Une adhérente m’a fait parvenir quelques photos d’insectes de son récent périple en Namibie avec sa petite famille (adhérente…).
Hello!!! Quelques nouvelles : ici dans le Parc d’Etosha il fait un peu gris mais chaud l’après-midi. Un peu frais quand on part à 6h du matin en chasse ! On a eu un super guide ce matin et on a passé 4 heures à courir après les animaux tous plus majestueux les uns que les autres. On a vu un rhinocéros, mais les guides sont inquiets : ils en ont perdu 150 l’an dernier en raison du braconnage, rien que dans ce parc ! Ne manquaient à l’appel que les lions... il a tellement plu que les animaux peuvent boire partout alors dans un parc de 60 000 km² ils ne sont pas faciles à localiser. Mais on a eu de la chance : on a craqué pour les bébés zèbres... Il y a aussi des oiseaux fantastiques. Niveau insectes on a vu un capricorne, mais pas beaucoup de bestioles exotiques... A part les termitières !!!
C’était son premier courriel. Il y a en a eu d’autres. Evidemment, on ne va pas donner ici de photos des grosses bêtes, mais de celles que nous aimons bien, j’ai nommé les insectes.
Débutons par la photo d’un magnifique coléoptère se posant sur le bras de sa fille pas impressionnée pour un sou. Un rhinocéros ?
les rhinos ©CAP & L’Agrion de l’Oise
Puis il y a ces énormes termitières, chef d’œuvre d’ingénierie thermique. Premier exemple pour le biomimétisme, mais pas le plus spectaculaire.
immeubles climatisés ©CAP & L’Agrion de l’Oise
Nos amis ont aussi vu en très grande quantité une espèce de sauterelle cuirassée comme un chevalier du Moyen-Age, d’au moins 5 cm sans compter les pattes. Pas de problème der braconnage de ce côté, il y en avait plein les pistes, donc beaucoup de petites bêtes écrasées… Côté photo, elles filaient vite et étaient compliquées à photographier.
la grande sauterelle ©CAP & L’Agrion de l’Oise
C’est un orthoptère, Acanthoplus longipes (en anglais longlegged armoured katydid), que l’on trouve parait-il aussi en Afrique du Sud dans la province du nord du Cap et au Botswana. Belle bête et encore il y en aurait de plus grands.
En discutant avec les Damara, une peuplade vivant dans ces contrées, la conversation a démarré autour d'un arbre miraculeux, qui sent l’eucalyptus, dont les feuilles sont comme des ailes d’anges et les graines sont plates dans une cosse de haricot - pas du tout comme des fruits « classiques » d’eucalyptus. Les Damara se servent de toutes ses parties ! Ecorces pour nouer les branchages sur le toit, bois pour la construction et le chauffage, feuilles pour la médication en décoction et pour l’hygiène voire la coquetterie avec une poudre parfumée. Ils ont donc évoqué une chenille qui apprécie beaucoup les feuilles de cet arbre… et que les Damara apprécient. Nous en avions pris une belle en photo, que nous avons montrée pour identification : une superbe chenille bien grasse de 6-7 cm (apparemment c’est une chenille de sphingidae. Un sphinx donc…).
délicieuse parait-il ©CAP & L’Agrion de l’Oise
A la vision de l’animal, les enfants se léchaient les babines en riant. ! Après traduction, nous avons compris que cette chenille était vraiment succulente et que… nous avions eu tort de ne pas la goûter ! Avis aux amateurs, elle s’accommode de diverses manières : cuite en ragout, grillée, séché en chips… Mais ils n'en ont pas proposé à la dégustation. Ils doivent se les garder.
Autre anecdote avec les Damara : ils collectent le millet sur pied mais aussi… d’une façon peu orthodoxe ! Lorsqu’il a une grande pluie, les fourmis prennent la peine de sortir de leurs fourmilière les graines pour qu’elles sèchent. Les Damara n’ont plus qu’à « ratisser » à même le sol ! On ne peut pas vraiment parler d’une symbiose avec ces fourmis travailleuses et généreuses malgré elles…
Mais voilà un myriapode de belle taille, un Iule qui fait bien 12 cm et qui se promène tranquillement et sans se mettre en boule. D’accord ce n’est pas un insecte, mais on peut bien parler de temps en temps d’autres arthropodes. Les éléphants ne s’y intéressent pas trop.
tubes et trompes ©CAP & L’Agrion de l’Oise
Du côté de Twyfelfontein, ce sera un joli coléoptère de 3 cm au moins, avec de belles élytres rouge et noir et un petit point rouge caractéristique
les coléos ©CAP & L’Agrion de l’Oise
Moins coloré, cet autre coléoptère de la taille d’une cétoine fait penser à un hanneton velu.
Nous n’avons pas réussi à les nommer.
Appel aux lecteurs pour nous aider à les identifier.
En bord de mer pas d’insectes. Fait-il trop frais ? Mais des phoques… en quantité. Hors sujet, passons.
les nids du désert ©CAP & L’Agrion de l’Oise
Mais revoilà la chaleur étouffante du désert du côté d’Hammerstein avec quelques rares arbres portant des nids d’oiseaux de belle taille…
Et là, il l’ont vu, celui qu’il fallait voir : le fameux coléoptère emblème du biomimétisme, celui qui grâce à sa carapace arrive à condenser le peu de vapeur d’eau de l’air pour produire la goutte d’eau quotidienne nécessaire à leur vie.
Mais il file vite le bougre sur le sable avec ses grandes pattes et pour le photographier, c’est du sport.
Heureusement il y en avait deux qui prenaient leur temps et on les comprend.
couple de coléoptères condenseurs de vapeur ©CAP & L’Agrion de l’Oise
c'est là qu'ils vivent ©CAP & L’Agrion de l’Oise
On peut dire que c’est le must du désert de Namibie où il ne pleut pratiquement jamais, un des endroits les plus chauds du monde. Quelques précisions sur l’insecte, dont le nom scientifique est Onymacris unquilaris. On le nomme aussi scarabée du désert ou ténébrion phalangé.
Ses longues pattes lui permettent de marcher le corps éloigné de la température torride du sable qui pourrait le cuire vite fait. Tôt le matin, dans la fraîcheur de l’air, un brouillard dense se forme et notre scarabée se prosterne face au vent qui balaie sa carapace. Des microgouttes se forment sur ses élytres et coulent jusqu’à sa bouche.
L’ouvrage Poulpe Fiction d’Agnès Guillot et Jean-Arcady Meyer (Dunod 2014) nous explique le phénomène :
« Un zoologiste et un ingénieur britanniques ont décrypté ce mystère. Au microscope électronique, ils ont découvert que les ailes rigides du scarabée étaient constellées de petites bosses, dont le sommet est recouvert d’une substance hydrophile. Les pentes de ces bosses sont ponctuées de dômes aplatis de 10 microns de diamètre, disposés en hexagones et enduits de cire hydrophobe. Ainsi, les molécules d’eau s’accumulent au sommet des bosses sans s’évaporer ni être emportées par le vent, du fait de l’attraction avec la substance hydrophile. Lorsque la goutte atteint une certaine taille, la gravité l’arrache du sommet et elle glisse vers la bouche de l’insecte grâce aux pentes hydrophobes. »
Simple, non ? Des chercheurs ont réussi à reproduire le phénomène avec une texture semblable. Produire de l’eau dans le désert : un projet pas si futuriste que cela.
En tout cas, moi je suis très content qu’une de nos adhérentes ait pu observer et surtout photographier ce scarabée emblématique. Merci.
Mais avant de quitter la Namibie, c’est un joli papillon qu’elle a pu nous offrir en s’excusant presque de la banalité de l’insecte et de la photo, qui n’est pas de très grande qualité, mais, dit-elle, cet insecte ne se posait que quelques micros secondes sur chaque inflorescence de bougainvillier, pas assez pour une non spécialiste de la photo d’insecte opérant avec son smartphone…. (NdR : le 600 mm étant manifestement réservé aux big five).
un beau papillon ©CAP & L’Agrion de l’Oise
En fait ce lépidoptère est Papilio demodocus, ou Papillon de Vinson ou encore Voilier des citronniers, une espèce de papillon présente dans toute l'Afrique sauf le Sahara et l’Afrique du nord. Les Anglais l’appelle aussi Christmas Butterfly, mais je ne sais pas pourquoi.
Bref en Namibie, on ne photographie pas que du gros gibier, encore faut-il être motivé par les insectes. Et c’est bien sûr le cas pour une adhérente de l’Agrion de l’Oise.