Publié le 24 Novembre 2013
Philatéliste dans mon enfance, je parcours mes vieux albums – peu nombreux je dois dire – pour y trouver des timbres représentant des insectes. Imaginez ma déception : je n’en trouve que deux, des papillons.
L’un Papillo demodocus, joliment dénommé "Voilier des citronniers", sur une vignette du Mozambique à 10 $, date de 1953 et fait partie d’une série de 20. L’autre non nommé, également de 1953, figure sur une vignette suisse "Pro juvente" à 10 centimes de franc suisse surchargé + 10. Recherche faite, il s’agit d’un Lymantria monacha, papillon nocturne communément appelé "Nonne". Entre 1950 et 1957, la Suisse avait émis une trentaine de timbres représentant des insectes, majoritairement des papillons.
Dans ce temps là l’insecte ne se retrouvait apparemment pas souvent dans les boites aux lettres de ma famille.
J’ai abandonné cette passion de jeunesse mais, depuis ces années, je découpe les timbres sur les courriers que je reçois et les mets soigneusement dans une boite à chaussures en espérant qu’un de mes petits-enfants se passionne un jour pour ces petites images colorées, qui me faisaient voyager et apprendre la géographie. La boite est quasiment pleine. Je cherche si mes amis les insectes y sont en bonne place. Là encore déception, sur des centaines de timbres, à peine 20 petites bêtes figurent au milieu de nombreux personnages plus ou moins illustres, monuments, fleurs, oiseaux, mammifères,… Mes correspondants négligent-ils ces représentations ? A moins que les administrations des postes ou les graveurs ne rechignent à utiliser nos bêtes à 6 pattes pour affranchir nos courriers ?
Toujours est-il que je trouve pour la France en 1980, un timbre à 1,10 F, le très beau papillon Graëllsia Isabella, le fameux Isabelle, un des plus grands papillons d’Europe avec une envergure de 50 mm, espèce menacée et totalement protégée en France depuis 1993. Par ailleurs un papillon rouge-orangé bordé de noir, un vice-roi peut-être, et une coccinelle rouge à points noirs, elle aussi pour évoquer les vacances.
Pour annoncer les heureux événements notre Poste propose le papillon pour les garçons et l’abeille pour les filles. Est-ce pour le rime ? Et sont-ce bien de véritables insectes ?
Je trouve encore quelques exemplaires – toujours et encore des papillons - pour la Grande-Bretagne : à 14 p, un Small Tortoiseshell (Petite tortue) et à 18 p, un Large Blue (Azuré du serpolet qui, en voie de disparition, se répand à nouveau en Grande-Bretagne, bravo). Enfin deux pays, la Tanzanie et la Malaisie me proposent des espèces exotiques.
Revenons en France où d’autres insectes, sans doute parce que mal aimés, ont été réservés au timbre taxe. Et oui… une série de 10 vignettes de 0.10 à 5 F éditée en janvier 1982. Tous des coléoptères : Ampedus cinnabarinus, Dorcadion fuliginator, Leplura cordigera, Paedurus littoralis, Pyrochroa coccinea, Scarites laevigatus, Trichius gallicus, Adelia alpina, Apoderus corily. J’en ai six, il me manque 0.30, 0.40, 3.00 et 5.00 F. A retenir que ce sont les derniers timbres taxe "à coller" émis.
Heureusement parmi ces 20 vignettes, je trouve 3 odonates, 2 timbres allemands de 1991 : Libellula depressa (libellule déprimée bleue) à 50 pfennigs et Sympetrum sanguineum (sympetrum rouge sang) à 60 pfennigs, et, un timbre de la République tchèque de 1995 à 6 couronnes : calopteryx splendens, un zygoptère appelé autrefois "agrion éclatant". Un agrion, enfin ! même s’il n’est pas de l’Oise…
Pourquoi si peu d’insectes en dehors des papillons, alors qu’il y a tant de variétés, tant de formes, tant de coloris … Enfin si peu dans ma boite à chausssures, car des centaines de vignettes ont été émises dans de nombreux pays et l’entomophilatélie existe bel et bien.
Rendons aussi ici hommage à Jean-Henri Fabre (1825-1915) avec le timbre à 12 F émis en 1956. Malheureusement, vérification faite, il ne figure pas dans ma collection… Dommage. Mais il n’est pas coté bien haut :je pourrai l’avoir pour 1 € seulement…
A noter qu’un nouveau timbre à l’effigie de notre grand entomologiste, "l’Homère des insectes", doit être édité en 2015 à l’occasion du centenaire de sa mort. La décision a été prise par arrêté du 8 août dernier par Fleur Pellerin, "ministre des philatélistes, puisque c'est elle qui signe le programme philatélique de La Poste. La valeur faciale n’est pas encore déterminée. Celui-là, il me le faut !
Ceci dit, on ne m’écrit plus tellement de lettres depuis qu’il y a l’Internet ; mais heureusement, ma famille et mes amis m’envoient encore des cartes postales de vacances… Pourvu qu’ils pensent bien à demander s’il y a des timbres d’insectes pour les oblitérer.