque Galatée est une Néréide, une nymphe marine. Le nom de Galatée signifie « à la peau blanche comme du lait » (dérivé du grec ancien γάλα / gála, signifiant « lait »). Melanargia, il y a Mela, du grec ancien μέλας, μέλανος, mélas, mélanos (« noir »), D'où papillon blanc et noir, demi-deuil évidemment. Quant à Argia, va savoir...
A nouveau sur des achillées, cette fois-ci, un Oedemère ochracé, Oedemera podagrariae, De la même taille et lui aussi avec de bonnes cuisses il se distingue de son cousin O. nobilis par sa couleur orange-marron. Question étymologie, podagrariae, doit être "podagre". Cela me fait penser à Louis XVIII qui était podagre, c'est-à-dire souffrant de la goutte.
J'observe le gracieux ballet de deux Demi-deuils. La femelle a des dessins marrons, le mâle a des dessins noirs (je ne pense pas que ce soient de noirs desseins, plutôt d'affectueux desseins).
Les centaurées sont des plateformes idéales attirant de nombreuses espèces. Ce beau lépidoptère turquoise, c'est Adscita statices : le Procris de l'oseille, ou encore tout simplement la Turquoise, ou la Turquoise de la sarcille, du nom vernaculaire vieilli de Rumex surelle, la Petite Oseille. Les anglais le nomme Green Forester, le forestier vert. Il appartient à la famille des Zygènes. mais quelle superbe costume.
Dans les mains d'un naturaliste averti, la Grande Sauterelle verte, Tettigonia viridissima. C'est un mâle. Il a recouvré sa liberté sans avoir subi le moindre sévice.
Dans les mailles du filet, un Criquet, Il y a une centaine d'espèces de criquets en France, un peu moins de la moitiés des espèces d'Orthoptères. Celui-ci est peut-être le Criquet des pâtures, Pseudochorthippus parallelus. Mais rien de sûr. Que disent les spécialistes ?
Ce beau coléoptère, c'est le Lepture rouge, Sictoleptura rubra. C'est une femelle au pronotum de la même couleur que les élytres. Elle s'est pavanée tranquillement sur mon doigt. Ne voulant pas prendre son vol, j'ai dû la poser délicatement sur le sol.
Sur une centaurée mauve le contraste du vert d'un accouplement de Chrysomèles étincelantes. Est-ce Chrysolina graminis, la Chrysomèle dorée ou C. herbacea, la Chrysomèle de la mente ? Difficile pour moi de les distinguer. Pour l'étymologie, Chrysomèle vient du grec chrysos (or) et mèlos (membre, articulation)
Thorax vert métallique, abdomen rouge métallique, c'est une espèce des Chrysidae ou "Guêpes dorées". Il s'agit probablement de Chrysis ignita, la plus répandue. Ignita signifie enflammé et Chrysos c'est l'or... on l'a vu plus haut. C'est une "guêpe coucou" qui parasite les nids d'abeilles solitaires, notamment les abeilles maçonnes. Elle pond dans les nids et sa larve éclose plus tôt que celle de l'abeille en fera son repas.
Le Collier-de-corail ou Argus brun, Aricia agestis, est très proche de son cousin l’Argus de l'hélianthème (Aricia artaxerxes), tous deux de la famille des Lycaenidae, sous-famille des Polyommatinae. Mais un examen attentif des taches des ailes me détermine pour le premier, d'autant que la littérature me dit que si tous les deux fréquentent les landes, le second fréquente plutôt les massifs montagneux.
Le Myrtil, Maniola jurtina, est un papillon de la famille des Nymphalidae, sous-famille des Satyrinae, bref une nymphe de la famille des satyres. C'est beau la mythologie grecque. Il a les ailes fermées et je ne peux donc pas vous dire si c'est un mâle (ailes marrons) ou une femelle (ailes ocres).
Serait-ce le criquet noir-ébène, Omocestus rufipes ? Il y a des chances. Mais diable que c'est dur l'identification des Orthoptères.
Pour finir cette exploration du Mont-César, une petite coccinelle perchée sur un bouton de centaurée. On lui voit 4 points. C'est à tout coup la Coccinelle à sept points, Coccinella septempunctata.