Publié le 28 Décembre 2013

Tous nos voeux

Une excellente année pour

le projet d'Insectarium

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Publié le 24 Décembre 2013

Revenons si vous le voulez bien à l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert et plus particulièrement à l’article sur les jambes des insectes, signé D.J. donc article rédigé par Louis de Jaucourt tout comme l’article principal « Insecte ». En voici un extrait :

« Jambe, s. f. (Hist. des Insectes.) partie du corps des insectes qui leur sert à se soûtenir, à marcher, & à d’autres usages. […] Les insectes ne font pas tous le même usage de leurs jambes ; elles leur servent principalement pour marcher, mais il y en a à qui elles servent encore de crampons pour s’attacher fortement ; quelques-uns en font usage pour sauter, & les sauts qu’ils font sont si grands, qu’on dit qu’une puce saute deux cens fois plus loin que la longueur de son corps. Pour cet effet, ces insectes ont non-seulement des jambes, des cuisses fortes & souples, mais encore des muscles vigoureux, & doués d’une vertu élastique, par laquelle l’animal peut s’élever assez haut en l’air. […]»

S’inspirer du déplacement des insectes

C’est pour nous l'occasion d'évoquer le biomimétisme (du grec bios, vie, et mimesis, imitation), qui est aujourd’hui mis en avant comme source d’inspiration pour la mise aux points de procédés, d’appareils ou des produits nouveaux. La scientifique américaine, Janine M. Benyus, a décrit cette nouvelle approche dans son livre « Biomimicy, Innovation Inspired by Nature » paru en 1998. Nous en reparlerons souvent ici, d’autant plus que notre région accueille un centre d’excellence, le CEEBIOS, consacré à cette discipline.

Une récente information, parue en septembre dernier dans « Pour la Science » relatant une découverte faite à l’Université de Cambridge, a montré que, chez la nymphe de la cigale bossue (Issus coleoptratus), un véritable mécanisme d’engrenage permettait de synchroniser le mouvement des deux pattes arrière lors du saut.

S’inspirer du déplacement des insectes

Bien sûr, les mécaniciens n’avaient pas eu besoin de cette observation au microscope électronique pour inventer et mettre au point les engrenages à roues dentées. Archimède (287-212 av. J.C.), en inventant la roue dentée, en est à l’origine.

Ceci dit l’observation du mouvement chez les insectes apporte bien des idées aux ingénieurs. La robotique est un domaine d’application privilégié. A l’Université de Bielenfeld (Allemagne) un robot à six pattes, présenté en avril 2011, s’inspire de la démarche des insectes. On l’a appelé HECTOR pour HExapode Cognitive auTonomously Operating Robot. Ses trois paires de pattes lui confèrent une bien meilleure stabilité que celle d’un robot bipède. Aide à la personne, exploration lunaire ou martienne, bien des applications sont envisageables.

S’inspirer du déplacement des insectes

Là encore, les chercheurs allemands ne sont pas les seuls à avoir pensé à la marche hexapode des insectes, avec 3 points d’appui simultanés : 2 d’un côté et 1 de l’autre (tripode). On notera toutefois que les mantes et autres mantispidés ne marchent que sur 4 pattes, les pattes antérieures étant réservées à la préhension des proies.

Par ailleurs une information d’octobre dernier nous apprend que certains bousiers sud-africains (Pachysoma) ne marchent pas : ils galopent. Ils déplacent chaque paire de pattes en phase comme un cheval au galop. Les pattes arrière toutefois ne participent pas vraiment au déplacement et trainent sur le sol. Qui plus est, cette façon de faire n’est pas très efficace et les bousiers à marche tripode se déplacent bien plus vite. Ce lent galop pourrait éventuellement, selon les chercheurs de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, leur permettre de moins s’enfoncer dans le sable et surtout par sa régularité de mieux estimer la distance de son nid à sa proie, et ainsi lui faciliter le retour.

S’inspirer du déplacement des insectes

Voilà pour la marche de l’insecte. Nous n’avons pas parlé des stades intermédiaires, il faudra bien, si vous le voulez bien, aborder le déplacement des larves et des chenilles, ce sera pour une autre fois . Et une autre fois encore, nous nous intéresserons au vol.

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Publié le 15 Décembre 2013

Des insectes chez vous à Noël ?

Comme les fêtes de fin d’année sont là, que le sapin est dans presque tous les foyers, je me suis dit qu’il y avait peut être de quoi parler Noël, sapin et… insectes.

Et pan dans le mille ! Une recherche rapide me fait tomber sur un article paru en décembre 2012 sur le site internet du Figaro : « Des milliers d’insectes dans les sapins de Noël ». Cet article fait référence à une étude norvégienne de l’Université de Bergen qui annonce que jusqu’à 25000 insectes peuvent se réveiller de leur début d’hibernation dans la douce chaleur de votre salon.

Qui sont-ils ? Des psocoptères, des collemboles et divers acariens… Il y a de quoi s’inquiéter, pour sûr. Mais de quoi s’agit-il ? Désolé, je n’ai pas d’images, c’est bien trop petit pour mon appareil photo. Reportez vous pour les identifier à votre dictionnaire ou à une encyclopédie en ligne.

Enquête faite, les psocoptères ou psoques constituent un ordre homogène d’environ 4000 espèces réparties dans le monde entier. Ce sont des hétérométaboles (à développement progressif en 5 ou 6 stades). Ils sont tout petits, pâles, vivent en groupe sous les écorces et se nourrissent de toutes petites choses, débris d’algues, de lichens, d’écorces... Dans les maisons et les appartements, ils se nourrissent souvent de vieux papiers, et on peut en trouver dans les bibliothèques : ceux-là sont appelés « poux des livres » (ils doivent bien s’entendre avec les rats de bibliothèque). Ils n’ont guère plus d’un millimètre, peuvent avoir quatre ailes, mais pas toujours car elles n’arrivent qu’au 2ème stade. Ils n’intéresseraient que modérément les entomologistes, sauf et surtout quand ils s’attaquent aux insectes épinglés dans leurs boites de collection.

Aucun psoque ne figure sur une liste d’espèces protégées. Ils ont quelques prédateurs dont les pseudoscorpions ou encore de minuscules hyménoptères, les mymaridés, qui pondent leurs œufs dans l’abdomen des psoques. C’est dur la vie d’insecte. Bref, s’ils ne sont pas dangereux pour l’homme, leur prolifération dans les appartements peut être gênante. Ceci dit tranquillisez-vous, même si vous n’avez pas de sapin de Noël, vos plantes vertes sont fréquentées par d’autres bestioles. La biodiversité, c’est aussi cela.

Quant aux collemboles, ce sont de petits animaux de moins de 3 mm se déplaçant en sautant. Ceci dit dans la classification, ces arthropodes hexapodes ne sont pas considérés comme des insectes, on les classe plutôt chez les crustacés. Remarquez que le Larousse nous dit toujours que ce sont des insectes. Faudrait savoir… Ils peuplent les sols, les troncs d’arbres ou les milieux humides. Ils n’aiment pas la lumière et sont actifs même en hiver, hors périodes de gel. Ils sont très utiles pour la transformation des matières organiques en humus, régulent la microflore et assurent la circulation des nutriments (azote, phosphore, potassium,…). Les écotoxicologues en utilisent pour des tests de laboratoire pour étudier la toxicité des sols pollués. Dans la nature leur présence est un bio-indicateur de l’état écologique des milieux. Là encore, pas de danger, pas de panique.

Enfin les acariens. Vous déjà savez qu’il y en a partout dans nos maisons. Là encore ce ne sont pas des insectes, mais ne soyons pas sectaires : ce sont des arthropodes tout comme nos pscocoptères (insectes), nos collemboles (crustacés), mais eux sont des arachnides et ils comptent 8 pattes. Les plus gros sont les plus dangereux pour l’homme comme les tiques avec la maladie de Lyme, les sarcoptes responsables de la gale, les aoûtats,… les acariens des poussières quant à eux sont cause d’allergies.

Mais pas d’inquiétude, c’est en tout cas ce que nous disait en décembre 2012 un agronome de l’Association française du sapin de Noël : « Cela va de soi et c’est plutôt bon signe. Les sapins sont un morceau de nature et ils ne subissent pas de stérilisation alors forcément, ils contiennent toutes ces petites bêtes, qui ne sont en rien dangereuses ».

C’est ce que confirmaient les scientifiques de Bergen qui eux aussi nous rassuraient, d’abord les bestioles en question sont minuscules, vivent en écosystème équilibré, les unes pouvant être les proies des autres, et surtout ne risquent pas de se disséminer dans vos maisons. Donc pas plus de risque qu’avec le bois qui attend d’être brûlé dans votre cheminée.

D’ailleurs le site du journal Le Parisien était plus positif. Il faisait appel à l’entomologiste François Lasserre (de l’OPIE), en qui on peut avoir toute confiance, qui estimait à juste titre que c’était l’occasion d’un cours de biodiversité en famille : « Pour cela il suffit de mettre un drap blanc sous le sapin, et de secouer l’arbre. Il reste à inspecter à la loupe les petits habitants tombés des branches. Si la bête à six pattes, c’est un insecte, huit, c’est un arachnide, et quand elle en a beaucoup c’est un mille pattes ». Il ne disait pas que s’il en à deux c’est le Père Noël, mais il en profitait pour évoquer son livre « Au secours une bestiole – Manuel antistress face aux bêtes qui nous embêtent ». Je vous le recommande. Le Parisien concluait en disant que ce n’était pas la petite bête qui mangerait la grosse. Bon là dessus on est bien d’accord, mais nous avons vu plus haut – et bien insisté - que si le collembole a bien six pattes, c’est néanmoins un crustacé,… sans pour autant être une langouste, qui elle aurait bien agrémenté votre menu de fête. Attention aussi, secouez le sapin avant d’y avoir accroché les boules, sinon vous aurez à séparer les débris de verre des animalcules et peut être même de débris de vers. Et pas après les fêtes, car vous auriez alors toutes les aiguilles par terre et un problème de tri tout aussi délicat.

Ceci dit, si vous préférez un sapin en plastique, libre à vous, mais rappelez-vous qu’il aura fallu du pétrole pour le fabriquer, qu’il vient souvent de très loin, alors que le sapin a été spécialement élevé pour votre plaisir en pépinière a priori dans nos massifs forestiers du Jura et du Morvan et que vous allez le recycler soit en bois de chauffage, soit avec vos déchets verts. Votre municipalité a probablement pris des dispositions pour vous en débarrasser le moment venu, pour en faire du compost ou du paillage. Alors profitez de votre sapin naturel et de sa bonne odeur, surtout l’épicéa, garnissez-le à votre goût de boules brillantes et colorées et de guirlandes lumineuses, faites la joie des petits et des grands.

Bonnes fêtes de fin d’année !

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Publié le 8 Décembre 2013

Diderot et les insectes

2013, célébrons le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot, né à Langres le 5 octobre 1713 et mort à Paris le 31 juillet 1784. Homme des Lumières, romancier, dramaturge, conteur, critique littéraire, traducteur, philosophe, il a excellé à tout en faisant preuve d’une grande érudition et d’un bon esprit critique. Mais ici, c’est d’abord à l’encyclopédiste que nous rendons hommage.

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, qu’il a rédigé et dirigé avec Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783) à partir de 1747, consacre un chapitre important aux insectes et de nombreux articles à des espèces spécifiques. Diderot et d’Alembert n’ont bien sûr pas rédigé seuls cette somme de connaissances. Ils ont fait appel à un grand nombre de rédacteurs et d’illustrateurs plus ou moins connus (17 volumes de texte, 11 volumes de planches, 160 auteurs).

Diderot et les insectes

Les rédacteurs des articles consacrés à l’entomologie ont certainement fait appel aux travaux de Réaumur (1683-1757), qui avait rédigé un ouvrage sur l'entomologie en six volumes publiés de 1734 à 1742. Diderot s’est cependant investi personnellement dans la rédaction du Prospectus et d’un millier d’articles, il a participé activement à la collecte d’informations et d’illustrations.

L’article générique consacré à l’insecte, signé D.J. (Louis de Jaucourt, surnommé l’Esclave de l’Encyclopédie, qui a signé 17000 articles sur 68000 de l’Encyclopédie) est sur 7 pages, plus de 7600 mots, près de 36500 caractères espaces non compris. Une somme…

Prenons les tout premiers paragraphes définissant l’insecte :

« Insecte (Hist. nat.) petit animal qui n'a point de sang. On a distingué les animaux de cette nature en grands & en petits ; les grands sont les animaux mous, les crustacés & les testacés ; les petits sont les insectes. Il y a plus d'espèces d'insectes que d'espèces de poissons, d'oiseaux, ou de quadrupèdes. Il y a aussi plus de différences de conformation parmi les insectes, que dans tout autre genre d'animaux. Sans cesser de considérer les insectes en général, tâchons de prendre une idée des différentes parties de leurs corps.

La peau des chenilles, des vers &c. est fort tendre & très-faible ; certaines araignées ont plusieurs peaux l'une sur l'autre, comme les pellicules d'un oignon. La peau de tous les insectes est poreuse ; dans quelques-uns elle tombe une fois chaque année, & dans d'autres jusqu'à quatre fois ; enfin il y a des insectes qui ont la peau fort dure & même garnie d'écailles.

La tête des insectes est fort petite dans les uns, & très-grosse dans d'autres à proportion du corps ; elle a différentes formes dans diverses espèces. On en voit de rondes, de plates, d'ovales, de larges, de pointues & de quarrées, d'unies, de raboteuses & de velues. […]»

On notera d’emblée qu’à cette époque la définition scientifique de l’insecte n’est pas la nôtre « animal invertébré arthropode caractérisé par un corps formé de trois parties bien distinctes : la tête, le thorax, muni de trois paires de pattes, et l'abdomen» et que les araignées sont encore considérées comme des insectes… Plus loin il en sera de même pour « le mille-piés long & plat ».

L’article poursuit dans une longue énumération des parties de l’insecte, les décrivant précisément : les ailes, les pattes, les yeux, la bouche, la trompe, les antennes, les poils, la couleur, etc. insistant sur la variété, les dissemblances entre espèces. De même il décrit les différentes sortes de métamorphose, de reproduction, de dimorphisme sexuel :

« Dans les espèces d'insectes qui s'accouplent, les femelles sont ordinairement plus grosses que les mâles ; cette différence est évidente parmi les puces, les grillons, &c. dans plusieurs espèces les antennes des mâles ont des nœuds, des barbes ou des bouquets de poils qui ne sont pas sur les antennes des femelles ; les mâles de quelques espèces d'insectes ont des aîles, & les femelles en manquent, ou n'en ont que d'imparfaites ; elles sont pourvûes dans d'autres espèces d'un tuyau qui sert à conduire leurs œufs entre l'écorce des arbres, dans la terre, dans le parenchyme des feuilles, & dans d'autres endroits où ils ne pourroient pas parvenir sans cet organe. Quelquefois les couleurs du mâle sont différentes de celles de la femelle. »

Il divise les insectes en 7 classes : coléoptères, hémiptères, neuroptères, lépidoptères, hyménoptères, diptères et aptères, qu’il va ensuite longuement détailler par genres. Ainsi la classe des coléoptères est divisée en 22 genres, qu’il décrit par espèces. Mais pour les hémiptères, il ne parle pas de genres, mais que d’espèces. Il donne quelquefois des sous-espèces. Cette classification apparaît parfois confuse.

Les libellules sont dans la classe des neuroptères avec la mouche-scorpion (panorpe), le lion puceron, la mouche puante, le fourmi-lion, l’éphémère... Que nous en dit-on :

« Les demoiselles, libellulae ; elles ont la bouche composée de deux mâchoires ; les antennes courtes, & la queue en forme de pince. On divise ce genre en trois genres secondaires :

1°. Les grandes demoiselles ; 2°. les demoiselles moyennes ; 3°. les petites demoiselles. »

C’est court... Mais où est notre bel agrion ?

Dans la classe des aptères, la 7ème, se trouvent aussi bien les poux, les puces, les cirons (arachnides acariens), que les scorpions, les crustacés et les cloportes… On est encore loin de notre classification actuelle… Le terme « insecte » est bien largement attribué.

Denis Diderot rédige toutefois lui-même quelques articles relatifs aux insectes.

Diderot et les insectes

Voici celui qu’il consacre à la « corne » des insectes :

« S. f. (Hist. nat. des Insect.) pointe fine, dure, sans articulation, qui sort ordinairement de la tête des insectes.

La nature a donné des cornes dures à quelques insectes, tout comme elle en a donné à divers quadrupèdes. Ces cornes différent des antennes, en ce qu'elles n'ont point d'articulations. Plusieurs insectes n'ont qu'une corne qui est placée sur la tête & s'élève directement en haut, ou se recourbe en arrière comme une faucille. Nos Naturalistes en ont donné des figures : mais il y a aussi des insectes qui ont deux cornes placées au-devant de la tête, s'étendant vers les côtés, ou s'élevant en ligne droite. Ces cornes sont ou courtes, unies & un peu recourbées en-dedans comme des faucilles, ou elles sont branchues comme celles du cerf-volant. Quelquefois elles sont égales en longueur, & d'autres fois elles sont plus grandes l'une que l'autre. […]

Tous les insectes ne portent pas leurs cornes à la tête ; car on en voit qui les ont des deux côtés des épaules près de la tête.

Enfin, dans quelques insectes elles sont immobiles, & mobiles dans d'autres. Ceux-ci peuvent par ce moyen serrer leur proie comme avec des tenailles, & ceux-là écarter ce qui se trouve en leur chemin.

Il règne à tous ces égards des variétés infinies sur le nombre, la forme, la longueur, la position, la structure, les usages des cornes dans les diverses espèces d'insectes. Nous devons au microscope une infinité de curieuses observations en ce genre ; mais comme il n'est pas possible d'entrer dans ce vaste détail, nous renvoyons le lecteur aux ouvrages de Leuwenhoek, de Swammerdam, de M. de Reaumur, de Frisch, Lessers, & autres savans Naturalistes. »

Là nous revoyons les bronzes de François Chapelain-Midy, comme le lucane ou le megasoma.

Diderot traite aussi de la coque des vers à soie et des chenilles. Il nous décrit le bicios « on appelle ainsi dans le Brésil un insecte fort petit & fort incommode qui entre par les pores, s'insinue entre cuir & chair, & cause des douleurs très-considérables ». Nous n’avons pas trouvé ailleurs cet animalcule.

Nous vous proposons aussi celui sur l’escarbot, en fait un scarabée, notre bousier :

« S. m. (Hist. nat. Insectolog.) scarabaeus, stercorarius, pilularius, seu cantharus, insecte du genre des scarabées ; il a le corps large, épais, de couleur noire, luisante, & mêlée d'une teinte de bleu. Il porte deux antennes dont l'extrémité est divisée en plusieurs filets ; ses pattes sont dentelées. On le trouve dans le fumier & dans l'ordure la plus puante ; c'est pourquoi on lui a donné le nom de stercorarius ; & parce qu'il en fait des pelotes avec ses pattes, on l'a appellé pilularius. On le nomme aussi par la même raison fouille-merde.

ESCARBOT, (Mat. med. & Pharmacie) L'escarbot, en latin scarabeus, est plus connu chez les apothicaires sous le nom de scarabée, que sous celui d'escarbot.

* ESCARBOT, (Myth.) cet insecte fut adoré des Egyptiens. Porphyre dit dans Eusebe, qu'ils sont tous mâles. L'escarbot est dans la table isiaque & dans une infinité d'autres anciens monumens égyptiens. Les Basilidiens ne l'avoient pas oublié dans leurs pierres magiques. »

Cet escarbot nous amène à Gérard de Nerval et Saléma, sa petite fiancée druze, mais c’est une toute autre histoire, que nous nous ferons un plaisir de vous conter une autre fois.

Et pour finir quelques mots sur l’insecte dans l’œuvre philosophique de Diderot.

Il s’intéresse surtout à l’entomologie dans la mesure où elle lui permet de d’exprimer ses interrogations, d’inciter le lecteur à la réflexion, notamment au cours des dialogues qu’il met en scène dans ses œuvres. Par exemple dans ses Pensées philosophiques :

« Je puis admettre que le mécanisme de l’insecte le plus vil n’est pas moins merveilleux que celui de l’homme, et je ne crains pas qu’on en infère qu’une agitation intestine des molécules étant capable de donner l’un, il est vraisemblable qu’elle a donné l’autre. ».

Dans le Neveu de Rameau, il écrit « Pour moi je ne vois pas de cette hauteur où tout se confond, l’homme qui émonde un arbre avec des ciseaux, la chenille qui ronge la feuille, et d’où l’on ne voit que deux insectes différents, chacun à son devoir. Perchez-vous sur l’épicycle de Mercure, et de là distribuez, si cela vous convient, et à l’imitation de Réaumur, lui la classe des mouches en couturières, arpenteuses, faucheuses, vous, l’espèce des hommes en hommes menuisiers charpentiers, coureurs, danseurs, chanteurs, c’est votre affaire. Je ne m’en mêle pas. Je suis dans ce monde et j’y reste. »

Ou encore dans La Promenade du Sceptique, L’Allée des Marronniers :

« Qui vous a dit que cet ordre que vous admirez ici ne se dément nulle part ? Vous est-il permis de conclure d’un point de l’espace à l’espace infini ? On remplit un vaste terrain de terres et de décombres jetés au hasard, mais entre lesquels le ver et la fourmi trouvent des habitations fort commodes. Que penseriez-vous de ces insectes, si, raisonnant à votre mode, ils s’extasiaient sur l’intelligence du jardinier qui a disposé tous ces matériaux pour eux ? »

Décidément l’insecte est un sujet bien vaste, vous en conviendrez.

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Publié le 1 Décembre 2013

Une éternité d'insectes

Décidemment, on ne peut plus passer sous silence ce coït ininterrompu de 165 millions d’années. Tous les médias en parlent, alors pourquoi pas L’Agrion de l’Oise ? Voilà les faits : en Chine on a trouvé le fossile de deux insectes en train de copuler. C’est un couple d’Anthocytina perpetua. Au Jurassique moyen, ces tourtereaux sautaient de branche en branche.

Ils s’aimaient… Ils s’aimeront toujours.

Une éternité d'insectes

Cette découverte est l’occasion pour l’Agrion de l’Oise de s’intéresser à d’autres fossiles et à l’âge des insectes. En octobre dernier, une équipe de spécialistes du CNRS (Centre national de la Recherche scientifique) et du MNHN (Muséum national d’Histoire naturelle), conduite par Patrick Roques, annonçait dans la revue Nature avoir découvert les plus anciens représentants des insectes modernes dans le schiste rouge d’un terril du nord de la France, à Avion, près de Lens, dans le Pas-de-Calais. Il s’agissait d’Holométaboles (insectes à métamorphose complète) et de Paranéoptères (lignée des punaises notamment) qui vivaient il y a 300 à 360 millions d’années.

Auparavant on pensait que tous les insectes de cette époque étaient de très grande taille du fait de la forte teneur en oxygène de l’air. En fait cette découverte montre que les ancêtres de nos punaises, de nos fourmis, de nos scarabées actuels, vivaient déjà à cette époque avec des tailles proches de celles des insectes que nous connaissons. A Decazeville, Patrick Roques avait également déjà trouvé dans un terril minier, à côté d’insectes géants, des insectes de petite taille. Les spécialistes considèrent donc à présent qu’au carbonifère les tout petits vivaient déjà à côté des géants.

Une éternité d'insectes

Notons que le site d’Avion, très riche en fossiles d’insectes, renferme également des géants, notamment des libellules, les Meganisoptera, dont l’envergure pouvait atteindre 70 cm. Notre gracile Agrion de Mercure en est bien loin avec ses 30 à 40 mm d’envergure…

L’ancêtre le plus ancien connu des insectes vivait au Dévonien, il y a 400 millions d’années. Le premier insecte pourrait bien être un crustacé de l’ère Primaire (-541 à -242 millions d’années, Paléozoïque ou ère des Poissons) qui, sorti du milieu marin, se serait adapté au milieu terrestre.

Dans le film Jurassic Park, des scientifiques faisaient revivre des dinosaures à partir de l’ADN du sang ingéré par des moustiques inclus dans l’ambre. Le Figaro annonçait le 15 octobre dernier la découverte aux Etats-Unis, au Montana, de moustiques fossilisés dans le schiste depuis 46 millions d’années. Un des insectes, une femelle, présentait un abdomen comme gorgé de sang.

La spectroscopie aux rayons X a révélé une forte concentration en fer et en carbone, une analyse à la sonde ionique a montré que le fer était associé à un composant de l’hémoglobine. Il s’agissait donc bien de sang, probablement d’oiseau. Mais plus d’ADN, bien sûr pour identifier l’oiseau, a fortiori le cloner. Faut pas rêver…

On annonce régulièrement la découverte d’insectes voisins de nos insectes actuels, voire les mêmes, emprisonnés dans l’ambre depuis 20 à 50 millions d’années, donc bien plus près de nous que leurs ancêtres du Carbonifère ou du Jurassique.

Une éternité d'insectes

Ces découvertes nous rappellent évidemment celle faite en 1996, dans une gravière de la société Lafarge, par un paléontologue amateur de Nogent-sur-Oise, Gaël de Ploëg, non loin du site de notre futur Insectarium.

Cette gravière a ensuite été fouillée sous la conduite d’André Nel, chercheur au laboratoire d'entomologie du MNHN, spécialiste des insectes fossiles. Elle s’est avérée être un des gisements fossilifères les plus importants en France, vieux de 50 millions d’années. 15 000 insectes fossiles ont été trouvés, inclus dans l’ambre jaune pâle de l’Oise provenant de la résine d’espèces à fleurs du climat tropical qui régnait alors sous nos cieux, en fait du copal, différent de l’ambre de la Baltique issu de conifères. Ils représentaient près de 500 espèces d’insectes (fourmis, termites, mouches, punaises, guêpes, scarabées,…), à côté cependant d’autres arthropodes terrestres tels que pseudo-scorpions et araignées. Une partie de la collection sera prochainement exposée au Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) des Pays de l'Oise, au château de Verberie.

Quoi qu’il en soit les insectes étaient là bien avant nous et seront encore là, grâce à leur capacité d’adaptation, bien après nous. Comme les petits mammifères, les plus petits ont survécu à la catastrophe qui a eu raison des dinosaures et des Méganisoptères. Le changement climatique ne sera pour eux certainement pas aussi dramatique que pour nous. Bien sûr certaines espèces disparaitront, mais sans aucun doute d’autres se maintiendront, évolueront probablement, se développeront et prospèreront.

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