Insectes et protection de la biodiversité (2) : la CITES

Publié le 16 Février 2014

Dans notre précédent article sur la biodiversité, daté du 12 janvier 2014, nous en étions restés à 2010 Année de la Biodiversité, mais il faut dire cette préoccupation s’était traduite par des actes nationaux et internationaux déjà quelques années auparavant.

La préoccupation pour la faune et la flore sauvages remonte aux années 60 avec la prise en compte de la nécessité de réglementer le commerce international des espèces sauvages en vue de les conserver, commerce portant sur des milliards de dollars par an et sur des centaines de millions de spécimens de plantes ou d’animaux. Il s’agissait bien sûr de protéger des espèces emblématiques comme le tigre ou l’éléphant et éviter leur disparition, mais aussi d’éviter de porter atteinte à quantité d’autres espèces menacées par le trafic de produits dérivés, objets en cuir, en corne ou en bois, souvenirs pour touristes, remèdes, etc.

Insectes et protection de la biodiversité (2) : la CITES

Les travaux engagés ont abouti en 1963 à une résolution de l’assemblée générale de l’UICN, aujourd’hui Union mondiale pour la conservation de la nature, puis en 1973 à la Convention de Washington, accord international entre états mieux connu sous le sigle CITES – convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

Le préambule de la CITES est le suivant :

"La faune et la flore sauvage constituent de par leur beauté et leur variété un élément irremplaçable des systèmes naturels, qui doit être protégé par les générations présentes et futures".

Ce sont 179 Parties (états pour lesquels la convention est entrée en vigueur) qui ont signé cette convention internationale, les premiers en 1974 (Etats-Unis le 1er janvier), le dernier état à avoir signé étant l’Angola le 2 octobre 2013. La France est devenue Partie le 11 mai 1978 en ratifiant la convention.

Aujourd'hui, la CITES permet de protéger 5000 espèces animales et 28000 espèces végétales sauvages – qu'elles apparaissent dans le commerce sous forme de plantes ou d'animaux vivants, de manteaux de fourrure ou d'herbes séchées. Trois annexes regroupent les espèces en fonction de la gravité de leur risque d’extinction. La réglementation peut concerner des groupes entiers ou des sous-espèces ou encore une population géographiquement isolée (par exemple dans un seul pays).

Les invertébrés, dont les insectes, représentent au total 2328 espèces et 9 sous-espèces, ce qui est très peu au regard du million d’espèces d’insectes répertoriées à ce jour.

Dans les trois annexes se retrouvent notamment des coléoptères comme le Colophon (lucane d’Afrique du Sud), ou Dynastes satanas (un scarabée), des lépidoptères (papillons) comme Agrias amydon boliviensis, Morpho godartii boliviensis, Parnassus apolio, etc.

Insectes et protection de la biodiversité (2) : la CITES

Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) tient à jour la base de données avec l’appui financier de la Commission européenne et du Joint Nature Conservation Committee du Royaume-Uni.

Les travaux de la CITES peuvent être suivis sur son site Internet, sachant que la CITES a publié en 2013 un rapport sur ses 40 années d’existence.

On note par exemple pour les toutes dernières activités de début 2014 :

  • 6 janvier 2014: Déclaration du Secrétaire général de la CITES lors de la destruction officielle de stocks d’ivoire d’éléphant confisqués
  • 22 janvier 2014: notification relative au commerce illégal de spécimens d’Osyris lanceolata (bois de santal est-africain) du Burundi
  • 23 janvier 2014: notification relative au rhinocéros
  • 24 janvier 2014: notification relative au commerce illégal des guépards
  • 29-31 janvier : Atelier consultatif régional FAO-CITES à Casablanca sur l’évaluation des capacités de mise en œuvre des nouvelles inscriptions de requins et de raies manta aux annexes de la CITES
  • 4 février 2014 : Enregistrement des établissements élevant en captivité à des fins commerciales des espèces inscrites à l’Annexe I (concerne des élevages de faucons en Serbie)
  • 10 février 2014 : Paragay : levée du moratoire volontaire sur le commerce des espèces CITES

Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), le trafic mondial d'espèces de faune et de flore sauvages est actuellement estimé à 19 milliards de dollars (14 milliards d'euros) par an.

Au calendrier CITES, s’ouvrait à Londres le 13 février, à l’initiative du Premier Ministre David Cameron et du Prince Charles, une conférence sur le commerce illégal d’espèces sauvages. Le Prince Charles et son fils William, très engagés dans la lutte pour la protection de l’environnement, y ont fait une déclaration pour la protection des éléphants. A noter qu’en France 3 tonnes d’ivoire issues de saisie étaient détruites le 6 février dernier, après la signature du pacte France-Afrique pour lutter contre le trafic d’espèces menacées.

Insectes et protection de la biodiversité (2) : la CITES

Signalons aussi que le 15 janvier 2014 sortait une notification aux Parties pour la célébration, sous l’égide des Nations Unies, de la Journée mondiale de la Vie sauvage le 3 mars prochain, en référence à la date de naissance de la CITES, le 3 mars 1973, dont l’objet sera de :

  • célébrer les formes les plus belles et les plus variées de la faune et de la flore sauvages ;
  • faire connaître les multiples avantages que les espèces sauvages procurent aux hommes ;
  • sensibiliser le public à la nécessité urgente d’intensifier la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, qui a de nombreuses incidences économiques, environnementales et sociales.

Le responsable du CITES déclarait à cette occasion : "cette Journée nous rappelle l'urgente nécessité d'intensifier la lutte contre la criminalité de la vie sauvage, et ses vastes impacts économiques, environnementaux et sociaux".

Nous suivrons cet événement de près.

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