La Libellule et la Grenouille
Publié le 4 Mai 2019
Une charmante Demoiselle
Aux ailes de dentelle,
Dans une mare se mire,
Dans ce miroir s’admire.
Une grenouille sur un nénuphar
La déguste du regard,
Immobile sur son radeau fleuri,
Elle l’imagine en son estomac englouti.
Tu t’approches incrédule,
Belle libellule,
Te voici devenue friandise,
Excitant sa gourmandise.
Tu te poses sur son nez,
Elle se met à loucher,
Devant huit ailes nervurées,
Tremblantes sous une brise d’été.
Inconsciente du danger,
Elle décide de la charmer,
De la caresser de ses voiles,
Jusqu’à la première étoile.
La grenouille coasse
Devant autant d’audace,
« Me voilà partagée entre festin
Ou plaisir divin ».
« Je vais profiter de cette délicate attention,
Avant de passer à la dégustation,
Car ces effleurements chatouilleux,
Valent bien quelques secondes de jeu. »
Doucement, le vent dans les roseaux
Entame son concerto,
Puis doucement les fait plier.
La grenouille s’impatiente,
« L’heure n’est plus à la clémence,
Il est temps de faire bombance,
Et de profiter de ma récompense ».
Soudain, le souffle léger du dieu Eole,
Emporte telle une étole,
La libellule vers les ramages,
Loin d’un éventuel effeuillage.
Verte de colère,
La langue pendante et collante,
La grenouille regarde flotter dans les airs,
Cette proie éphémère.
Alors, seule au milieu de l’étang,
Elle gonfle ses ballons séducteurs,
Appelant lors d’un mélancolique coassement,
Une compagne qui comblera son cœur.
poème et photos de Joël Tribhout