Publié le 13 Février 2017

Encore un extrait du temps passé...

Chez la bête, comme chez l’homme, il y a de l’instinct et de l’intelligence.

L’amour provient d’une attirance instinctive ; l’amitié possède les facultés issues de l’intelligence.

Chez les insectes, je ne citerai que deux ou trois exemples sur leur amitié ou sur leur amour la place me faisant défaut pour en donner davantage.
[…]

©Dittaeva GNU Free Documentation License Wikipedia Commons

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Le Lethre à grosse tête (NdR. dermeste du lard, Dermestres lardarius) est un petit coléoptère au corps rugueux et de coloration noire. Sa tête est triangulaire et très développée. Lorsqu’il a choisi sa compagne, il ne la quittera plus et les deux insectes s’aimeront jusqu’à ce que la mort vienne mettre un terme à leur union.

Aidé de son épouse, le mâle creuse une galerie qui souvent mesure un mètre de longueur ; d’abord oblique, les terrassiers la redressent verticalement ; ils y construisent de grandes loges où ils déposent la nourriture qui sera nécessaire aux jeunes lethres qui naîtront d’eux.

Matin et soir, le lethre à grosse tête, laissant sa compagne aux soins du ménages, s’en va au travail. Il grimpe sur les ceps de vigne, il en coupe les jeunes pousses qu’il laisse tomber sur le sol. Quand il en a abattu un certain nombre, il descend, met pied à terre. Un à un, il prend dans ses mandibules les bourgeons qu’il a coupés, et, un à un, il les transporte à son domicile, où à l’entrée la femelle guette son arrivée ; Aussitôt qu’elle l’aperçoit elle court au-devant de son compagnon, le débarrasse du bourgeon qu’il apporte ; elle le roule en boule et y dépose un œuf qui est aussitôt placé dans une des loges préparées à l’avance. Et le ménage, constamment uni, assure ainsi l’avenir de ceux qui naîtront de lui.

Ephémère - extrait de Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, t.VI]. Tome 6, Ferchaud de Réaumur, BNF Gallica

Ephémère - extrait de Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, t.VI]. Tome 6, Ferchaud de Réaumur, BNF Gallica

L’Ephémère adulte ne mange pas ; sa vie est brève, mais heureuse entre toutes. Se nourrissant d’un rayon de soleil, vagabondant dans la lumière, il folâtre au milieu de ses compagnons d’un jour.

Suivez-le. De l’immense tourbillon de la valse aérienne, deux êtres se détachent ; aussi légers que deux âmes, ils se posent sur une feuille de nénuphar ou sur une fleur d’iris. Sur cette fleur ou sur cette feuille que l’onde berce, au milieu de toutes les gloires du printemps, les éphémères s’unissent.

Puis ils tombent dans le crépuscule de la joie. Les minutes et les années n’étant qu’une même chose lorsqu’elles sont passées.

Alphonse Labitte, attaché au Muséum national d’Histoire naturelle (Hautes études)

Extrait de De bons exemples : l’amour et l’amitié chez les insectes, L’Intransigeant, 30 octobre 1927,

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