Publié le 28 Avril 2021

La Lithobie, une chasseuse redoutable © Joël Tribhout

La Lithobie, une chasseuse redoutable © Joël Tribhout

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22 mars

Toujours dans le bois mort, c’est la Lithobie à pinces qui passe devant mon objectif. Ce Chilipode, qui aime l’humidité et fuit la lumière (lucifuge), est un chasseur redoutable car il est équipé d’une impressionnante paire de pattes-mâchoires appelées forcipules. Que ce soit des araignées, perce-oreilles, collemboles, petits coléoptères ou diverses larves, tous finiront entre ses mandibules après avoir reçu une bonne dose de venin. N’ayez crainte, il n’y a pas de danger à l’observer mais cela demande beaucoup de patience car sa première réaction quand on la dérange est de s’enfuir.

Avec le Platyrhinus on est dans le monde du minuscule © Joël Tribhout

Avec le Platyrhinus on est dans le monde du minuscule © Joël Tribhout

28 mars

Sous l’écorce d’un vieux chêne et J’ai failli ne pas le voir, je suis en présence du Platyrhinus resinosus. Ce petit Coléoptère (moins d’1cm), phytophage est rattaché à la famille des Anthribidae. Une fois repéré, ce dernier se met sur le dos en faisant le mort. Je ne me laisse pas duper et je prépare mon appareil photo en mode vidéo. Une quinzaine de secondes plus tard, une à une ses pattes se mettent en mouvement puis il se retourne et disparaît très vite.

Une araignée très séduisante © Joël Tribhout

Une araignée très séduisante © Joël Tribhout

Dans ce cocon la vie est en mouvement © Joël Tribhout

Dans ce cocon la vie est en mouvement © Joël Tribhout

30 mars

Cette année 2021, j’ai passé beaucoup de temps à chercher des araignées du cocon à l’adulte et mes rencontres ont été fructueuses. Une de mes plus belles découvertes est la Dysdera crocata. Cachée sous un tronc, elle s’est figée devant mon appareil prenant la pause. D’une belle couleur orangée cette femelle capture des cloportes et transperce leurs carapaces avec les puissants crochets de ses chélicères. Quelques jours auparavant, J’ai vu un reportage où un aranéologue la prenait dans sa main. La tentation était trop grande et le danger de se faire mordre inexistant. Après quelques secondes passées dans ma main, je l’ai déposé et sans un regard elle a disparu à toutes pattes. Sous la fine écorce de ce tronc d’arbre deux cocons renfermant des araignées qui commencent à s’activer vont bientôt percer leur nid soyeux pour de nouvelles aventures.

La femelle lampyris est équipée d’une lampe très efficace © Joël Tribhout

La femelle lampyris est équipée d’une lampe très efficace © Joël Tribhout

Le mâle Lampyris ne dira pas le contraire © Joël Tribhout

Le mâle Lampyris ne dira pas le contraire © Joël Tribhout

1er avril

Je le ou la cherchais depuis longtemps car assez rare à trouver. Je veux parler du Lampyris, du grec lampe, briller et pyros, feu. Il désignait déjà le ver luisant chez les Romains. En grattant un tronc en décomposition je me frotte les yeux. Oui, je suis en présence de la femelle Lampyris qui ressemble à une larve car elle est dépourvue d’ailes. Le mâle a une paire d’élytres typique des Coléoptères. La femelle possède sous son abdomen une petite lampe appelée photophore qui produit une lumière vert-jaune. Lors de la période amoureuse, elle grimpe le long d’une tige, recourbe son abdomen et le balance lentement. Si un mâle repère cette lumière avec ses yeux globuleux, il se laisse tomber à côté de sa promise. Après l’accouplement elle dépose une centaine d’œufs jaunes légèrement luminescents de 1mm de diamètre dans la végétation.

Le Gloméris est équipé d’une ingénieuse et efficace armure © Joël Tribhout

Le Gloméris est équipé d’une ingénieuse et efficace armure © Joël Tribhout

Le Gloméris adulte © Joël Tribhout

Le Gloméris adulte © Joël Tribhout

2 avril

Sous un morceau de bois je découvre toute une famille de Gloméris, 9 exactement, ressemblant à de minuscules billes. A ne pas confondre avec les cloportes qui l’on voit dans le même type d’habitat. Leur nom vient du verbe latin Glomerare signifiant « se mettre en boule ». Ce sont des myriapodes-diplopodes qui possèdent 17 paires de pattes. Quand le Gloméris adopte cette attitude de protection en boule, il est bien difficile de savoir où est la tête car les anneaux s’ajustent à la perfection, protégeant les parties du ventre souples et vulnérables. Ceci lui confère une longévité pouvant aller jusqu’à 11 ans.

Quelques minutes de patience et le spectacle était au rendez-vous quand L’un après l’autre, les 9 Gloméris se sont mis en mouvement.

Ce Carabe embrouillé a revêtu son plus bel habit © Joël Tribhout

Ce Carabe embrouillé a revêtu son plus bel habit © Joël Tribhout

Une tête très impressionnante  © Joël Tribhout

Une tête très impressionnante © Joël Tribhout

17 avril

Au bord d’une allée forestière un tronc vermoulu attire mon attention. D’un geste délicat, je soulève l’écorce et mes yeux sont éblouis devant ce grand Carabe bleu-violet de la famille des Carabidés avec ses élytres granuleuses. Je veux le voir de face alors je le manipule avec douceur. Les yeux dans les yeux, je découvre de longues et impressionnantes mandibules acérées lui permettant de transpercer facilement ses proies telles les limaces dont il est très friand. Il ne vole pas mais J’ai pu constater qu’il peut partir très vite. Il faut savoir que ce Coléoptère ne peut se maintenir dans des forêts soumises à une exploitation intensive donc il aurait tendance à se raréfier. Cette espèce est inscrite comme vulnérable.

Voilà la fin de cette belle aventure qui me fait dire que le monde des insectes doit être considéré comme indispensable à notre écosystème.

Le monde du minuscule devrait être enregistré au patrimoine mondial du bien être animal.

Texte et Photos © Joël Tribhout

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Rédigé par Joël Tribhout

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Publié le 21 Avril 2021

© Joël Tribhout

© Joël Tribhout

Quand on se promène dans une forêt on s’émerveille de la beauté des arbres qui s’élancent droits comme des I vers la canopée, du chant des oiseaux bien cachés dans la ramure, des insectes qu’il nous faut dénicher à l’abri dans la végétation. La vie végétale et animale est en pleine effervescence dès que le printemps s’installe.

Pourtant, si on revient quelques mois en arrière, un monde animal se prépare à sortir de sa cachette au grand jour.

Avez-vous remarqué que de nombreuses souches, troncs et arbres en décomposition jonchent le sol de nos forêts ? L’ONF (Office National des Forêts) laisse volontairement ces bois morts permettant à tout un monde de se cacher, se développer et se nourrir.

Sous les troncs, les écorces où au plus profond dans le bois vermoulu, ma curiosité m’a permis de mieux comprendre l’évolution de certaines espèces. Des rencontres magiques qui pendant de très longues minutes m’ont déconnecté du monde des bipèdes.

Coléoptères, Hyménoptères, Myriapodes (Diplopodes et Chilipodes), Cloportes, Aranéides, Hémiptères ont occupés mes nombreuses sorties dès la fin du mois d’octobre Jusqu’à début avril.

C'est parti pour un hiver bien au chaud © Joël Tribhout

C'est parti pour un hiver bien au chaud © Joël Tribhout

Ma première rencontre en octobre sera avec la reine des bourdons, bien lovée dans sa loge sous une écorce prête à entrer en hibernation.

Je me dépêche de faire deux à trois clichés puis je repose délicatement l’écorce. Au printemps, la reine des bourdons se réveille puis elle fait sa toilette et avant de faire son premier repas de nectar pour reprendre des forces, on peut la voir voler au ras du sol et s’enfuir sous les feuilles pour se reposer de son hibernation. Un phénomène que je remarque à chaque printemps. Puis elle va chercher un endroit propice au sol pour fonder sa colonie. Souvent ce sera un ancien terrier de petit mammifère, idéal pour protéger la future colonie des prédateurs et des intempéries.

Une longueur impressionnante pour ce Géophile © Joël Tribhout

Une longueur impressionnante pour ce Géophile © Joël Tribhout

Le 26 novembre

Je continue mes balades en forêt quand je suis attiré par une grosse pierre. Je sais que la vie animale s’y cache. Doucement, je déplace ce bloc avec précaution pour découvrir un Géophile de la classe des Chilipodes, du grec chili, bord et pod, pied, qui, surpris dans un premier temps, commence à mettre en marche ses 180 paires de pattes.  En quelques secondes il disparaît dans une petite faille. Je remet la pierre en place puis je poursuis mes recherches.

Un frelon européen pas si antipathique © Joël Tribhout

Un frelon européen pas si antipathique © Joël Tribhout

28 novembre

J’ai longtemps hésité à vous présenter le frelon européen de son nom scientifique Vespa crabro car sa réputation d’insecte dangereux s’attaquant aux abeilles est fausse. Il est souvent confondu avec le frelon asiatique qui lui est un prédateur d’abeilles. Le frelon européen est carnivore et en dehors des mouches, il peut s’’attaquer aux papillons, sauterelles, chenilles, mais rarement aux abeilles. Sous une très grosse bûche que je fais rouler lentement, elle est là, endormie, la reine du frelon européen, protégée par deux à trois feuilles. Sa taille peut atteindre les 35 mm contre 18 à 28 mm pour les autres frelons de la colonie. Je sais que je ne risque rien même si sa grande taille peut être dissuasive de toute approche. Je ne suis plus qu’à 1 cm. Je déplace les feuilles et je peux observer en toute tranquillité son abdomen qui bat au rythme de son cœur. Je reste de longues minutes à la regarder, la photographier, la filmer avant de lui remettre sa couverture hivernale. Quand elle se réveillera au printemps, sa tâche sera de fonder une colonie.

La larve du Lucane Cerf-volant en hibernation © Joël Tribhout

La larve du Lucane Cerf-volant en hibernation © Joël Tribhout

Elle deviendra ce majestueux Coléoptère © Joël Tribhout

Elle deviendra ce majestueux Coléoptère © Joël Tribhout

2 décembre

En soulevant une écorce je suis tout excité de ma découverte. Je suis en présence de la larve du Lucane Cerf-volant dont J’ai pu photographier un adulte mâle quelques mois plutôt. Cet insecte, dont l’origine du nom Lucanus vient du latin lucus, « bois sacré », aurait donné le nom au Cerf-volant, car les enfants autrefois, dit–on, faisaient voler les Lucanes avec un fil à la patte. Les passionnés de Cerf-volant aujourd’hui sont appelés « lucanistes ». Les larves qui restent cachées pendant 3 à 5 ans, se nourrissent de bois mort en décomposition. Puis elles entameront leur stade nymphal. Dommage mais je n’ai pas la patience d’attendre, alors je replace l’écorce proprement après une série de clichés.

Cette larve de Taupin va bientôt s’envoyer en l’air © Joël Tribhout

Cette larve de Taupin va bientôt s’envoyer en l’air © Joël Tribhout

Le Taupin est monté sur ressort © Joël Tribhout

Le Taupin est monté sur ressort © Joël Tribhout

Le 3 février

Ce n’est pas en faisant les moissons que j’ai trouvé la larve du Taupin mais comme vous vous en doutez c’est sous une écorce. Ce Coléoptère fait partie de la famille des Elatéridés. La larve qu’on appelle « vers fil de fer », car elle est dure, cylindrique et filiforme, va passer 4 ans sous terre à grignoter les racines des plantes. Pourquoi était-elle sous une écorce ? Mystère ! … Une fois adulte, le Taupin qui vole peu trouvera sa nourriture sur les ombellifères ou les arbres à fleurs. L’originalité de cet insecte est étonnante. S’il se retrouve sur le dos il ne peut se retourner à l’aide de ses pattes car elles sont trop courtes. J’attend patiemment de voir son stratagème. Il relève la tête en arrière afin de tendre un muscle élastique. La tension accumulée dans le muscle est libérée d’un coup envoyant le Taupin en l’air avec un petit clic afin de retomber sur ses pattes.

Une Petite biche pressée de sortir dans la forêt © Joël Tribhout

Une Petite biche pressée de sortir dans la forêt © Joël Tribhout

Le 17 février,

Toujours sous une écorce, me voici en présence de la Petite biche, Dorcus parallelipipedus. Je trouve un peu tôt l’arrivée de ce Coléoptère lucanidé. Mais au vu de la température positive, pourquoi pas !... Je suis en présence d’un mâle car la femelle, plus petite, possède deux petites bosses sur le thorax. Je présume qu’après deux à trois ans passés dans ce bois nourricier, il a envie de se dégourdir les pattes même si sa vitesse de déplacement se rapproche de celle d’un escargot. Si cet insecte est crépusculaire, on le rencontre également en journée se régalant de la sève suintante de la plaie des arbres.

A côté dans une loge se trouve une larve et ne voulant pas la déranger, je pense qu’il s’agit d’une future petite biche.

Une réunion de larves de Pyrochre écarlate © Joël Tribhout

Une réunion de larves de Pyrochre écarlate © Joël Tribhout

23 février

Chacune de mes sorties m’offrent de nouvelles images comme ces larves de Pyrochre écarlate à différents stades d’évolution. Son corps très aplati est pourvu de deux solides éperons ainsi que de mandibules lui permettant de se nourrir de larves d’insectes. Il n’est pas rare qu’en cas de pénurie alimentaire elles se mangent entre elles. Son développement est de 2 à 3 ans. En avril 2020, J’ai photographié la métamorphose de la larve du stade nymphal à celui d’imago et je puis vous assurer que ce moment à été magique.

Le Polydesme caréné marche au radar © Joël Tribhout

Le Polydesme caréné marche au radar © Joël Tribhout

18 mars

Voici le Polydesme caréné qui est un myriapode-diplopode. On le reconnaît grâce à ses anneaux calcaires d’aspect rugueux.  En grec, myria et podos signifient de très nombreuses pattes. Le Polydesme possède 31 paires chez le mâle et 30 pour la femelle. Ce Diplopode vit dans l’obscurité et ne possède pas d’yeux. Il se dirige grâce à ses antennes qui sont équipées de capteurs sensoriels ultrasensibles. Je ne pense pas que ce cocon d’araignée l’intéresse, car sa nourriture est composée de matières végétales en décomposition, de racines ou de fruits tels les fraises des bois.

Texte et Photos © Joël Tribhout

A suivre

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Rédigé par Joël Tribhout

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