Publié le 20 Mai 2016

Nous vous invitons à notre prochaine conférence trimestrielle

le 31 mai à 20h00 à la salle des fêtes de Rieux (rue Jean Carette à gauche de la mairie).

Cette conférence portera sur un insecte qui fait beaucoup parler de lui par les dégâts qu'il cause sur les populations d'abeilles domestiques, venant ajouter son action néfaste à celles des autres fléaux de l'insecte mellifère : pesticides, varroa, loque, monoculture, ondes électromagnétiques...

Beaucoup s'inquiètent de la prolifération de cet insecte invasif et s'interrogent sur les actions à mener pour qu'il cesse de nuire.

Notre conférencière, spécialiste des hyménoptères, établira le bilan de la situation et nous apportera le point de vue d'un organisme de référence.

Photos Jean Haxaire

Photos Jean Haxaire

Madame Claire Villemant, Maitre de Conférence au Muséum national d’Histoire naturelle, membre de l'Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (UMR7205) dont les laboratoires sont au Jardin des Plantes, vous proposera

Bilan des connaissances sur l’invasion en Europe

du frelon asiatique Vespa velutina

Vespa velutina introduit en France avant 2004 est un féroce prédateur d’abeilles dont la rapide expansion menace l’apiculture européenne. La présentation portera sur la biologie de l’espèce, les caractéristiques de l’invasion et les modalités d’un éventuel contrôle.

Claire Villemant est responsable de la collection d’Hyménoptères du MNHN (guêpes, abeilles et fourmis : 1 million de spécimens). Ses recherches portent principalement sur la biodiversité des Hyménoptères parasites et sur l’invasion de Vespa velutina en France.

Elle a publié en collaboration avec le photographe Philippe Blanchot deux ouvrages sur les insectes (Portraits d’Insectes, Seuil 2004 ; Tête-à-tête avec les insectes, Seuil Jeunesse 2008).

On notera que Claire Villemant est membre de notre association depuis sa création.

Une conférence à ne surtout pas manquer

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Publié le 14 Mai 2016

illustration Pêcheur-Praticien 1870

illustration Pêcheur-Praticien 1870

Un de nos amis a retrouvé dans les vieux bouquins de sa famille, au fin fond d’un grenier poussiéreux, un petit opuscule bien sympatique : le Nouveau manuel complet du pêcheur-praticien ou les secrets, les mystères et les ruses de la pêche à la ligne dévoilés et mis à la portée de tout le monde par M. Lambert (St-Ange), amateur. On ne sait rien de plus sur cet amateur, ... éclairé il va sans dire.

page de garde

page de garde

Dans ce bréviaire, sans doute inspiré par Saint André le patron des pêcheurs et des poissonniers, paru en 1870, enrichi du fruit d’expériences journalières, nous avons découvert des lignes passionnantes sur la pêche.

Ne jamais perdre patience

Est la moitié de la science

Et que l’on ne croie pas que cette patience, qualité première du pêcheur à la ligne, puisse s’acquérir à volonté. On nait pêcheur comme l’on naît chasseur ; c’est un goût que le séjour à la campagne, sur les bords d’une rivière, peut donner et développer, il est vrai ; mais il y a une grande différence entre le pêcheur formé de cette façon et celui que ses facultés naturelles ont poussé vers cet amusement plein d’attraits.

Cet ouvrage - dont la première édition remonte à 1842 et la probablement dernière et quatrième à 1906 - allait donc nous délivrer tous les secrets de Monsieur Lambert. Mais bien entendu, je ne me suis attardé que sur les passages ayant trait aux insectes.

Après avoir présenté comment se fabriquer une bonne canne, légère, solide et flexible, monter une ligne en crin terminée en queue de rat, choisir judicieusement son hameçon, de préférence irlandais, mais fabriqué en France, Monsieur Lambert nous propose des modèles de poissons artificiels : véron – aujourd’hui nous écririons vairon - pour la pêche du brochet, ablette pour la truite. Puis il passe aux insectes artificiels :

On fabrique également des insectes artificiels pour la pêche de la truite, du dard ou vaudoise et du juerne. Ainsi que les modèles précédents, la ressemblance de ces imitations n’est pas absolue, et il faut vraiment que la voracité des poissons vienne en aide à l’habilité du pêcheur.

insectes artificiels

insectes artificiels

Puis il nous dit comment réaliser des empiles (le petit filet sur lequel on attache l’hameçon), technique qu’il est indispensable d’acquérir avant de se lancer dans la fabrication des mouches artificielles :

On peut fabriquer soi-même ces mouches avec de la soie, de la laine, et de la plume de divers oiseaux ; on leur donne ainsi à peu près l’apparence de l’insecte qu’on a voulu imiter.

mouchzes artificielles

mouchzes artificielles

Je passe sur ces mouches artificielles. Je préfère vous renvoyer vers un article plus ancien de notre blog, le mêcheur à la pouche.

Moi je préfère que nous arrêtions aujourd’hui sur les insectes en chair et en os, pardon je voulais dire les vrais, les naturels, en chair et en chitine bien évidemment. Alors portons nous à la page 36, passons les lignes de fond, à flotter ou à rouler, la confection des grelots, les bouchons plus ou moins perfectionnés, les plombées… sans oublier la trousse du pêcheur, la boite à hameçons, le plioir, le dégorgeoir, les émerillons, le panier, la boite à vers, le seau à vif, le filet à poisson, les sondes, le grappin, l’épuisette, et surtout le pliant et le parapluie à ne pas oublier.

Enfin nous arrivons aux amorces et aux esches… Admettons que nous avons convenablement amorcé la place de pêche.

On nomme escher, mettre à l’hameçon tel ou tel appât. […] On doit faire une distinction entre les esches tendres et les esches dures. Les premières tiennent peu à l’hameçon et demandent un ferrage prompt ou approprié à l’espèce de poisson. Ce sont les pâtes, les insectes [nous y voilà], les porte-faix [qui sont aussi des insectes mais le sait-il Monsieur Lambert ? probablement], les cerises, le raisin, le vif, le poisson entier ou en morceaux, etc. Les secondes résistent aux attaques du poisson, et obligent le pêcheur à sentir bien franchement ces attaques pour ferrer. Ce sont les vers rouges et le fromage de Gruyère.

Monsieur Lambert entreprend de nous faire connaître les moyens de se procurer des esches et la manière de les enferrer.

Et voilà le ver à queue que l’on trouve dans les ruisseaux d’écoulement d’urine de vache et dans les fosses à purin... excellent pour tous les poissons, mais surtout la brème et le barbillon. C’est la larve d’un diptère, le ver à queue de rat des éristales (Eristalis tenax et autres diptères syrphidae), donc proche des syrphes. Eristalis tenax est encore appelé éristale gluante ou mouche à pourceau, tout un programme. Mais sachez que cet insecte contribue à la pollinisation, ce qui rachète son environnement répugnant.

Syrphe au soleil ©RogerPuff

Syrphe au soleil ©RogerPuff

Suit le ver blanc de viande ou asticot. On peut s’en procurer soi-même dans toute viande corrompue ou avec du poisson. Je préfère vous faire grâce du mode opératoire… mais il faut l’utiliser avant qu’il passe en chrysalide que l’on appelle épine-vinette. Mais attention ce n’est pas le vinettier (Berberis vulgaris), arbuste de la famille des Berbéridacées, ni le 13ème jour du mois de Fructidor.... C’est la pupe de la mouche, qui effectivement ressemble un peu en forme, taille et couleur à la graine de l’arbuste. Je vous renvoie aux sites spécialisés. Ceci dit la pupe serait excellente pour la pêche au gardon. Ajoutons que les asticots mêlés à du crottin de cheval constituent une excellente amorce pour tout type de pêche. Monsieur Lambert en revanche ne nous dit encore rien de l’usage des mouches susceptibles d’éclore.

Les vers de terre, de terreau et de fumier, dits vers rouges, n’ont rien à voir avec l’entomologie. Laissons-les de côté. Car voici le paragraphe qui nous intéresse au premier chef.

Chenilles, papillons, hannetons, mouches vives, cocon de ver à soie.

Ces insectes, aussitôt qu’ils paraissent, servent à la pêche des poissons de surface ; la chenille velue est venimeuse pour le pêcheur, les chenilles sans poils sont préférables ; mais comme les velues sont les premières, on s’en sert au printemps. On les trouve facilement sur l’écorce des ormes, sur les routes. On pêche avec cette esche, à la plume au coup, le petit et le moyen juerne ; avec les papillons et les hannetons, on pêche, sans plume de surface, le gros juerne, le dard, et quelquefois la truite ; avec la mouche commune, on prend l’ablette, le petit juerne ; avec la grosse mouche, l’abeille, etc. on prend le gros juerne, le dard, etc. On les enferre du côté de la tête, le hanneton par le corselet du côté droit.

Hanneton comm ©ThierryFrayon

Hanneton comm ©ThierryFrayon

Plus loin, après les graines et les fruits, les pâtes diverses et variées, les herbes fortes (serpolet, marjolaine, absinthe, menthe, etc. et le fromage de Gruyère (fromage à pâte dure, c’est certainement plus difficile de pêcher au camembert), le pain bis et le sang caillé, les viandes cuites et crues, la chair d’hirondelle pour pêcher l’anguille (c’est scandaleux), le poisson et les crustacés, nous trouvons un récapitulatif par type d’esches. Je ne donnerai ici que les esches les plus convenables à base d’insectes :

  • Le ver blanc à queue pour tous les poissons
  • Le ver blanc de viande pour la plus grande partie
  • La chenille sans poils pour le dard, le juerne et quelquefois la truite
  • La sauterelle pour les mêmes
  • Le grillon de boulanger pour les mêmes
  • Le ver de farine pour les petits juernes, les dards, les gardons et les petits barbillons
  • La mouche commune de viande pour les mêmes
  • Les grosses mouches et abeilles pour les mêmes
La demoiselle ©RogerPuff

La demoiselle ©RogerPuff

  • La demoiselle ou mariée pour les mêmes
  • Le hanneton pour le juerne, le dard et la truite
  • Le corps des papillons pour le juerne
  • Les vers d’eau dits porte-bois, porte-faix, cher-faix, cherche-faix, etc. (bref des trichoptères) pour tous les poissons moyens
  • Le cocon de ver à soie pour le juerne, le dard et la truite
  • Le taon de couche pour l’anguille et le gros barbillon

Enfin j’ai su ce que c’était qu’un juerne en prenant connaissance du sous-chapitre Toucher du poisson dans le chapitre Pratique de la pêche :

Le juerne, juène, chevanne ou meunier attaque bien de fond au printemps ; mais l’été, à la surface, il mord si légèrement, qu’à peine on s’en aperçoit (ferrer très vite).

C’est donc un chevesne ou chevaine (Squalius cephalus), encore appelé nommé cabot (en Franche-Comté), cabouòt ou cabeda (dans l'Aveyron), meunier, dos noir, chevanne...

Quant à la vandoise ou dard, c’est le poisson le plus vif ; s’il est un peu gros, il fait des efforts à tout rompre (ménager).

La vandoise (Leuciscus leuciscus), autre poisson blanc comme le chevesne, est une espèce de poisson potamodrome d'Europe et d'Asie. Potamodrome ? Et oui, on en apprend des mots nouveaux dans ce blog, le mot vient du grec potamos, le fleuve, et dromos, courir, autrement dit qui migre uniquement dans des rivières d’eau douce

Les autres poissons cités ne posent a priori pas de problème de reconnaissance, enfin je crois.

Je passerai sur la suite de l’ouvrage qui traite de l’appétit du poisson, des effets du bruit, du ferrage (à l’insecte il faut faire vite, mais au ver blanc ne pas se presser), du temps favorable à la pêche, de l’aspect de l’eau, du choix de la place, de l’emploi du moulinet, … il y en a des pages… Le tout se conclut par un chapitre Législation et Jurisprudence avec la Loi sur le droit de pêche du 15 avril 1829 et les deux lois du 31 mai 1865 et le décret du 25 janvier 1868 – donc très récents à l’époque, ce qui justifiait sans doute une nouvelle édition.

La loi a bien dû changer depuis. Tiens, c’est même pratiquement d’hier : Le décret n°2016-417 du 7 avril 2016 modifie diverses dispositions du code de l'environnement relatives à la pêche en eau douce.On se réfèrera utilement au Code de l’Environnement et à son titre III relatif à la Pêche en eau douce et la gestion des ressources piscicoles (Article L430-1) et ses 8 chapitres. Mais ceci est une autre histoire, dans laquelle je n’ai pas l’intention de me lancer aujourd'hui.

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